50 journalistes ont été assassinés en 2020, dont plus des deux tiers dans des pays en paix
Par Alexandra Ackoun
Reporters sans Frontières publie son bilan 2020. 50 journalistes ont été tués cette année dans l’exercice de leurs fonctions. Avec pour la première fois, davantage d’homicides dans les pays en paix que dans les zones de conflits.
C’est le premier constat inquiétant de ce rapport. En 2016, 58% des journalistes assassinés l’avaient été dans des pays en guerre. Cette année, 32%. Ce qui signifie que 68% des meurtres de journalistes en 2020 ont eu lieu dans des pays dits "en paix".
"C’est tout à fait nouveau" constate Pauline Adés-Mèvel, porte-parole et rédactrice en cheffe de RSF avant de préciser "on avait vu cette tendance se dessiner l’an dernier, mais là c’est évident. 68% !" Donc plus des deux tiers des journalistes tués l’ont été dans des pays en paix. Avec toujours en tête le Mexique (8 assassinats), l’Inde (4), le Pakistan (4), les Philippines (3) et le Honduras (3).
"Ces journalistes sont visés pour avoir fait état d’informations qui dérangent"
Autre constat perturbant : sur les 50 journalistes tués en 2020, 84 % ont été sciemment visés et délibérément éliminés, contre 63 % en 2019. Certains l’ont été dans des conditions particulièrement barbares. "Ce sont des journalistes d’investigation qui travaillent notamment sur les questions de corruption ou environnementales" précise Pauline Adés-Mèvel, pour qui "ces journalistes sont visés pour avoir fait état d’informations qui dérangent, qui sont cruciales pour le public, surtout en année de crise pandémique, et donc c’est très important car cela montre que notre droit à l’information est entravé avec ces disparitions."
C’est notamment le cas concernant la Covid-19. RSF a recensé une multiplication par quatre du nombre d’interpellations au début de la propagation du virus sur la planète. Quatorze journalistes, arrêtés dans le cadre de leur couverture de la pandémie, sont toujours sous les verrous.
Au total, 387 journalistes sont actuellement emprisonnés à travers le monde pour avoir exercé leur métier d’information, un nombre historiquement haut.