Le Festival d'Avignon débute ce soir avec Les Damnés dans la Cour d'honneur avec la troupe de la Comédie-Française. Cette 70ème édition s'annonce en prise avec l'actualité.
Le festival a été raccourci de trois jours pour des raisons budgétaires, mais on pourra y découvrir jusqu"au 26 juillet, 40 spectacles de théâtre et de danse. Avignon est un festival de création et de découvertes, 34 artistes viennent pour la première fois. Il y sera beaucoup question de politique et du Moyen-Orient. L’Iran, le Liban, la Syrie sont au cœur de la programmation de ce festival. A travers la présence d’artistes du Moyen-Orient, Olivier Py le directeur souhaite que l’on regarde différemment ces pays.
C'est un point chaud du globe. C'est par ces lieux de souffrance et de guerre que l'on comprend le fonctionnement général du monde. Comme on le verra très bien dans l'exposition "Surfaces" d'Adel Abdessemed à l'église des Célestins, tout est lié aujourd'hui. La barque de syriens qui traverse la méditerranée appartient à notre monde. Il va falloir s’y faire. Nos décisions en matière de politique étrangère ont des conséquences immédiates sur la politique intérieure et vis versa. Et puis j’aime l’idée de faire entendre la langue arabe, et le perse. C’est important que l’on ait du monde arabe et de la perse, une autre vision. Car ces artistes ne parlent pas que de la guerre, ils parlent aussi d’amour, de trahison et de l’aventure artistique.
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Parmi les évènements attendus: le retour après 23 ans d’absence de la troupe de la Comédie-Française dans la Cour d’honneur pour les Damnés d’après le film de Visconti dans une mise en scène du belge Ivo van Hove. Ce retour est une volonté commune d'Eric Ruf et d'Olivier Py qui sont amis depuis les bancs du Conservatoire.
Je l'ai vite appelé lorsqu'il a été nommé pour lui proposer de revenir au Festival avec la troupe. Il fallait s'entendre sur un metteur en scène avant d'évoquer un texte. Je lui a propose peu de noms et son œil a brillé sur celui d'Ivo van Hove. Ensuite le texte est une proposition d'Ivo. J'ai tout de suite applaudi à cette proposition même si je n'avais lu le scénario. Mais j'ai trouvé cela intéressant pour se dégager de l'imagerie du film. Le sujet se prête à la Cour d'honneur. Car cela parle de la collusion des élites politiques et économiques pour faire advenir le national-socialisme, c'est important d'en parler aujourd'hui. On est physiologiquement dans le film dans une période très proche de la notre. Il est très possible qu'un grand pays d'Europe tombe sous la coupe d'un nationalisme violent, voir génocidaire.
Le festival Off d’Avignon et ses 1415 spectacles débute lui à partir de demain.