Arman Mélies, à la hache

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Arman Mélies, à la hache

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arman melies portrait
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© Gil Lesage - Christine Siméone

Arman Mélies fait circuler sur le net un premier titre de son album à venir. "Mes Chers Amis", musique hypnotique pour bercer les paroles d’un certain Nicolas Sarkozy après sa victoire en 2007. Pour composer ce titre, Arman Mélies a d'abord acheté une hache.

On écoute Mes Chers Amis comme une chanson qui aurait bercé nos enfances. On connaît les paroles, le phrasé, l’esprit et la lettre de ce chant imprécateur. Cette fois c’est la voix et la musique d'Arman Mélies. A écouter sur facebook ou sur son site en attendant un album complet à l’automne, plus politique dans le texte, plus synthétique pour la musique, que les précédents opus du chanteur. Et avec une hache sur les photos qui défilent. Une hache pas tout à fait menaçante, quoique résumant bien l'état un peu énervé de l'artiste.

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L’occasion d’une rencontre avec Arman Mélies. Auteur et compositeur, il interprête ses propres textes pétris de mélancolie et de nostalgie, un poéte disons les choses comme elles sont , et avec les bons mots. Jan Fiévé sur l'état civil, se fait appeler Arman Mélies pour le clin d’œil à Arman, et à Mélies. Le pourquoi du comment et une belle balade artistique dans un interview automatique ou pas.

blogcs itw automatique... ou pas
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© Radio France - C Siméone

Vous avez toujours dit vous appeler Arman, en hommage à l'artiste Arman, pourquoi?

Arman Mélies : Arman c’est mon second prénom. J’ai juste enlevé le « d » pour le petit clin d’œil à l’artiste dont d’ailleurs dès le départ j’appréciais plus la démarche. Le fait par exemple d’accumuler des choses, le fait d’en détruire d’autres puis de les reconstruire sur des toiles, je trouvais que c’était des idées géniales. C’est vraiment ça. Après esthétiquement, par exemple, ces accumulations, je trouve quelles ont vraiment vieilli. Mais il y en a certaines qui sont encore très très belles.Par exemple ? Arman Mélies : Il y en a une avec des contacteurs électriques je crois où du coup il y a juste des sortes de petites LED rouges et puis des fils argent ou or comme ça, et il y en a plein dans des petites boîtes. Ca, ça fait des choses qui sont très belles. Mais à côté de ça, je crois par exemple, il a du faire des tubes de peinture écrasés. Ces choses-là, je trouve que ça vieillit assez mal. Après c’est très très subjectif mais… je suis plus intéressé par la démarche de l’homme, comme ses « Colères ». Par exemple, ses « Colères », je trouve que c’est une idée géniale, surtout étant musicien, de prendre une hache , de réduire un piano en miettes et de le recoller sur une table pour en faire un truc plastique qui est totalement inutilisable. Mais après, esthétiquement je ne trouve pas que ce soit toujours incroyable. Il y a d’autres choses qui me touchent beaucoup plus chez d’autres artistes. Par exemple, j’adore Antoni Tapies qui est mort il y a quelques jours; j’avais été voir sa fondation à Barcelone, c’est un très très grand souvenir. J’adore ses toiles, il y a vraiment un truc pour le coup très très fort. J’aime aussi Cy Tombly. Je suis fan, mais pour le coup ce n’est pas très original parce que c’est quelqu’un qui est très très à la mode.Je suis fan, plus que fan de Jean-Michel Basquiat au point que j’ai un autre projet musical avec un album qui est déjà enregistré mais qui ne sortira que… je ne sais pas quand parce que c’est un peu compliqué. Mais le projet s’appelle « Basquiat’s Black Kingdom », un projet instrumental à la fois très rock et très musique de film. Jean-Michel Basquiat j’adore et puis après, il y en a des dizaines et des dizaines.Connaissez-vous cette oeuvre d'Arman, réalisée "à la hache" en 1975, Conscious Vandalism.(Il s'agit de la destruction d'un appartement bourgeois, aux Etats-Unis).

Arman Mélies : Non, non, pas du tout. Il s'avère que c**’est assez en phase en fait avec ce qui m’a poussé à acheter cette hache et à la customiser** . J’avais une idée bien précise de la hache que je voulais et c’était assez compliqué puisque maintenant ils font des haches qui sont très modernes avec des manches en plastique de synthèse ou je ne sais quoi qui sont plus légers. Donc il a fallu que j’achète une hache, que je re-ponce le manche pour le reteindre parce qu’il y avait de la peinture dessus, que je peigne la lame parce qu', elle était en partie bleue et je voulais vraiment la hache de bûcheron de base pour avoir un côté un peu terrien, pour contraster avec ce qui peut être très très cérébral dans la chanson et notamment dans la mienne… avoir quelque chose de très brut voire un peu brutal, pour essayer de tailler un petit peu la chanson française ,de lui tailler un peu un costard. Enfin la démarche d’Arman avec cet appartement c’est un peu ça, c’est vraiment ça. En plus tout ça reste très symbolique, enfin on est d’accord, je ne vais m’attaquer à personne physiquement… C’est marrant parce qu’en achetant une hache déjà les gens ont un regard… dès qu’on sort d’un magasin avec une hache les gens nous regardent bizarrement, ce que je peux comprendre, ce que je peux concevoir

Arman, 1982, Pour Ma Jolie , à gauche. A droite,  Arman Mélies
Arman, 1982, Pour Ma Jolie , à gauche. A droite, Arman Mélies
© Christine Siméone / Gil Lesage

Mais qui donc a cassé la guitare? Arman, 1982, Pour Ma Jolie , à gauche. A droite, Arman Mélies © Christine Siméone / Gil Lesage Quel rapport avez-vous avec Méliès ? Avez-vous vu "Hugo Cabret"? Arman Mélies : Si, bien sur, j’ai été le voir. J’ai trouvé ça assez beau. Je suis très réceptif à tout ce qui peut toucher au bonhomme étant fan depuis très longtemps. Après honnêtement, je n’ai pas été bouleversé par le film. Je suis sorti du film en disant, c’est un beau film, il y a de très belles scènes mais c’est Spielberg qui aurait du réaliser ce film-là.

Je suis fan en revanche du côté carton pâte que Scorcèse met en avant, c’est le côté bricolage de Méliès. A l’origine, le choix de mon pseudonyme, c’était justement pour ce côté bout de ficelle. Parce qu’au début j’enregistrais avec une guitare sèche, une casserole et deux cuillères sur un petit magnéto quatre pistes. Il y avait vraiment ce côté tout bricolé, tout ça. Et juste avec des matériaux très pauvres et très simples, j’essayais de faire en sorte que ça véhicule quelque chose de magique, une sorte de petite magie comme ça assez modeste qui pouvait être touchante. Donc le fait qu’il y ait à nouveau ça dans le film, c’est quelque chose que je trouve ça très bien. Ce qui m’a plus gêné, c’est le côté « Amélie Poulain », le côté palette graphique trop voyante, les images de synthèses un peu partout. Au contraire, je trouve ça trop léché.

blogcs signature C Simeone
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© Radio France - C Siméone