Au fond des océans, les nodules polymétalliques, précieux minéraux très convoités
Par Célia Quilleret, La rédaction numérique de France InterAprès avoir quasiment épuisé la surface de la terre, l'homme s'apprête à fouiller au fond de l'océan, à la recherche de nodules polymétalliques, des minéraux utiles pour fabriquer smartphones, batteries de voitures électriques ou encore éoliennes. Scientifiques et ONG mettent en garde contre une fuite en avant risquée.
Jusqu'où ira-t-on afin de trouver de nouvelles ressources pour construire nos téléphones, nos batteries de voitures ou encore nos éoliennes ? Après avoir épuisé une bonne partie les richesses terrestres, le fond des océans apparaît, à travers ces nodules polymétalliques, comme un nouvel eldorado, riche de cobalt, de nickel, de cuivre ou encore de manganèse. Un jeu dangereux ?
Riches abysses
En France, pays qui se veut à la pointe en matière d'exploration des fonds marins, l'Ifremer est à ce jour le seul organisme à bénéficier d'une autorisation. Il dispose de deux permis d'exploration, dans l'Atlantique et le Pacifique. Son robot, le Nautile, plonge alors à 5.000, à 6.000 mètres de fond avec ses deux bras, prélevant roches et sédiments.
"Au fond de l'océan, il fait 2°C. C'est noir. On a l'impression d'être dans les entrailles de la terre", explique à France Inter Ewan Pelleter, géologue à l'Ifremer. "On essaie de ramener les sédiments en bon état pour qu'ils révèlent leurs secrets. Il y a beaucoup de fer, de cuivre, de zinc. Ici, vous avez un échantillon qui vient d'une zone proche de l'île de Wallis-et-Futuna, on peut avoir en plus de l'argent et de l'or."
Un risque pour les écosystèmes
Mais ce trésor au fond de l'eau attise les convoitises. Nombre de ces métaux entrent dans la composition des batteries. Des entreprises américaines, canadiennes, belges, sont d'ores et déjà prêtes à se lancer dans l'exploitation. Les biologistes s'en inquiètent, rappelant la fragilité des fonds marins et le risque de voir des espèces disparaître. "Ce sont des écosystèmes extrêmement vulnérables", souligne Joachim Claudet, directeur de recherche au CNRS. "Si on perturbe cet écosystème, il peut y avoir des risques de perturbation des ressources pour la pêche, du rôle de l'océan dans sa régulation du climat."
Des scientifiques et des ONG s'opposent à cette chasse au trésor qui risque de détruire les abysses. Ils ont signé un moratoire, voté au sein de l'Union internationale de conservation de la nature et pour lequel la France s'est abstenue.