"3 Billboards" : absolument formidable du début à la fin, avec des éclats d'humour noir
"Three Billboards : les panneaux de la vengeance" a reçu le prix du scénario à Venise ainsi que quatre récompenses aux Golden Globes - donc celui du meilleur film étranger. Qu'en ont pensé les critiques du "Masque et la Plume" ?
Mildred se révolte contre la police. Sept mois après le viol et le meurtre de sa fille, alors que l'enquête n'a pas avancé, elle utilise trois grands panneaux d'affichage à l'entrée d'une petite ville du Missouri pour clamer, sur fond rouge, sa colère.
Agonisante et violée. Toujours pas d'arrestation. Pourquoi, chef Willoughby ?
Publicité
C'est peu dire que la ville est assez vite retournée. Le chef de la police c'est Bill Willoughby, qui se bat contre un cancer mais qui n'est pas trop ébranlé. Son adjoint est Jason Dixon (Sam Rockwell), moins philosophe - il faut dire qu'il est assez cumulard : raciste, misogyne, alcoolique, brutal...
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
Xavier Leherpeur : "brillant scénaristiquement, extraordinairement joué"
C'est un film qui m'a fait espérer énormément de choses : cette femme qui se bat, qui a tout oublié de sa féminité, qui n'a que ce combat pour la justice qui l'anime... absolument passionnant.
Se faire justice soi-même, réclamer justice dans un pays comme les États-Unis aujourd'hui : c'est contemporain et c'est intéressant.
Après, j'ai l'impression que dès qu'il y a un personnage un peu noir, Martin MacDonagh essaie de le réhabiliter. Pourquoi a-t-il si peur de cette noirceur qui est réelle, qui est contemporaine, qui dit quelque chose de ce pays, l'Amérique profonde, l'Amérique raciste, l'Amérique qui a élu Trump, l'Amérique qui interdit la différence...
Le film est brillant scénaristiquement, extraordinairement joué, plutôt bien mis en scène mais on a l'impression qu'il s'excuse et qu'il ne va jamais complètement au bout de son audace et ça me frustre un peu.
Nicolas Schaller : "quelque chose de très fort"
Le film est assez brillant. Il y a un côté théâtral dans le film c'est parfois surdialogué... mais il y a un plaisir de voir les comédiens s'emparer de rôles, en faire parfois un peu trop mais c'est pas grave, ça me fait penser aux films des années 1960, certains films avec Brando... mais en même temps il y a le plaisir du jeu et du dialogue.
Il y a quelque chose de tragique au fond, avec un humour noir qui surprend tout le temps. C'est un cinéma qu'on ne voit plus beaucoup.
Danièle Heymann : "absolument formidable du début à la fin"
Ce que je trouve de totalement réussi dans ce film c'est que tous les personnages ont un hotte de péchés et de mauvaise conscience. Personne n'est exempt de catastrophe personnelle... C'est comme ça dans des scènes qui devraient être insoutenable (un type qu'on défenestre, un commissariat qui prend feu avec des gens dedans...) mais la vie continue…
Frances McDormand est incroyable, sa féminité totalement réfuté pour aller au bout... avec des éclats d'humour noir foncé qui font qu'on va jusqu'au bout avec un plaisir fou.
Sophie Avon : "hyper drôle"
Elle ne se venge pas, elle veut emmerder, réveiller cette ville comme elle est réveillée la nuit par la mort de sa fille - c'est beaucoup plus fort que de vouloir se venger.
Tous les personnages sont vachement bien dessinés, ils sont toujours surprenants et complexes. Le personnage de Sam Rockwell a beau être idiot, il est compliqué à sa manière...
Ecoutez
Ecoutez toutes les critiques échangées autour de Jérôme Garcin sur 3 Billboards : les panneaux de la vengeance par Xavier Leherpeur (7ème Obsession), Danièle Heymann (Bande à part), Sophie Avon (Sud-Ouest) et Nicolas Schaller (L’Obs) :
"3 billboards" de Martin McDonagh : les critiques du Masque et la Plume
7 min
Aller plus loin
Chaque dimanche à 20h, retrouvez les critiques du Masque et la Plume réunis autour de Jérôme Garcin pour parler cinéma, théâtre ou littérature.
France Inter est partenaire de ce film