A vendre : chantier naval au carnet de commandes plein

Le groupe STX, en difficulté, a confirmé ce jeudi qu’il mettait en vente le chantier naval de Saint-Nazaire, qui a pourtant du travail jusqu'en 2026.
L’annonce officielle n’a pas du tout surpris les salariés. Les intentions du groupe sud-coréen avaient déjà fuité il y a quelques jours. La firme STX Offshore & Shipbuilding, qui détient les deux tiers du capital de STX France depuis 2008 (le dernier tiers étant aux mains de l’Etat français), va vendre ses parts pour faire face à "un besoin urgent de liquidités", et cherche à se débarrasser du chantier de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) avant la fin de l’année.
Les salariés se posent des questions, mais ne sont pas trop inquiets. Le reportage d'Anne Patinec.
Le chantier STX de Saint-Nazaire officiellement à vendre
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Un secteur en crise malgré des commandes en hausse
STX Offshore & Shipbuilding est mise en difficulté par le ralentissement de l’économie mondiale et la chute des cours du pétrole brut. Cela réduit la demande en porte-conteneurs. Par ailleurs, les constructeurs sud-coréens voient grimper la concurrence des constructeurs chinois, qui proposent des prix très compétitifs.
Résultat : depuis 2013, STX Offshore & Shipbuilding est passé sous le contrôle de ses créanciers. Ces derniers ont eu beau injecté 3,25 milliards d’euros, cela n’a pas permis à la filiale de sortir la tête de l’eau. Si bien que STX doit présenter ce vendredi un plan de restructuration à la justice coréenne pour éviter la liquidation. Ce plan comporte la cession de STX France.
Ce que représente STX France
2.600 personnes travaillent sur les chantiers de Saint-Nazaire, qui font également vivre 5.000 sous-traitants, et embauchent chaque année 150 à 200 personnes. Les chantiers sont en très bonne santé économique. Les salariés ont du travail pour les dix prochaines années : le carnet de commandes comporte 14 paquebots de croisière. Ces commandes ont été passées par l'italien MSC, mais également, pas plus tard qu'en mai dernier, par l'américain Royal Caribbean, qui a signer une intention de commande pour trois paquebots (un géant semblable à l'Harmony of the Seas, le plus gros paquebot du monde, et deux paquebots longs de 300 mètres). Cette nouvelle commande, d'une valeur de 2,5 milliards d'euros, assure 22 millions d'heure de travail aux salariés de STX.

Des candidats à la reprise
Le groupe a annoncé que plusieurs investisseurs étaient intéressés, sans donner de noms. La presse a récemment cité l’italien Fincantieri, ou le groupe Genting Hong Kong (récent acquéreur de 4 chantiers allemands).
Interrogé par l'AFP, le président (LR) de la région des Pays de la Loire, Bruno Retailleau, s'est voulu rassurant : "Il n'y a pas lieu aujourd'hui de céder à la panique. (...) On est à l'abri de mauvaises surprises, dans la mesure où l'État a une minorité de blocage, où il y a un pacte d'actionnaires qui comporte des clauses qui permettent de se tenir à l'abri d'une vente qu'on ne souhaiterait pas ou en tout cas que STX tombe entre de mauvaises mains".
Les offres de reprise seront reçues en octobre, avant choix du candidat en novembre.