À une semaine et demie de la rentrée scolaire, les questions en suspens
Par Sonia Princet, La rédaction numérique de France Inter
La rentrée scolaire aura lieu le jeudi 2 septembre pour 12,5 millions d'élèves et un million de personnels. Même si le ministre de l'Éducation souhaite qu'elle soit "la plus normale possible" le variant Delta risque de jouer les trouble-fêtes. L'organisation de cette rentrée sous Covid n'est pas encore très claire.
Malgré les éclaircissements de Jean-Michel Blanquer dans son interview au Journal du dimanche, il reste des questions en suspens pour cette deuxième rentrée sous Covid.
La vaccination des élèves
La première interrogation concerne la vaccination. Le gouvernement promet des centres mobiles de vaccination dans ou à proximité des établissements scolaires. Comment vont-ils fonctionner ? Avec quels personnels ? Les élèves seront-ils vaccinés sur le temps scolaire ? Qui les surveillera pendant 15 minutes après la piqûre ?
"Selon les situations, soit des équipes mobiles viendront vacciner dans les établissements, soit nous organiserons le déplacement des élèves volontaires, en lien avec les services de santé, vers les centres de vaccination. Cette organisation sera opérationnelle dès la rentrée", indique le ministre de l'Éducation nationale.
De quoi répondre, en partie, aux interrogations de Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du syndicat des chefs d'établissements le SNPDEN, qui estime que la gestion ne peut pas se faire entièrement par les personnels de l'Éducation nationale. "On veut bien y prendre part mais dans les limites de nos compétences", dit-il.
L'information sur les vaccins
Dans cet entretien, Jean-Michel Blanquer suggère par ailleurs qu'il compte sur les enseignants pour diffuser les messages de santé publique et répondre aux fausses informations sur la vaccination. Or, selon Bruno Bobkiewicz, l'information sur la vaccination est bien essentielle, mais elle doit être assurée par des professionnels.
"Les parents se demandent s'il faut faire vacciner leurs enfants ou non, reconnaît Carla Dugault, la co-présidente de la fédération de parents d'élèves FCPE, puisqu'on lit beaucoup de choses qui sont parfois contradictoires donc c'est bien normal que les parents se posent cette question-là."
La gestion des cas contacts en fonction du statut vaccinal
La gestion des cas contacts suscite également des inquiétudes. À l'école primaire, la classe entière fermera pendant sept jours à partir du premier cas de contamination. Mais en ce qui concerne les collégiens et les lycéens, les vaccinés pourront rester en classe, les autres devront rentrer chez eux. Qui aura accès au statut vaccinal de l'élève ? Comment cette information médicale sera-t-elle transmise ?
Là encore, Jean-Michel Blanquer a donné des précisions : les élèves cas contacts non vaccinés devront respecter la période d'isolement de sept jours en suivant leur enseignement à distance, tandis que ceux qui sont vaccinés ou immunisés pourront continuer à se rendre au collège ou au lycée "sur la base d'une attestation des parents, sachant que l'Assurance maladie pourra vérifier le statut vaccinal des contacts à risque", indique le ministre, en précisant que "cette procédure vaut pour l'ensemble des collégiens, y compris les élèves de sixième qui n'ont pas l'âge d'être vaccinés".
"Les parents sont libres de ne pas dire si leur enfant est vacciné ou non, mais cela relève de leur responsabilité individuelle et cela déterminera la possibilité pour l'élève cas contact d'être isolé ou de continuer à fréquenter les cours", ajoute-t-il.
Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat d'enseignants Snes, fait remarquer qu'il faudrait aussi différencier les élèves qui ont reçu une première dose et ne pas les pénaliser sous prétexte qu'ils n'ont pas un schéma vaccinal complet.
Autre question : comment se dérouleront les cours à distance pour les élèves isolés alors que les professeurs continueront à enseigner en classe ? "On sait par expérience que la continuité pédagogique n'existe pas, qu'elle ne fonctionne pas car les enseignants ne peuvent pas faire cours en présentiel et en distanciel en même temps", ajoute Carle Dugault de la FCPE.
L'accès aux sorties scolaires
L'organisation des sorties scolaires va aussi très vite poser problème. Dans les piscines, les musées, les théâtres, après le 30 septembre, les plus de 12 ans devront présenter un pass sanitaire. Dans le cadre scolaire, avec leur classe, devront-ils également le montrer ? Les non-vaccinés seront-ils privés de sortie ?
Concernant les sorties, "les élèves bénéficieront d'un accès sans passe dans les lieux qui disposent de créneaux réservés à l'activité scolaire, comme les piscines ou les bibliothèques. En revanche, lorsqu'ils sont mélangés avec du public, par exemple dans les musées, le passe sanitaire s'appliquera", répond Jean-Michel Blanquer qui rappelle que "le passe ne contraint pas à la vaccination puisqu'on peut aussi recourir à un test".
Reste que ces tests vont devenir payants, ce qui peut engendrer une inégalité scolaire. "Le principe de gratuité est essentiel en milieu scolaire", assure le ministre qui indique que "les précisions seront apportées dans les prochains jours" à ce sujet.
L'accès des parents aux établissements
Enfin, le jour de la rentrée, les parents pourront-ils rentrer dans les écoles, pour accompagner leurs enfants, en particulier les plus jeunes en maternelle ? Les rassemblements de parents seront-ils autorisés dans les cours d'écoles ou dans les classes ?
"Les parents commencent à nous questionner, explique Guislaine David, secrétaire générale du syndicat d'enseignants du primaire, le Snuipp. "On doit leur donner des réponses au plus vite pour qu'ils rassurent leurs enfants".
"S'il s'agit d'entrer dans un établissement scolaire, il n'y aura pas de passe, ni pour les élèves, ni pour les parents, ni pour les enseignants", tranche Jean-Michel Blanquer sans toutefois aborder la problématique des rassemblements.