Au gouvernement, les ministres divisés autour du cas Roman Polanski et de son film “J'accuse”
Par Xavier Demagny“Le sujet m’intéresse beaucoup”, a estimé la ministre de la Justice, dimanche dans le JDD au sujet du film “J'accuse” de Roman Polanski, visé récemment par une nouvelle accusation de viol. Autour de ce film, le gouvernement n'est pas d'accord : certains bottent en touche, d'autres prennent position fermement.
Édouard Philippe : “Je ne l’ai pas encore vu, mais je vais aller le voir”
Le Premier ministre a affirmé sur France Inter jeudi 21 novembre qu'il “irait voir”, avec ses enfants, “J'accuse”, de Roman Polanski. “Je ne l’ai pas encore vu, mais je vais aller le voir, avec mes enfants. Parce que l'affaire Dreyfus est un sujet qui me passionne depuis très longtemps et parce que ceux qui l'ont vu m'ont dit que c'était un très bon film”, assure-t-il. “Ils ont le droit” de ne pas aller voir le film, a rétorqué Édouard Philippe à propos des ministres Franck Riester, Sibeth Ndiaye et Marlène Schiappa. “Je ne vais pas dire aux membres du gouvernement : 'Vous allez voir ce film ou vous n'allez pas voir ce film.' Dans quel monde vit-on ?!?”.
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Nicole Belloubet : “Le sujet m’intéresse beaucoup”
Interrogée sur l’affaire Polanski dimanche dans le JDD, la ministre de la Justice explique qu’elle ira “sans doute” voir le film J’accuse du réalisateur franco-polonais : “Le sujet m'intéresse beaucoup, dit Nicole Belloubet, en tant que ministre de la Justice. Pour autant, comme l’a dit mon collègue Riester, une oeuvre, si grande soit-elle, n’excuse pas les éventuelles fautes de son auteur”.
Jean-Michel Blanquer : “Je vais très peu au cinéma”
Sur franceinfo vendredi, Jean-Michel Blanquer a botté en touche : “Du fait de mes fonctions, je vais très peu au cinéma. Je suis admiratif de ceux qui peuvent vous parler de 15 films”. Relancé par Marc Fauvelle (“Si vous aviez le temps, vous iriez le voir ?”), le ministre de l’Éducation répond “peut-être”. “D’abord c’est un thème extrêmement intéressant et je fais la part des choses. Je ne m’instaure pas comme juge de tout un chacun, je sais qu’il y a une affaire mais je m’estime sans légitimité pour me prononcer et condamner quelqu’un ou l’absoudre. La justice est là pour ça et je me méfie beaucoup des tribunaux médiatiques du quotidien” poursuit-il avant d’estimer qu’il serait “ridicule de donner une consigne” aux enseignants. “Ils sont assez responsable et grands pour prendre des décisions en la matière”, conclut Jean-Michel Blanquer.
Franck Riester : “Le génie n’est pas une garantie d'impunité”
C’est sans doute la réaction la plus forte au sein du gouvernement : “Une oeuvre, si grande soit-elle, n'excuse pas les éventuelles fautes de son auteur”, a estimé jeudi le ministre de la Culture Franck Riester, lors des Assises de la parité et de la diversité au cinéma jeudi à Paris. “Le talent n'est pas une circonstance atténuante ; le génie, pas une garantie d'impunité”, a-t-il poursuivi, sans jamais nommer le réalisateur franco-polonais, mettant toutefois en garde contre le “tribunal de l'opinion”.
Sibeth Ndiaye : “Non, je n’irai pas le voir”
Jeudi matin, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a assuré qu’elle “n’irait pas” voir le film de Roman Polanski. “Je n'irai pas le voir parce que j'ai besoin quand je vais assister à un spectacle de partager aussi quelque chose avec celui qui l'a créé. Je ne crois pas partager grand-chose avec un homme sur lequel” pèsent “de telles accusations”, a-t-elle expliqué sur France Inter. La secrétaire d’État a toutefois précisé qu’elle n'appellait “pas du tout au boycott du film” : “Je pense qu'il faut conserver un peu de raison (...), on ne peut pas condamner quelqu'un en absence de toute décision de justice. C'est important que la parole se libère, que les témoignages du passé permettent peut-être à des femmes aujourd'hui de dire les choses, mais il faut aller en justice”, a ajouté Sibeth Ndiaye.
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Marlène Schiappa : “Je ne veux pas acheter une place de cinéma dans le contexte qu’on connaît”
“Je n'irai pas voir le film de Polanski, je ne veux pas faire la démarche d'aller acheter une place de cinéma dans le contexte qu'on connaît”, a annoncé mercredi la secrétaire d'État chargée de l'Égalité femmes-hommes sur RTL. “À titre personnel, je crois et je soutiens par principe toutes les femmes qui disent avoir été victimes de violences sexuelles et sexistes”, a insisté Marlène Schiappa tout en précisant qu'elle n'était “pas juge”, ni “procureure”, refusant d'être “dans l'appel au boycott”.