Après 75 ans à Paris, le canot impérial de Napoléon repart à Brest
Par Olivier Bénis, Béatrice Dugué
Conservé au Musée de la Marine à Paris, le navire va être transféré en Bretagne à la mi-octobre. Il en était parti en 1943. Et pour ce voyage, il faudra éviter à tout prix la moindre goutte d'eau... Un véritable défi.
Attention, chantier exceptionnel. Le canot impérial de Napoléon, une embarcation en bois arrivée dans la capitale en 1943, doit être transféré vers Brest à la mi octobre. Et cela nécessite des travaux de protection préalables.
Avec ses 19 mètres de long pour plus de 5 mètres de haut, cette pièce de collection fragile est en cours d'emballage, avant de prendre la route vers la Bretagne. Il a déjà perdu sa couronne et ses angelots mardi au Musée de la Marine à Paris.
Ce canot avec son Neptune à la proue, Ben, gardien au Musée depuis 10 ans, le voit partir avec un pincement au cœur. "Il était à l'entrée", explique-t-il. "C'était attractif : quand les gens viennent dans le hall, c'est gratuit, ils regardent et ils sont subjugués. Et donc, ils prennent un ticket et ils rentrent... Ça va faire un grand vide."

Mais ce déménagement se fait pour une bonne raison : la rénovation de 300 ans d'Histoire maritime française, dont ce canot impérial de Napoléon est l'un des fleurons pour Vincent Campredon, le directeur de l'établissement : "Imaginons Napoléon Ier faire son inspection à Anvers, debout dans le canot, en train de regarder l'ensemble de ses frégates qui se préparent à la guerre contre l'Angleterre..."
Pour sortir, il faudra passer par le mur
Le bateau trouvera sa place sur le site du musée à Brest... d'où il est parti en 1943. "Brest était pilonnée, bombardée", explique Annie Madet-Vache, du service de la conservation au Musée. "C'est dans un but de protection qu'il a été transféré jusqu'à Paris."
Pour la sortir du Musée, fermé depuis mars 2017 et pour encore trois ans, il faudra également percer le mur du palais de Chaillot. Comme à l'époque de son arrivée, où il avait déjà fallu jouer les passe-murailles. "Il ne peut toujours pas sortir par la porte, donc on le fait sortir par le mur, dans une grande opération qui aura lieu le 14 octobre au soir."
Un chantier exceptionnel suivi d'un transport exceptionnel. L'opération devra se faire un dimanche soir, pour pouvoir neutraliser la circulation sur tout le parcours du convoi, chargé d'un paquet de 30 mètres de long. "Une cage métallique a été faite pour pas que le canot bouge à l'intérieur", explique David Jacquet contremaitre chez Bovis société spécialisée. "Nous allons sortir cette cage du bâtiment avec des grue... Tout est calculé au centimètre."
Au millimètre même, et surtout sans pluie : le canot n'a pas pris l'eau depuis plus d'un siècle, et l'humidité est aujourd'hui son ennemie.