Affaire Khashoggi : défections en cascade pour le "Davos du désert"

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Affaire Khashoggi : défections en cascade pour le "Davos du désert"

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Jamal Khashoggi, lors d'une conférence de presse en 2014
Jamal Khashoggi, lors d'une conférence de presse en 2014
© AFP - MOHAMMED AL-SHAIKH

Les défections s’enchaînent pour le "Davos du désert" organisé en Arabie saoudite du 23 au 25 octobre. En cause : la disparition inquiétante à Istanbul du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, le 2 octobre dernier. Des invités de marque ont décidé de se désister.

L’affaire Khashoggi fait des remous dans le monde des affaires. Depuis la disparition du journaliste saoudien à Istanbul et les soupçons d’assassinat qui pèsent sur l’Arabie saoudite, de nombreuses entreprises et des médias ont annulé leur venue à Riyad. Du 23 au 25 octobre est organisée la deuxième édition "Davos du désert", une conférence internationale destinée à attirer les investisseurs étrangers. 

Boycott de grands patrons et des médias

Elle doit être une vitrine pour l’Arabie saoudite du prince héritier Mohammed Ben Salmane. D’importants projets seront lancés dans les prochaines années, avec l’objectif de transformer le pays, le premier exportateur de pétrole, en géant technologique et touristique.

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Ces derniers jours, les défections se sont multipliées. Le président de la Banque mondiale refuse de participer, tout comme des représentants de plusieurs médias : The Economist, le New York Times, le Financial Times, CNN et Bloomberg. Le patron d’Uber devrait lui aussi bouder le forum, ainsi que le milliardaire britannique Richard Branson, fondateur du groupe Virgin.

Mais côté français, pas de défections

Pour le moment, les entreprises françaises annoncées préfèrent rester discrètes. Le dossier semble sensible, que ce soit chez Thalès, la Société Générale, AccorHotels ou encore à la BNP Paribas. Ces entreprises ne sont pas très prolixes concernant leur présence à ce grand forum économique.

Il n’y pas d’annulation à l’heure actuelle, mais le PDG d'EDF prévoit par exemple un voyage discret. Le déplacement est toujours inscrit dans l’agenda de Jean-Bernard Lévy. En revanche, "il n’y aura aucune prise de parole en public" assure-t-on chez EDF.

"Ce forum est une opportunité pour les entreprises françaises." Younes Belfellah, économiste et chercheur.

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Géopolitique
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Si ces entreprises ne se désistent pas, il y a notamment une raison : l’Arabie saoudite peut devenir un marché très lucratif à l’avenir. "Il y a des enjeux financiers importants. Nous savons qu’il y a de grands projets en Arabie saoudite comme dans le secteur du transport ferroviaire et le métro. Les investisseurs ont trop d’intérêts pour se fâcher avec les Saoudiens" déclare Didier Billion, le directeur adjoint de l’Iris, l’Institut de relations internationales et stratégiques.

Les entreprises françaises considèrent que si elles ne vont pas à ce fameux "Davos du désert", si elles n’engagent pas des négociations, d’autres le feront. Il y a toujours cette ambiguïté, quand on négocie avec des régimes autoritaires, si on fait valoir la morale, d’autres nous prendront la place.

Le climat de cette seconde édition sera vraisemblablement moins sereine qu’en 2017. Riyad avait sorti le grand jeu et accueilli 3 500 chefs d’entreprise.