Abus sexuels dans l'Église catholique française : 21 signalements aux parquets

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Abus sexuels dans l'Église catholique française : 21 signalements aux parquets

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Le rapport de la Ciase s'avère accablant pour l'Église catholique.
Le rapport de la Ciase s'avère accablant pour l'Église catholique.
© AFP - Fred Tanneau

216 000 mineurs ont été victimes d'agressions sexuelles ou de viols par des religieux ou des religieuses depuis 1950, selon les conclusions accablantes du rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église. Certains témoignages recueillis pourraient faire l'objet de poursuites judiciaires.

Pendant un an et demi, la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église a reçu par courrier, par mail ou par téléphone, les témoignages de 2 738 personnes, victimes ou témoins d'agressions sexuelles ou de viols. Il a fallu les analyser en détail. À chaque fois, un magistrat bénévole a vérifié que les faits n'étaient pas prescrits avant d'envisager de prévenir la justice. 

Au total, la commission, qui a rendu son rapport mardi, a procédé à 21 signalements aux parquets. Les victimes ont dû donner leur accord. Certaines ont refusé de se lancer dans un combat judiciaire. L'Église a néanmoins pu être informée de certains faits, pour prendre les mesures de prévention qui s'imposent. Elle a ainsi reçu 42 signalements.   

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Vers un meilleur lien diocèses-parquets ?

À l'avenir, et pour améliorer la détection des cas de violences sexuelles, le rapport préconise de généraliser la signature de protocoles entre les diocèses et les parquets. Ils existent déjà localement notamment entre le parquet et le diocèse de Paris. La commission souligne que les signalements d'agressions sexuelles par l'Église à la justice, "augmentent significativement depuis le début des années 2000"

Cela s'explique selon elle, par un "changement d’attitude des autorités publiques, dans un contexte devenu désormais très hostile à la culture du silence et du secret, qui s’explique lui même par la déchristianisation de la société française, associée à la perte d’influence de l’Église, y compris  dans la justice et les services de police judiciaire". 

Le rapport souligne aussi que, pendant longtemps, l'Église a profité "d'interlocuteurs de confiance" au sein de la justice pour ne pas rendre publics les faits dénoncés. Un exemple cité dans le rapport est criant : "En 2001, un procureur de l’Est de la France conditionne ainsi un classement sans suite à la mutation du prêtre mis en cause, en indiquant : Je vous serais obligé de me confirmer ce changement d’affectation dans un poste où il ne sera plus en contact avec des enfants. Je procéderai alors au classement sans suite de ce dossier, ainsi que je vous l’ai indiqué."