ASCO 2019 : comment mieux prédire la réaction des seniors à un traitement contre le cancer
Par Véronique JuliaCe 1er juin, au congrès du cancer de Chicago, une équipe française de l'hôpital Henri Mondor de Créteil est venue présenter un outil d'aide à la décision pour les cancers des personnes âgées. Une intelligence artificielle qui va aider les médecins à décider s'il faut ou pas traiter le patient, et avec quoi.
De l'intérêt (une fois de plus) de l'intelligence artificielle pour le cancer. Cette "machine learning" va aider les médecins à déterminer le ratio bénéfice/risque d'un traitement chez les plus de 70 ans, une population dont on connait de fait assez mal les réactions.
Car le problème, chez les patients âgés, c'est qu'ils participent peu aux essais cliniques, on manque de données médicales les concernant, et par conséquent, on appréhende assez mal comment ils peuvent supporter certains traitements. On décide souvent un peu à l'intuition, en fonction de certains critères physiologiques, de leur faire subir telle ou telle thérapie.
L'idée de cette intelligence artificielle c'est de disposer d’un outil plus précis et documenté pour prendre une décision. Un outil standardisé, qui va prendre en compte une trentaine de paramètres.
Il a été construit à partir du vécu de quelques 2 000 patients de plus de 70 ans, déjà traités pour des cancers de toutes sortes. L'épidémiologiste Etienne Audureau est à l’origine du concept : "On va regarder tout un tas de facteurs qui définissent l'état clinique du patient : est-ce que le patient a des déficits nutritionnels, des déficits cognitifs, on va mettre tout ça dans la balance pour ensuite que notre algorithme de 'machine learning' nous prédise la probabilité de survie. Ça permet vraiment de quantifier les choses et de se dire, pour un patient donné, qu'un traitement chimiothérapique pourra tout à fait être supporté et apporter un vrai bénéfice de survie et pour un autre patient, au contraire, que compte tenu de son terrain le traitement va plutôt dégrader sa qualité de vie sans avoir un vrai bénéfice de survie derrière."
L'algorithme en question n'a pas vocation à décider seul de tel ou tel traitement. Il aidera la décision collégiale des médecins, ce sera d'ailleurs accessible aux praticiens via une interface web.
Aujourd'hui plus du tiers des nouveaux cas de cancers surviennent chez les plus de 75 ans.