Aux États-Unis, une nouvelle condamnation record pour Monsanto et le Roundup
Par Valérie Cantié
La justice californienne vient de condamner le fabricant du désherbant à 2 milliards de dollars de "dommages punitifs" pour un couple atteint d'un cancer. Elle estime que le Roundup est un produit défectueux, et que Monsanto a omis d'avertir de ses risques cancérigènes, qu'il conteste toujours.
Troisième revers judiciaire majeur pour le Roundup et son fabricant Monsanto, absorbé l'an dernier par l'allemand Bayer. Un jury américain l'a condamné ce lundi à verser deux milliards de dollars à un couple de septuagénaires. Les deux époux sont atteints d'un cancer du système lymphatique.
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Ce jugement record intervient alors que Bayer est aux prises avec une polémique en France autour du fichage de centaines de personnalités concernant leur position sur les OGM ou le glyphosate, des révélations qui ont conduit à l'ouverture d'une enquête. Une autre polémique, autour d'un rapport sénatorial à paraitre ce jeudi, s'est déclarée lundi après les déclarations d'un sénateur, affirmant "qu'aucune étude ne prouve le risque cancérogène du glyphosate (contenu dans le Roundup de Monsanto)".
Un couple très affaibli
Alva (76 ans) et Alberta (74 ans) Pilliod ont commencé à utiliser le Roundup en 1982. Le mari a été diagnostiqué en 2011 et son épouse en 2015.
Ils ont vu les publicités à la télé et pensaient qu'ils pouvaient faire confiance à l'entreprise, ils avaient tort a assené un de leurs avocats, Michael Miller.
Les Pilliod ont expliqué qu'au milieu des années 70 il a utilisé du Roundup dans les nombreuses propriétés qu'il achetait et rénovait à l'époque dans le nord de la Californie.
Nous aurions souhaité que Monsanto nous mette en garde, que sur l'étiquette ou dans les publicités il soit écrit que cela pouvait causer le cancer, nous ne l'aurions alors pas utilisé.
a déclaré Alberta Pilliod, qui se déplace avec une canne comme son mari.
Le Roundup, un produit défectueux
Les jurés ont ordonné lundi le versement de 18 millions de dollars de dommages compensatoires et 1 milliard de dollars de dommages punitifs à Alva Pilliod, et de 37 millions de dollars de dommages compensatoires et 1 milliard de dollars de dommages punitifs à son épouse Alberta. Ils ont estimé que le Roundup était un produit défectueux, que Monsanto avait omis d'avertir des risques cancérigènes que présentait son herbicide et que la firme avait fait preuve de négligence.
Troisième revers pour Monsanto
Ce procès s'était ouvert fin mars à Oakland, juste après la condamnation - pour les mêmes raisons - de Monsanto à verser 80 millions de dollars à un septuagénaire atteint d'un lymphome non-hodgkinien qu'il attribuait au Roundup. Une nouvelle fois, le jury a estimé que Monsanto aurait dû prévenir des dangers possibles de son produit vedette. Le fabricant affirme toujours que le Roundup est sans danger.
En août 2018, Monsanto avait été condamné à verser 289 millions de dollars à un jardinier atteint lui aussi de ce même type de cancer, une somme réduite ensuite à 78 millions de dollars par une juge.
Les procès se multiplient aux États-Unis . Une dizaine sont prévus sur 2019-2020. Une centaine de procédures sont en cours.