Alan Moore : "La culture s'est gelée sur place"
Alan Moore, créateur mythique de comics comme les "Watchmen" ou "V pour Vendetta", regrette le manque de créativité des productions actuelles... Explications.
Augustin Trapenard a reçu dans Boomerang, son émission culturelle quotidienne sur France Inter, l'un des mythes vivants de la pop culture : Alan Moore, créateur des Watchmen, auteur des scénarios de V pour Vendetta, certains Batman, la Ligue des Gentlemen extraordinaires, From Hell...
Alan Moore au micro d'Augustin Trapenard :
« Après s’être précipité à travers les années cinquante, avec ces voitures aux ailerons de requin, et à travers les années 1960 et 70, avec tous ces merveilleux films de science-fiction et nos aspirations à ce que le genre humain allait devenir à l'avenir et bien quand nous en sommes parvenus aux années 1990, nous avons commencé à voir cet avenir se manifester autour de nous.
Ce n'était pas du tout cet avenir auquel on s'attendait, que l'on espérait.
Il n'y avait pas du tout de costume avec des petites fusées dans le dos, mais à la place il y avait ce nouveau médium envahissant qui transformait la société de façon qu'on ne pouvait pas imaginer précédemment.
Je pense que ce qu'il s'est passé, c'est que la culture s'est gelée sur place.
Elle a commencé à marquer le pas.
Elle avait peur du siècle qui s'ouvrait devant elle.
Elle a décidé, simplement, de ré-imaginer, de refaire partir la culture du siècle au sein duquel elle était à l'aise.
Ce qui signifie que maintenant, on a devant nos cinémas, des adultes qui font la file pour aller voir des personnages et des récits qui ont été inventés pour divertir des garçons de 12 ans d'il y a 50 ans !
Et notre musique, après des séries de mouvements musicaux énergiques et de culture jeune, qui allaient de de l'ère psychédélique aux punks, et à toutes ces autres choses qui les ont suivi, on pouvait s'attendre à une contre culture qui naissait tous les trois ans.
Et puis là soudain, à partir des années 1990, avec la fin de la culture "danse", on attendait une nouvelle culture... et à la place, on a eu le britpop qui était une resucée des riffs de guitare des années 1960 et 1970. Alors que je pense le XXIe siècle doit avoir sa propre culture. »