Aux États-Unis, 12 internautes sont responsables de la majorité des fausses informations sur le Covid-19

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Aux États-Unis, 12 internautes sont responsables de la majorité des fausses informations sur le Covid-19

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Lors d'une manifestation d'anti-vaccins à Cracovie ce 7 aout, en Pologne.
Lors d'une manifestation d'anti-vaccins à Cracovie ce 7 aout, en Pologne.
© AFP - Beata Zawrzel

Une ONG américaine a scruté les réseaux sociaux durant un mois et demi entre février et mars 2021. Sur Facebook par exemple, ces 12 internautes ont produit 73% des contenus anti-vaccins.

La très grande majorité des théories du complot et anti-vaccin proviennent de seulement 12 personnes selon le rapport du CCDH, le Center for Countering Digital Hate. Cette ONG basée à Washington et à Londres a étudié 812 000 publications mises en ligne entre le 1er février et le 16 mars 2021 sur les plateformes : Facebook, Twitter et Instagram. Sur ces trois réseaux, les 12 militants anti-vaccin rassemblent 59 millions d’abonnés, c’est l’équivalent de la population italienne ou sud-africaine. Au moment de l’écriture du rapport, en mars, 95% des informations erronées sur le Covid, signalées sur ces plateformes, n'ont pas été supprimées. Sur Facebook par exemple, "la douzaine de désinformateurs", comme ils sont surnommés, sont responsables de 73% des contenus anti-vaccin.  

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Des désinformateurs aux profils variés

Ils sont donc douze et les profils sont plutôt variés. L’ONG dresse leur portrait. Robert F. Kennedy Jr est probablement le plus connu. Il s’agit du neveu de l’ancien président américain. Selon lui, le vaccin provoque l’autisme. Il a eu jusqu’à 800 000 abonnés sur Instagram avant de voir son compte supprimé. 

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Autre voix très écoutée par les sceptiques du Covid, Joseph Marcola. Cet entrepreneur vend des compléments alimentaires et des faux remèdes comme alternatives aux vaccins. Sa compagne Érin Élisabeth affirme, dans une publication, que les vaccins font partie d’un plan de l’industrie médicale pour créer "une population souffrant de maladies chroniques". Elle n'hésite pas à relayer des théories complotistes concernant la famille Rothschild. Elle en a même écrit un livre.

Un autre couple est omniprésent sur les réseaux sociaux : Ty et Charlene Bollinger. Ces entrepreneurs commercialisent des livres et des DVD concernant le traitement contre le cancer, et maintenant sur les vaccins. Ils ont partagé l’une des théories du complot la plus répandue, concernant Bille Gates et les puces 5G. Il y également Rashid Buttar, médecin ostéopathe, il prêche sur YouTube. Il affirme que le vaccin provoque l’infertilité. Sayer Ji est devenu populaire grâce à son site de santé alternative. En mars dernier, dans un post sur Instagram, il partage un message assurant que le vaccin Pfizer tue plus de personnes que le coronavirus. Le post a depuis été supprimé. La plupart d'entre eux continuent de publier des messages complotistes sur les réseaux sociaux. 

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En mars dernier, le patron et fondateur de Facebook Mark Zuckerberg a été auditionné par le congrès américain, avec Jack Dorsey et Sundar Pichai, ses homologues de Twitter et Google. Facebook affirme avoir désactivé plus d’1,3 milliards de faux comptes durant le dernier trimestre de l’année 2020. 12 millions de publications contenant des fausses informations ont été supprimés depuis le début de l’épidémie d’après le réseau social. 

D’après le PDG du CCDH, Imran Ahmed, "Facebook, Google et Twitter ont mis en place des politiques pour empêcher la propagation de la désinformation sur les vaccins. À ce jour, ils n'ont pas réussi à appliquer ces politiques de manière satisfaisante". Il va plus loin et les accuse d’avoir été "inefficaces pour éliminer la désinformation nocive et dangereuse sur les vaccins contre le coronavirus. De plus, ils n'ont tous pas réussi à supprimer les comptes d'éminents anti-vaccins qui ont enfreint à plusieurs reprises leurs conditions d'utilisation." 

Des messages d'alerte sur les publications

Le rapport ne donne pas simplement des chiffres, mais propose également des solutions. Pour le CCDH, les réseaux sociaux sont sommés d’agir : il faut supprimer ces très influents comptes. "Le public ne peut pas prendre des décisions éclairées au sujet de sa santé lorsqu'il est constamment inondé de désinformation et de faux contenus" peut-on lire dans le rapport. 

En supprimant la source de désinformation, les plateformes de médias sociaux, comme Facebook, Instagram et Twitter, peuvent permettre aux individus de faire un choix vraiment éclairé au sujet des vaccins.

Le CCDH émet plusieurs propositions pour lutter contre les fausses informations sur les réseaux sociaux. Il souhaite que des messages soient relayés à l’écran quand un internaute clique sur un lien ou quand il consulte un post qui contient des informations erronées. Le CCDH recommande aussi d’interdire les groupes privés anti-vaccin et les comptes très influents proche de ses "douze désinformateurs". Il y a par exemple l’Organic Consumers Association de Joseph Marcola, ou le Children’s Health Defense porté par Robert F. Kennedy Jr. Ils sont parmi les anti-vaccin les plus célèbres et écoutés aux États-Unis.