Arnaud Montebourg n'héberge pas son site web en France (et il est loin d'être le seul)

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Arnaud Montebourg n'héberge pas son site web en France (et il est loin d'être le seul)

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Arnaud Montebourg lors de l'annonce de sa candidature à la présidentielle, le 5 septembre 2021
Arnaud Montebourg lors de l'annonce de sa candidature à la présidentielle, le 5 septembre 2021
© Maxppp - TARDIVON JC - JC Tardivon

Parmi les candidats déclarés (ou pas tout à fait) à la présidentielle de 2022, certains n'hébergent pas leur site internet en France. C'est notamment le cas d'Arnaud Montebourg et de sa plateforme "laremontada.fr".

On pourrait presque se dire que c'est l'hôpital qui se moque de la charité. Plusieurs internautes ont, ces dernières semaines, sur Twitter, souligné cette incohérence : le site du désormais candidat à la présidentielle de 2022, Arnaud Montebourg, qui prône notamment la "remontada industrielle" de la France, est hébergé... aux États-Unis. En effet, et les mentions légales du site le précisent sans détour, "le site internet et les contenus sont hébergés chez plusieurs fournisseurs de services", dont GitHub et Netlify, deux prestataires américains.

Une recherche de l'IP du site (l'adresse du site) nous permet de remonter jusqu'à des serveurs d'Amazon et nous localise aux États-Unis. Dans un souci de transparence, l'équipe du candidat a détaillé précisément le fonctionnement du site. Si l'explication technique est complexe, retenons l'essentiel : Arnaud Montebourg, partisan de la souveraineté technologique, n'a pas choisi de prestataire tricolore.

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Une situation qui doit toutefois être corrigée ; le candidat "a ordonné la migration de cette première version du site chez un hébergeur souverain en France", a indiqué il y a deux semaines un porte-parole de Montebourg, mais aucun changement n'a encore été constaté à l'heure où nous écrivons ces lignes.

Arnaud Montebourg n'est pas le seul

Mais Arnaud Montebourg n'est pas le seul dans cette situation. Les sites de Fabien Roussel (PCF), Yannick Jadot (finaliste de la primaire écologiste) ou encore Éric Piolle (battu au premier tour de cette même primaire), ont été créés via un outil bien connu des partis politiques, NationBuilder, qui gère aussi le site du PS ou du PCF.

La maison-mère de ce service est à située Los Angeles et les trois sites utilisent un "réseau de distribution de contenu" (CDN), dont il est difficile de retrouver le camp de base (c'est même un peu le principe, les contenus sont éparpillés pour permettre une plus grande fluidité et éviter un certain nombre d'attaques). "On va en général trouver l'adresse centrale du réseau, mais derrière le site peut très bien être hébergé en France", précise Pierre Beyssac, fondateur de l'entreprise Gandi.net et expert de la question.

Éric Zemmour, qui laisse entendre depuis quelques semaines qu'il pourrait se présenter en 2022, utilise lui aussi Nation Builder (même si, contrairement aux trois précédemment cités, il ne le mentionne pas clairement) et un hébergement avec CDN, via le prestataire américain Cloudflare. Le site de Jean-Luc Mélenchon semble user lui aussi de ce procédé de diffusion, à travers la société Scaleway, hébergeur français fondé par Xavier Niel (ex-Online).

Enfin, parmi les candidats déclarés qui disposent d'un site de campagne, seuls ceux de Sandrine Rousseau (finaliste de la primaire écologiste) et "M la France", celui de Marine Le Pen, précisent être hébergés par la société française OVH, basée à Roubaix (Nord) ; information confirmée par une vérification d'adresse IP.

On peut être hébergé en France en toute sécurité

En résumé, la plupart des sites observés utilisent des prestataires non français et sont, même s'ils l'affichent en réalité assez peu transparents, du fait de l'utilisation d'un CDN, sur leur hébergement. "Il n'y a pas une nécessité absolue", observe Pierre Beyssac. Selon lui, "il n'y a pas de raison technologique vraiment défendable qui empêche d'héberger son site en France, surtout si on tient un discours de souveraineté derrière", auquel se livre une large partie de la classe politique, au-delà d'Arnaud Montebourg.

"En général, les hébergeurs français vous disent où se situent les data centers et vous proposent de choisir la localisation en France et ne vous filent pas un serveur aux USA sans que vous en ayez connaissance", ajoute-t-il, expliquant que "le fait d'être stocké en France n'intéresse quasi personne", soit par manque de vigilance, soit par manque de moyen.

"Par sécurité, il vaut mieux être sous législation française", conclut pourtant Pierre Beyssac, expliquant que le trafic qui transite via des réseaux de distribution de contenu (CDN), pour la plupart américains, n'est pas toujours soumis au Règlement général sur la protection des données européen. Alors que "via un hébergeur français, des mesures de sécurité correcte, on est à peu près tranquille et le trafic n'est pas disséminé partout et on a des recours plus facile vis-à-vis de l'hébergeur".