Abus sexuels en Centrafrique : l'ONU propose des tests ADN
Après de nouvelles accusations portant sur des Casques Bleus, mais aussi des soldats français, présents en Centrafrique, l'ONU réaffirme sa détermination à lutter contre les abus sexuels commis par des militaires.
Dans une déclaration commune, François Hollande et le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, assurent qu'ils refuseront "toute impunité" pour les Casques Bleus et soldats français de la mission Sangaris qui auraient commis des abus sexuels en Centrafrique.
L’ONU a en effet annoncé avoir recueilli les témoignages d’une centaine de femmes et d’enfants qui auraient subi des abus sexuels dans la préfecture de Kémo à l’Ouest de Bangui. Les victimes pointent du doigt des soldats de la Minusca et de l'opération Sangaris.
Les précisions d'Anthony Fouchard, notre correspondant à Bangui.
P Viol RCA
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Témoignages sur des cas de "bestialité " de la part de militaires français
Les faits, qui se seraient produits en 2014, ne sont pas encore confirmés, mais l’ONU a reçu des informations indiquant des cas de "bestialité " impliquant des soldats français de la mission Sangaris. Dans un rapport, l'ONG Aids-Free World (en anglais) fait état du témoignage de trois jeunes filles qui affirment qu'elles ont été déshabillées et attachées par un militaire de Sangaris à l'intérieur d'un camp, et forcées d'avoir des relations sexuelles avec un chien. Chacune aurait ensuite reçu une somme équivalente à sept euros.
Ces allégations ont suscité choc et dégoût, et les autorités françaises se disent prêtes à faire toute la lumière. L’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre, assure que le dossier est dans les mains de la justice : "Si les faits étaient établis, des sanctions disciplinaires exemplaires seraient prononcées ".
En avril 2015, treize soldats de Sangaris avaient déjà été accusés d’avoir violé de jeunes enfants à Bangui; cette enquête est toujours en cours.
Des abus sexuels également de la part de soldats de la Minusca
Des soupçons d'abus sexuels portent aussi sur des Casques bleus burundais et gabonais de la Minusca (mission des Nations Unies en Centrafrique. Les crimes auraient été commis entre 2013 et 2015, là aussi dans la région de Kémo. Environ quarante de ces victimes disent être tombées enceintes après ces viols.
Des allégations "révoltantes " : pour le Haut-commissaire aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, "aucun effort ne doit être ménagé " dans l’enquête.
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Réunis à huis clos ce jeudi après-midi, les représentants du conseil de sécurité de l’ONU ont tous exprimé leur indignation.
On parle de femmes et d’enfants qui ont été traumatisés de la pire des manières. Nous sommes confrontés au fait que des soldats, envoyés pour protéger les habitants, ont au contraire plongé au cœur des ténèbres. Ces crimes se nourrissent du silence, c’est pourquoi le secrétaire général de l’ONU braque les projecteurs sur ces allégations odieuses, perverses et profondément troublantes . Stéphane Dujarric, porte-parole de l'ONU
Les précisions de Charlotte Alix, notre correspondante à New-York.
E Centrafrique Onu
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ADN préventif et cour martiale
Une équipe de l'ONU a été envoyée sur place pour des entretiens avec les victimes et pour recueillir des informations. A l’heure actuelle, tous les soldats incriminés ont quitté le territoire centrafricain, mais par mesure de précaution, les contingents présents dans la région ont été confinés dans leur base. Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 11 mars 2016 une résolution, proposée par les Etats-Unis, qui prévoit de rapatrier des contingents entiers de Casques bleus en cas de soupçon d'abus sexuels ou d'exploitation sexuelle. Le Haut-commissaire aux droits de l’Homme prévient : "Le renvoi chez eux des soldats constitue une réponse tout à fait inadéquate à des actes tels que le viol de mineurs " .
Hervé Ladsous, le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, en visite à Bangui, s'est montré très ferme : "Nous allons discuter avec les Etats membres de la possibilité d'une cour martiale qui se tiendrait in situ, dans les pays où des faits répréhensibles ont été commis ", a-t-il déclaré à l'Agence France Presse. Hervé Ladsous dit aussi réfléchir à des tests ADN enregistrés avant le déploiement de militaires, notamment pour faciliter des tests de paternité en cas d'accusations.
Plus de 25 cas d'abus ou d'exploitation sexuels ont été rapportés par l'ONU depuis le début de l'année.