
L'Agence spatiale européenne examine le projet Ariane 6. Elle devrait être moins coûteuse qu'Ariane 5 pour être plus compétitive sur le marché mondial.
Le programme Ariane 6, qui vise à doter l'Europe d'un nouveau lanceur, plus compétitif, à l'horizon 2020, devait être confirmé ce mardi par le Conseil de l'Agence spatiale européenne (ESA). Dès que l'ESA en aura donné le top départ, ArianeSpace procédera à sa commercialisation pour un premier lancement en 2020. L'agence européenne et ASL (Airbus Safran Launchers) se sont engagés sur une dépense globale de 2,4 milliards d'euros pour le développement de la fusée, dont 680 millions pour la première étape.
Ariane 6 doit être moins chère qu'Ariane 5, l'objectif est de réduire les coûts de 40 à 50%.
**LES ATOUTS D'ARIANE .... et ses faiblesses
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Sur le modèle d'Ariane 5 dans le passé, les 22 pays membres de l’ESA financeront Ariane 6 ensemble et en retour obtiendront en échange des contrats industriels. C’est ainsi que la fusée Ariane est fabriquée par morceaux dans toute l’Europe puis assemblée aux Mureaux en France. Pour qu'Ariane 6 soit moins chère de 50%, toute l'organisation industrielle a été revue, en limitant le nombre d'acteurs et en choisissant la production en série de certains éléments clés. La fusée existera en deux versions pour s'adapter à la masse des satellites.
Arianespace a bâti sa réussite commerciale sur une spécificité : le lancement double. Deux satellites lancés en même temps, cela divise par deux la facture du tir à condition d'avoir deux clients prêts au même moment.
Le projet Ariane 6 est validé au moment où l'un de ses concurrents SpaceX doit faire face à un revers sérieux. Le 1er septembre son lanceur Falcon 9 a explosé sur le pas de tir du Kennedy Space Center en Floride lors d'un test de moteurs.
La présentation du programme Ariane 6 a lieu alors que les acteurs du marché des satellites seront réunis au même moment à Paris.
Le PDG d'Arianespace, Stéphane Israël au micro de S. Bécherel
Space X change la configuration de son lanceur en permanence, il fait des innovation spectaculaire avec la récupération de son premier étage. Nos choix sont différents, l''Europe doit continuer d'innover et stabiliser un lanceur d'un côté et préparer la suite de l'autre. Il ne faut pas faire un mélange des deux en permanence.
**ARIANE 6 CONTRE UN FUTUR FALCON 9 HEAVY ET VULCAN
SpaceX espère pouvoir, en récupérant régulièrement le premier étage de Falcon 9, le réutiliser, ce qui devrait réduire nettement les coûts de lancement et potentiellement bouleverser le secteur de la mise sur orbite de satellites et d'accès à l'espace en général. Pour l'instant les essais ont réussi trois fois sur cinq. Jusqu'à présent le premier étage des lanceurs était détruit en revenant à grande vitesse dans l'atmosphère. La firme d'Elon Musk prépare une nouvelle version, un Falcon 9 Heavy.

Du fait de l'incident du 1er septembre, SpaceX ne pourra revenir aux affaires avant six mois selon ses concurrents. Il faudra comprendre la cause de l'explosion et réparer le tir endommagé. D'ici là, qui mettra en orbite les 70 satellites de son carnet de commande ? Arianespace ? Ou les américains de l'United Launch Alliance ? Ou d'autres ?
Aujourd'hui, l'accès à l'espace est assuré dans le monde par différents acteurs: ULA, United Launch Alliance, qui est issue de la fusion de Boeing et de Lockeed Martin, acteurs historiques américains. La société commercialise Atlas 5, Delta 2 et Delta 4, et elle a mis en chantier le futur lanceur, Vulcan, qui devrait être opérationnel en 2019.
Les Russes, qui ne se sont pas remis du démantèlement de l'URSS pour le secteur militaro-spatial restent les seuls à assurer le transport des astronautes vers la Station Spatiale Internationale. Eux aussi se préparent néanmoins au futur de leur fusée Proton avec le projet Angara décliné en plusieurs versions.
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