"À bord de l'Aquarius" : l'action du navire humanitaire retracée dans une bande dessinée
Par Julien Baldacchino, Thibault LefèvreL'Aquarius fait son retour... sur papier glacé. Un mois après l'arrêt des activités du navire de sauvetage de migrants en mer, une bande-dessinée, nommée "À bord de l'Aquarius", retrace l'histoire de ces marins qui ont essayé de sauver des vies alors que les garde-côtes libyens commençaient à entraver leur mission.
Alors que les ONG "Médecins sans frontière" et "SOS Méditerranée" ont mis un terme à leurs activités il y a un mois (après deux mois sans pavillon), le navire Aquarius vit à nouveau dans une bande dessinée qui sort ce mercredi. Elle s'appelle "À bord de l'Aquarius" et raconte l'histoire de ces marins et sauveteurs volontaires qui pendant trois semaines, en plein hiver 2017, ont essayé de sauver des vies alors que les gardes-côtes libyens commençaient à entraver leur mission.
À bord du bateau humanitaire à ce moment là, Anthony, chef mécanicien : tous les membres de l'équipage le connaissent sous le nom de "Papa Panda". C'est lui qui est le héros de cette bande-dessinée. Après plus de 20 ans dans la marine, il a passé près de deux ans sur l'Aquarius. Il y a six mois, il était encore à bord.
Misère et condensé de vie
Sur le bateau, "on affronte une misère humaine incommensurable, avec des gens qui nous racontent des tortures, des viols", raconte-t-il. Anthony se remémore aussi "des images de femmes, d'enfants qui flottaient sans vie à la surface de la Méditerranée, que nous avons dû repêcher".
Et en même temps, la vie fait sa place malgré tout. On a eu six naissances à bord, l'Aquarius c'est un condensé de vie.
Une vie à bord qui a pris fin il y a un peu plus d'un mois, avec l'abandon de la mission suite aux pressions du gouvernement italien notamment. Un crève-coeur pour "Papa panda" et pour tout l'équipage : "C'est très dur pour nous tous : on estime faire quelque chose de juste, on sauve des vies. Il serait peut-être de bon ton que tout le monde respecte les lois maritimes internationales, navires comme États. Je ne m'excuserai pas d'avoir sauvé des gens en mer", assure-t-il.
Et s'il fallait recommencer, Anthony promet de remonter à bord d'un autre navire humanitaire. Une ambition partagée par SOS Méditerranée : l'ONG est actuellement à la recherche d'un bateau à louer et d'un nouveau pavillon.