50 millions de primo-injections : sept cartes pour observer l’avancée de la vaccination en France

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50 millions de primo-injections : sept cartes pour observer l’avancée de la vaccination en France

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Centre de vaccination à Paris en juillet 2021
Centre de vaccination à Paris en juillet 2021
© AFP - Myriam Tirler / Hans Lucas

Le gouvernement avait fixé cet objectif au milieu de l’été : atteindre la barre des 50 millions de première dose injectée de vaccin anti-covid à la rentrée. Avec quelques semaines de retard, c’est enfin le cas, depuis vendredi soir. Mais des disparités demeurent d'un département à l'autre.

C’est une nouvelle barre symbolique qui vient d’être franchie dans la campagne de vaccination. 50 millions de Français ont reçu au moins une dose de vaccin, soit 74,2% de la population. C’est plus qu’en Belgique, en Italie, au Royaume-Uni, en Israël ou encore en Allemagne. Les annonces d’Emmanuel Macron le 12 juillet, avec l’instauration d’un pass sanitaire, ont sans aucun doute boosté les prises de rendez-vous. 

Un pic a été atteint cet été : plus de 373 400 personnes ont reçu une première dose de vaccin rien que le 31 juillet. Mais, depuis, la cadence a franchement ralenti, avec moins de 70 000 nouvelles injection chaque jour. La vaccination se poursuit, mais des fractures se révèlent entre les départements, les villes et la campagne, les Outre-mer et la métropole.

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Le taux de vaccination en France 

Cette carte de France du taux de vaccination rend visible les écarts et les disparités. On trouve les départements les moins vaccinés quand on trace une diagonale entre l’Ariège et les Hautes-Alpes en descendant vers les Bouches-du-Rhône. C’est le cas aussi dans l’est autour de Mulhouse, mais aussi en région parisienne. À l’opposé, d'après les données de l'Assurance Maladie, il y a la Bretagne et la Nouvelle-Aquitaine. Dans ces deux régions, l’épidémie a été moins virulente et la vaccination est au plus haut. 

Le taux de vaccination des 20 à 39 ans

C’est l’une des tranches d’âge qui s’est la plus ruée vers les centres de vaccination cet été. Selon les chiffres de l’Assurance maladie, au 12 septembre, 83,2% des 20-39 ans ont reçu une première dose de vaccin. 77% ont un schéma vaccinal complet. C’est en Normandie et en Bretagne que le taux de vaccination est le plus haut. Jusqu’à 93,3% dans la Manche. Mais dans le sud-est, une partie des 20-39 ans semble traîner des pieds : 67,2% dans les Alpes-de-Haute-Provence, 68,4% dans les Bouches-du-Rhône. Aucun département de PACA ne dépasse la barre des 80%.

La couverture vaccinale des adolescents

Depuis le 15 juin, les collégiens et lycéens peuvent se faire vacciner. La campagne a été élargie eu plus de 12 ans. À partir du 30 septembre, les jeune de 12 ans et plus devront présenter un pass sanitaire là où il est exigé pour les activités sportives et de loisirs extrascolaires. Dans une dizaine de départements, le taux de vaccination des 12-17 ans ne dépasse pas encore les 60%, comme dans les Bouches-du-Rhône (49,8%), la Seine-Saint-Denis, les Yvelines, l’Ain ou encore le Tarn-et-Garonne.

Le taux de vaccination en Outre-mer 

Les disparités les plus visibles sont celles entre la métropole, et les territoires d’Outre-mer. Le fossé se creuse. "Il y a clairement une résistance à la vaccination, qui peut s’expliquer par des réticences culturelles ou religieuses", avait expliqué à Libération le ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu début août, lorsque l’épidémie a flambé cet été en Martinique, en Guadeloupe mais aussi en Polynésie. 

Ce sont dans ces territoires où la vaccination est la moins avancée. 35,2% des 12 ans et plus sont vaccinés en Guyane avec au moins une dose, 36% en Guadeloupe, 36,3% en Martinique. À l’inverse, La Réunion (66,3%), Mayotte (61,1%) et Saint Barthélémy (75,4%) sont bien plus avancés. 

La couverture vaccinale des résidents en Ehpad 

En métropole, trois départements accusent du retard. L’Aube (89,5% des résidents en Ehpad ont reçu au moins une dose), la Seine-Saint-Denis (89,8%) et la Creuse (89,9%) sont les plus mauvais élèves de la vaccination dans les Ehpad. À l’opposé du classement, la Haute-Marne compte 96,5% de retraités avec au moins une première injection de vaccin suivi du Bas-Rhin et des Deux-Sèvres.

La couverture vaccinale des 80 ans et plus

Les retraités de plus 80 ans de la façade atlantique semble plus enclins à aller se faire vacciner selon Santé Publique France. C’est en Bretagne, mais aussi en Vendée, dans l’Orne et dans la Nièvre par exemple que le nombre de patients de plus de 80 ans avec au moins une première injection est le plus important. Trois départements de région parisienne sont à la toute fin du classement. Les Yvelines, les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne. Dans les Yvelines, 74,4% des plus de 80 ans ont reçu au moins une dose.

Focus sur l’Île-de-France

Plusieurs départements de région parisienne sont clairement en retard. Comme la Seine-Saint Denis, où 59,8% de sa population a reçu une première injection d’après l’Assurance maladie, 66,5% dans le Val d’Oise. C’est un tout petit peu plus en Seine-et-Marne. Le géographe Emmanuel Vigneron a réalisé pour le monde une photographie très précise de l’avancée de la vaccination en France. Il constate que "la Seine-Saint-Denis, le nord des Hauts-de-Seine et l’est de la Saint-et-Marne sont bien moins vaccinés"

Interrogé par France Inter, il prend un exemple, celui de Marnes-la-Coquette, une commune de 1800 habitants à 20 km de cœur de Paris, "les personnes sont bien moins vaccinés qu’ailleurs, il y a un point d’interrogation". Il poursuit : "Il y a une rupture entre les beaux quartiers et les quartiers pauvres, défavorisées. Cela se remarque à Paris, dans le 19e et 20e arrondissement. Ils sont moins vaccinés que les quartiers du sud-ouest et de l’est." Comme il l’avait écrit dans le journal Le Monde, Emmanuel Vigneron pointe : "Un problème d’accès au centre de vaccination et de la mise en œuvre de la politique vaccinale."

Les données géographiques à Paris peuvent être nuancée. La méthode de suivi de la vaccination utilisée par Santé publique France est trompeuse ( et nous l'expliquions déjà dans un précédent article début-juin). L'organisme décompte les vaccinés par lieu d’injection et non par lieu de résidence. Il est tout probable qu'une partie des vaccinés à Paris soient originaires des départements franciliens.