A quel moment du XXème siècle, l’anglais a supplanté le français dans la communication internationale ?

L'anglais a pris de plus en plus de place pour de multiples raisons. C'est une langue diplomatique depuis 1919 et aussi une langue de sciences. Isabelle Klock-Fontanille, Professeur de Sciences du langage répond à la question que se posent Esther, 8 ans et Martine 46 ans dans les P'tits Bateaux.
Le français, c'est une langue qui a le vent en poupe pendant un bon moment en Europe. Mais à partir de 1919, il se voit progressivement remplacé par l'Anglais dans les sciences, les relations internationales, mais aussi comme langue administrative dans un bon nombre de pays devenus indépendants. C'est ce que nous raconte Isabelle Klock-Fontanille, Professeur de Sciences du langage à l’Université de Limoges :
Le français a été longtemps très en vogue dans les cours européennes
La langue de Molière a été particulièrement utilisée pour la diplomatie, mais aussi les arts et les sciences de la Renaissance au XXe siècle. Elle a notamment été parlée à la cour d'Angleterre, de Prusse à l'époque de Frédéric II au XVIIIe siècle, ou encore celle de Russie. "Saviez-vous par exemple que Marco Polo, en 1296, avait édicté en français le récit de son voyage ?"
L'anglais s'est progressivement diffusé à l'international
"L'anglais avait déjà commencé à prendre une grande place. Celle d'une puissance coloniale. [...] Dans tous les pays où les Britanniques ont installé des colonies, ils ont également installé l'anglais. Quand les colonies sont devenues indépendantes, souvent, on a gardé l'anglais parce que ça évitait de choisir un dialecte particulier. Donc, l'anglais a pris une importance de plus en plus grande. "
1919, une année charnière pour le choix d'une langue diplomatique
Au niveau des relations internationales, le choix d'une langue de travail est capital nous explique l'enseignante-chercheuse. "Le traité de Versailles a été écrit en anglais et en français". C'est le début de l'importance que l'anglais a pris dans la diplomatie.

Pour la première fois, des pays non-européens ont participé à un traité. Tout particulièrement, le Japon et les Etats-Unis. Ces pays font à ce moment-là leur entrée sur la scène internationale.
Les diplomates américains ont toujours refusé, dès qu'ils sont entrés dans la politique européenne de ne parler autrement qu'en anglais.
Cette idée a été établie avec la signature du protocole de Washington en 1783. Elle continue : "Et évidemment, après la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis prenant de plus en plus d'importance, l'anglais a pris de plus en plus d'importance."
Le français reste important dans le monde du sport
On sait que le français reste important dans le sport, notamment au sein des Jeux olympiques. Cela s'explique par le fait que la fondation du Comité international olympique a été initiée par un Français, Pierre de Coubertin. "Tous les Jeux olympiques ont été imprégnés d'une tradition francophone". C'est pour cela que le français est la langue officielle des Jeux olympiques à côté de l'anglais. "D'ailleurs, un grand témoin de la francophonie veille, lors de chaque édition des Jeux olympiques, à l'usage et à la visibilité du français dans le déroulement des Jeux olympiques".
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La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'hiver (2010). Michaëlle Jean, la gouverneure générale du Canada en poste à l'époque, proclame ouvert les Jeux olympiques (3'26).
Et s'il n'y avait pas eu ces événements officiels comme la signature de traités internationaux, ou encore la création de l'ONU, l'anglais n'aurait-il pas tout de même, tôt ou tard, pris le dessus ?
"Oui, bien sûr. Et l'anglais est aussi devenu la langue de la science. Comme le latin l'était jusqu'au 17e siècle. Donc, oui, probablement. Mais je crois qu'il ne faut pas s'inquiéter outre mesure."
La langue qui perd le plus dans cette affaire, c'est l'anglais. Ce n'est pas le français, parce que l'anglais est de plus en plus simplifié. L'anglais de communication est un anglais qui ne ressemble plus à l'anglais de Shakespeare. Donc, finalement, on n'a pas beaucoup à s'inquiéter ni à s'attrister.
La démocratisation de l'anglais ne menace donc pas la langue française selon elle.
Pour aller plus loin
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