Accusations de harcèlement sexuel : deux dirigeants de l'agence de com' Havas Paris "en retrait"

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Accusations de harcèlement sexuel : deux dirigeants de l'agence de com' Havas Paris "en retrait"

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Le siège du groupe Havas à Paris.
Le siège du groupe Havas à Paris.
- Patrick AVENTURIER

Les deux co-présidents de l'agence, cités à de nombreuses reprises dans les témoignages anonymes publiés depuis une semaine sur le réseau social Instagram se mettent temporairement "en retrait" de leurs fonctions selon une communication interne.

Nouveau #MeToo dans la publicité. Plusieurs dirigeants d'Havas Paris, l'agence de communication de l'un des plus grands groupes publicitaires au monde, sont visés par plusieurs dizaines de témoignages de harcèlement moral et sexuel, publiés anonymement sur le compte Instagram " Balance ton Agency " depuis une semaine. Il y a un an et demi déjà, ce compte, fondé en septembre 2020, révélait le sexisme et le harcèlement dans plusieurs agences dont Braaxe, et Uzik.

Deux managers "en retrait" de leurs fonctions

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Deux dirigeants sont spécifiquement visés : Julien Carette, président-directeur général et Christophe Coffre, co-président directeur de la création de Havas Paris.

Suite à ces accusations, la direction de l'agence a envoyé un mail aux salariés, auquel nous avons eu accès et dans lequel elle indique prendre "très au sérieux" ces accusations. Un "audit interne" va être conduit, mené par "un cabinet indépendant, spécialiste des problématiques de qualité de vie au travail et de harcèlement".

Durant cette période, les deux co-présidents, expressément cités, "ont décidé de se mettre en retrait", pour "garantir l'impartialité de la démarche". "Cela leur permettra également de prendre le temps d'apporter les réponses qui s'imposent face à ces accusations graves", poursuit le courrier.

Accusations de harcèlement sexuel et moral

La majorité des témoignages, publiés anonymement, font état de harcèlement, sexuel ou moral, parfois d'agressions durant des soirées d'entreprise, de remarques dégradantes. "Ce n'est pas la première fois que je reçois autant de témoignages sur une agence, mais c'est la première fois qu'autant de témoignages font état de harcèlement sexuel", explique Anne Boistard, du compte "Balance Ton Agency".

"On parle d'une vingtaine de personnes qui se sont exprimées dans une agence qui a vu passer près de 4.000 salariés", temporise le dirigeant d'Havas à l'AFP. Il précise que les deux dirigeants continuent de travailler pour l'agence mais "ils n'animent pas de réunions et sont en retrait pour tout ce qui est management de l'agence".

Capture d'écran Instagram. 02-05-2022
Capture d'écran Instagram. 02-05-2022
- Capture d'écran / Instagam

France Inter a notamment recueilli le témoignage d'une ancienne collaboratrice, âgée de 26 ans à l'époque, qui dit avoir été victime de "harcèlement sexuel" de la part de l'un des deux dirigeants aujourd'hui "en retrait". Les faits se sont produits il y a dix ans, elle accepte d'en parler pour la première fois. "C’était ma première expérience professionnelle, j’arrivais chez Havas, j’étais hyper impressionnée", se souvient-elle. Elle était stagiaire, lui déjà directeur de la création.

Lors d'une soirée, il l'aborde. "Je ne savais pas qui c'était mais on a discuté un peu. Je pense qu'il a eu un petit "crush" sur moi, parce qu’après, je ne sais pas comment mais il a réussi à avoir mon numéro de téléphone."

C'est assez étrange et ça révèle que c'était quelque chose qui s'était institutionnalisé.

"De là, ont commencé des conversations par SMS. Au début je répondais, car j'étais dans une position compliquée, j'étais stagiaire. Après, j'ai su 'qui' il était", poursuit-elle, "mais je lui ai toujours fait comprendre qu'il n'allait rien se passer".

Cela dure plusieurs mois, tout au long de son stage. "Il a commencé à devenir très agressif dans ses messages. Extrêmement insistant, c'était tout le temps, dès qu'il me croisait."

C'était extrêmement gênant, en réunion devant tout le monde, il me faisait des bises presque sur la bouche. Il trainait toujours autour de mon bureau.

"J'étais extrêmement choquée à l'époque, et il a fallu que j'aille dans une autre boite pour comprendre que ce n'était pas normal. C'était une ambiance extrêmement malsaine, avec que des rapports de séduction."

Contactée, la direction de l'agence Havas Paris n'a pas souhaité "faire de commentaires", tant que l'audit n'est pas terminé.