Après les reports, le retour des appels au boycott : la "malédiction Mulan" continue

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Après les reports, le retour des appels au boycott : la "malédiction Mulan" continue

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Des Sud-Coréens brandissant des pancartes #BoycottMulan, en juillet.
Des Sud-Coréens brandissant des pancartes #BoycottMulan, en juillet.
© AFP - Chris Jung

Privé de salles obscures à cause de la pandémie de Covid-19, le long-métrage de Disney enchaîne les controverses. Dernière en date : un lieu de tournage, où la Chine est accusée de violer les droits de la communauté ouïghour.

Qui en veut à la guerrière chinoise Mulan ? Personne ne s'élève contre la légende originale, ni contre le long-métrage animé sorti en 1998. C'est le remake en prise de vues réelles, sorti sur la plateforme Disney+ le 4 septembre aux États-Unis et prévu pour le 4 décembre en France, qui fait polémique. Les appels au boycott se multiplient envers la superproduction aux 200 millions de dollars de budget. Repoussé maintes fois, privé de sortie en salles à cause de l'épidémie de Covid-19, Mulan enchaîne les controverses.

Un lieu de tournage épinglé

Ces derniers jours, c'est un lieu de tournage du film qui concentre les appels au boycott. Ainsi, des spectateurs particulièrement attentifs, capture d'écran à l'appui, ont remarqué ce message lors du générique de fin : Disney adresse des "remerciements particuliers" aux instances gouvernementales de la région du Xinjiang, située dans le nord-ouest de la Chine. Problème : dans cette région, Pékin est accusé de violer les droits de la communauté ouïghour, dont des membres sont notamment internés dans des camps, rappelle l'organisation Amnesty International sur Twitter :

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Pour Isaac Stone Fish, de l'Asia Society (un centre spécialisé dans les relations entre les États-Unis et la Chine), Mulan est "sans doute le film le plus problématique de Disney" depuis "Mélodie du Sud" sorti en 1946", dénonce-t-il dans le Washington Post : "Disney a remercié quatre départements de propagande et un bureau de sécurité publique dans le Xinjiang (...) qui est le lieu de l'une des pires violations des droits de l'Homme au monde aujourd'hui." Parmi les "remerciements particuliers" aux instances gouvernementales est aussi cité le département en charge du Parti communiste chinois.

#BoycottMulan

Ces quelques mots au générique ravivent le hashtag #BoycottMulan. Le week-end dernier, plus de 59.000 tweets le mentionnant ont été postés sur Twitter, soit deux jours après la mise en ligne du film sur Disney+ aux États-Unis. Un hashtag régulièrement relayé, par exemple, par la figure de proue du mouvement hongkongais pro-démocratie Joshua Wong, suivi par plus de 600.000 personnes :

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"Cela ne fait qu'empirer !", dénonce notamment Joshua Wong. "À présent, si vous regardez Mulan, non seulement vous fermez les yeux sur la brutalité de la police et l'injustice raciale (qui sont soutenues par les acteurs principaux), vous êtes aussi potentiellement complice de l'incarcération massive de ouïghour musulmans."

Propos controversés de l'actrice principale

Une violence "soutenue" par les acteurs ? Joshua Wong fait ici référence à une polémique antérieure. En effet, en août 2019, Liu Yifei, la star sino-américaine du remake de Disney, a exprimé son soutien à la police de Hong Kong, accusée par le camp pro-démocratie de réprimer les manifestations. "Je soutiens la police de Hong Kong, vous pouvez me tabasser. Quelle honte pour Hong Kong", avait-elle posté sur le réseau social Weibo, où elle est suivie par 65 millions de personnes. Une publication flanquée du hashtag #JeSoutiensAussiLaPoliceDeHongKong... et d'un émoji cœur.

La publication controversée de l'actrice Liu Yifei.
La publication controversée de l'actrice Liu Yifei.
- Weibo

Soutien bien évidemment dénoncé par le mouvement pro-démocratie, qui n'a pas manqué non plus de noter la ressemblance entre l'acteur Tzi Ma, le père de Mulan, et le président chinois Xi Jinping. Tout en qualifiant Agnes Chow, militante arrêtée en août, de "vraie Mulan".

En août, Hollywood était également pointé du doigt dans un rapport publié par l'organisation Pen America. Une association américaine de défense de la liberté d'expression qui reprochait à l'industrie cinématographique américaine de s'autocensurer pour permettre à ses films d'atteindre le gigantesque marché chinois.