Affaire des assistants du Modem : huit cas qui posent question

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Affaire des assistants du Modem : huit cas qui posent question

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Affaire des assistants du Modem : huit cas qui posent question
Affaire des assistants du Modem : huit cas qui posent question
© AFP - Thomas Samson

Entre 2007-2017, une quinzaine de salariés du Modem cumulaient leur emploi avec celui d’assistant parlementaire. Huit posent question et risquent d’intéresser les policiers.

1. Matthieu Lamarre

Ancien responsable web, puis directeur de la communication du Modem, c’est sur son premier poste qu’il a cumulé ses fonctions avec celles d’assistant parlementaire de Jean-Luc Bennahmias. Au lendemain de son embauche à plein temps, on lui fait signer un avenant prévoyant son détachement à temps partiel auprès de l’eurodéputé. De décembre 2010 à novembre 2011, il est censé consacrer jusqu’à 80% de son temps au parlementaire. Problème : il affirme ne jamais avoir travaillé directement pour l’ancien candidat à la primaire socialiste. Après avoir effectué de son propre chef un signalement au parquet, Matthieu Lamarre a été entendu par les policiers de l’OCLCIFF (Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales) le 22 juin.

2. Stéphane Thérou

Responsable de la formation des élus au sein du Modem, il est employé comme assistant parlementaire de Sylvie Goulard de novembre 2009 à février 2015.

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Sylvie Goulard sur le site de son groupe parlementaire justifie ce choix :

Capture d'écran du site Alde le 8 juin 2017, Sylvie Goulard sur Stéphane Thérou
Capture d'écran du site Alde le 8 juin 2017, Sylvie Goulard sur Stéphane Thérou
- DR

Pourtant d’après les fiches de paie que nous avons consultées, le Parlement européen prenait en charge près des trois quarts de son salaire. Une répartition qui semble difficilement compatible avec les fonctions qu’il occupait au siège du parti. C’est un homme de confiance de François Bayrou, déjà membre de son cabinet lorsqu’il était ministre de l’Education nationale entre 1994 et 1997. Il est aujourd’hui son directeur de cabinet à la mairie de Pau.

3. Alexandre Nardella

Salarié historique du parti centriste, il a été embauché du temps de l’UDF, il en est le directeur financier. Alors qu’il n’avait jamais occupé de fonctions auprès d’un député européen, Jean-Luc Bennahmias l’embauche à temps partiel en 2014, pour quelques mois. "J’avais besoin d’un comptable pour mettre de l’ordre dans mes factures" plaide-t-il. Une démarche a minima inhabituelle, tous les spécialistes que nous avons consultés n’ont jamais connu ce genre de profil d’assistant parlementaire. D’autant que Jean-Luc Bennahmias bénéficiait par ailleurs des services d’un expert-comptable… Alexandre Nardella était par ailleurs le gestionnaire des contrats de travail au sein du Modem.

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4. Pauline C.

Attachée de presse du parti, et plus particulièrement de François Bayrou, elle est embauchée à plein temps en août 2008. En novembre 2009, après les élections européennes, elle est détachée auprès de Robert Rochefort sur contrat de 87h mensuelles, contre 70 au Modem. L’eurodéputé du Sud-Ouest, que nous avons rencontré, plaide qu’il "ne comprenait rien aux médias" et qu’il avait "besoin d’aide", ce qui est pour le moins étonnant venant d’un habitué des plateaux de télévision. Surtout, Robert Rochefort n’arrive plus à se souvenir précisément pourquoi il s’en sépare en juillet 2012, quelques mois après l’élection présidentielle, et ne la remplace. "Elle a probablement tiré le constat qu’elle n’avait pas d’avenir dans le monde politique après la défaite de François Bayrou", hasarde-t-il.

Capture d'écran du Linkedin de Pauline C. le 08 juin 2017
Capture d'écran du Linkedin de Pauline C. le 08 juin 2017
- DR

5. Mickaël C.

Réalisateur, cameraman, il était le responsable du pôle image du parti. A partir de février 2009, il est chargé de la réalisation de tous les clips du parti. Comme Pauline C., il est détaché auprès de Robert Rochefort après les européennes, mais plus largement encore : il est censé devoir passer 70% de son temps auprès du parlementaire. Interrogé sur son cas, Robert Rochefort affirme qu’il le filmait de temps en temps et lui organisait des « media trainings ». Il n’explique pas non plus pourquoi il s’en sépare en même temps que Pauline C. sans le remplacer.

Capture d'écran de la page viméo de Mickaël C. 08 juin 2017
Capture d'écran de la page viméo de Mickaël C. 08 juin 2017
- DR

6. Sophie B.

Elle est la standardiste du 133 bis rue de l’Université, embauchée du temps de l’UDF, en 2001. Plusieurs anciens du mouvement nous ont assuré qu’elle n’avait pas le profil habituel d’une assistante parlementaire. D’ailleurs, Nathalie Griesbeck, qui l’a employée à mi-temps pendant 5 ans (2009-2014), l’assure : "elle ne s’occupait pas du fond". L’eurodéputée de l’Est de la France affirme qu’elle avait besoin de quelqu’un pour "gérer ses rendez-vous quand elle passait à Paris et lui renvoyer le courrier qui arrivait au siège". Assez étrangement, le contrat de détachement de Sophie B. prévoit qu’elle reviendra à plein temps au Modem lorsque sa mission d’assistante parlementaire sera terminée. La plupart des ex-cadres du parti que nous avons approchés nous ont dit ignorer ses fonctions auprès de Nathalie Griesbeck, persuadés qu’elle était uniquement chargée du standard.

7. Karine A.

Elle est embauchée en 2007 à plein temps pour être l’assistante personnelle de François Bayrou au sein du parti. A partir de juin 2010, elle est rémunérée à mi-temps par le Parlement européen comme collaboratrice de Marielle de Sarnez. Son contrat auprès de l’ancienne ministre passe à 2/3 de temps en décembre 2012, jusqu’à très récemment. Le Modem nous a produit des mails attestant qu’elle avait réservé des billets de train pour Marielle de Sarnez. Cela justifiait-il le temps de travail qu’elle était censée lui consacrer, quand de nombreux témoins nous la décrivent comme essentiellement affectée au président du parti ?

8. Isabelle Sicart

Elle devient en 2008 la chef de cabinet de François Bayrou au Modem. Un emploi qu’elle cumule à partir d’octobre 2010 avec des fonctions d’assistante parlementaire auprès de Marielle de Sarnez. Son temps de travail pour la députée européenne évolue entre le ½ temps et les 2/3 temps. S’il semble clair qu’elle a bien effectué certaines tâches pour le compte de l’ancienne ministre (elle signe notamment parfois sa lettre d’information de députée), certains ex-cadres du parti doutent qu’elle ait vraiment pu lui consacrer beaucoup de temps. "Pour moi, elle était chef de cabinet à plein temps, elle ne quittait pas François Bayrou, elle était toujours avec lui, dans toutes les manifestations, tous ses déplacements" nous a notamment raconté un ancien conseiller national du Modem, qui ignorait qu’elle avait une double casquette, alors qu’il la voyait très régulièrement.

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