22 ans après le meurtre de Sophie Toscan du Plantier, Ian Bailey jugé aux assises de Paris

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22 ans après le meurtre de Sophie Toscan du Plantier, Ian Bailey jugé aux assises de Paris

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Franck Buttimer, l'avocat irlandais de Ian Bailey. En arrière plan, une photo récente de Ian Bailey, aujourd'hui vendeur de pizzas sur le marché de Skull.
Franck Buttimer, l'avocat irlandais de Ian Bailey. En arrière plan, une photo récente de Ian Bailey, aujourd'hui vendeur de pizzas sur le marché de Skull.
© Radio France - Jean-Philippe Deniau

Ian Bailey est-il l'auteur de ce meurtre sauvage ou juste un coupable idéal ? La cour d'assises de Paris examine l'affaire cette semaine dans ce procès par défaut. Ni l'accusé, ni ses avocats, ni les principaux témoins du dossier ne seront présents.

L’insaisissable Ian Bailey : 22 ans d’enquête, deux instructions, aucune preuve

La Garda irlandaise ne s’attendait certainement pas à ce que, 22 ans plus tard, le meurtre de Sophie Toscan du Plantier demeure un mystère aujourd’hui. C’est le 23 décembre 1996 qu’ils ont découvert le corps de l’épouse du producteur français, sauvagement frappée à mort, en contrebas de leur maison de vacances. Un crime inédit dans cette région paisible du sud-ouest de l’Irlande. Très vite, les enquêteurs se persuadent que l’auteur d’un tel meurtre n’est forcément pas passé inaperçu dans ce petit bassin de population, que des témoins vont se manifester et des langues se délier.

Mais en fait, tout s’enlise. Sur la scène de crime, les enquêteurs vont commettre quelques erreurs fatales pour la suite des recherches : ils vont manquer de précaution et polluer certaines pièces à conviction, négliger des indices dont l’analyse aurait pu mener vers un suspect, tarder à entendre des témoins clé qui auraient pu les conduire plus rapidement à s’intéresser à Ian Bailey.

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Pas de charges suffisantes

Dès lors, l’enquête va piétiner en l’absence de preuve formelle, avec une accumulation de témoignages contradictoires et de versions évolutives des principaux témoins. La justice irlandaise sanctionnera à deux reprises le travail de la Garda en concluant que les charges retenues contre Ian Bailey ne sont pas suffisantes pour engager un procès.

En France, une information judiciaire est ouverte dès 1997, comme la loi le permet pour le meurtre à l’étranger d’un ressortissant français, une particularité qui n’existe pas dans le droit irlandais, ce qui constituera jusqu’au bout un point de crispation entre les deux pays. La juge d’instruction Nathalie Turquey finira néanmoins par obtenir la communication de la procédure irlandaise en 2008, et pourra mener quelques investigations sur place. En revanche, il lui sera impossible d’obtenir l’extradition du suspect : la justice irlandaise s’y opposera en 2012 et 2017 estimant, comme elle l’a signifié aux enquêteurs irlandais, que les charges invoquées par la France ne lui paraissent pas suffisantes pour que Ian Bailey soit jugé à Paris.

"Parodie de procès"

C’est donc avec ce dossier lacunaire que la cour d’assises va donner cette semaine une réponse judiciaire au meurtre de Sophie Toscan du Plantier. Ce sera "une parodie de procès" dénoncent les avocats de Ian Bailey qui ont donc décidé, comme leur client, de ne pas y participer.