Afghans accueillis en France : que va-t-il leur arriver à partir de maintenant ?
Par Delphine EvenouEnviron 2 600 Afghans ont été évacués de Kaboul par les forces françaises durant les quinze jours de l'opération Apagan. La quarantaine des premiers arrivés s'est achevée ce week-end. Les procédures administratives s'accélèrent.
L'opération Apagan, pont aérien entre Kaboul et Paris, a pris fin ce dimanche 29 août : 2 600 Afghans ont ainsi été évacués d'Afghanistan par les forces françaises, orientés vers des hébergements à Strasbourg, Lille, Orléans, Paris et dans d'autres villes. Leur vie s'écrit désormais sur le continent européen. La majorité d'entre eux devrait déposer une demande d'asile en France.
Les procédures administratives s'accélèrent deux semaines après les premières arrivées. A leur entrée sur le territoire français, les Afghans ont reçu un visa de quinze jours pour que tous soient en règle. Les règles sanitaires leur ont d'abord imposé une quarantaine de dix jours. Une contrainte qui a poussé à la mise en place de moyens conséquents car les Afghans n'ont que cinq jours pour enclenché la procédure de demande d'asile pour ceux qui souhaitent obtenir le statut de réfugié en France.
Un "guichet unique" pour faciliter les démarches
C'est dans ce cadre que l'Office Français de l'Immigration et de l'Intégration (OFII), chargé de l'accueil de ces Afghans, ouvre ce lundi un "guichet unique spécial", installé dans les locaux de la préfecture de police de Paris dans le nord de la capitale, lieu habituel d'enregistrement des demandes. Une vingtaine de personnes viennent renforcer les effectifs pour continuer à traiter le reste des demandes.
À ce guichet unique, décliné en petite couronne parisienne et dans les préfectures concernées , les femmes et les hommes arrivés de Kaboul depuis le 17 août vont rencontrer des agents de la préfecture de police et des agents de l'OFII. Ces derniers vérifient leur situation administrative, enregistrent leur demande d'asile puis délivrent l'attestation de demande qui permet de garantir la régularité de leur séjour en France. À ce moment-là, l'instruction du dossier commence. Les Afghans se voient alors proposer une solution d'hébergement, peuvent bénéficier d'une allocation mensuelle d'environ 200 euros, et sont suivis par des travailleurs sociaux qui les aident dans leur parcours d'insertion, en leur trouvant des cours de français et des formations si besoin.
Une différence de traitement avec les anciens demandeurs d'asile ?
Les Afghans et Afghanes arrivés depuis la mi-août sur le sol français ne sont pas les seuls à vouloir obtenir le statut de réfugié. Depuis début 2021, 7 200 Afghans ont ainsi déposé une demande d'asile. Ceux arrivés par l'opération Apagan ont toutes les chances de voir leur dossier aboutir "au vu des conditions générales de leur arrivée et la situation en Afghanistan" expliquait le 27 août à nos confrères de franceinfo Didier Leschi, le directeur de l'OFII. Les candidats au statut de réfugié doivent ensuite être entendus par les agents de l'OFPRA, l'Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides, qui trancheront. Les dossiers devraient être examinés dans un temps assez court.
"La mobilisation des moyens aujourd'hui est sans commune mesure avec ce qui existe habituellement. Il y a une question d'équité qui est réelle" (Delphine Rouilleault, directrice générale de France Terre d'Asile)
France Terre d'Asile, qui accompagne les réfugiés dans leurs démarches, le reconnaît : "Il y a très clairement, autour de la prise en charge de ces futurs demandeurs d'asile afghans, une mobilisation exceptionnelle", constate Delphine Rouilleault, directrice générale de France Terre d'Asile, "ce qui n'est pas le cas pour les autres Afghans qui demandent l'asile par des voies plus traditionnelles et après avoir vécu un parcours migratoire absolument terrible."