"Babylon" : un film où "plus on (en) chie mieux on se porte" selon Le Masque & la Plume
Par Le pôle Édition de France Inter
Après "Whiplash" et le sacre de sa comédie musicale "La la Land", Damien Chazelle réunit cette fois Brad Pitt, Margot Robbie et Diego Calva dans le Hollywood des années 1920 qui engage sa transition vers le cinéma parlant. Un film qui sombre dans un trop-plein de vulgarités selon Le Masque.
Le film résumé par Jérôme Garcin
Le réalisateur oscarisé de "La la Land" signe une longue plongée de 3h10 dans le Hollywood décadent et dépravé de la fin des années 1920, en compagnie du jeune Mexicain Manny Torres (Diego Calva), qui commence sa carrière dans l'industrie cinématographique au moment où elle passe du muet au sonore avec en tête d'affiche Jack Conrad (Brad Pitt), star sur le déclin, et Margot Robbie en starlette douée. Fresque de frasques, tournages et bacchanales, alcool, drogue, vomi, les références à "Chantons sous la pluie" sur une partition jazzy de Justin Hurwitz. On en a en tout cas pour son argent avec ce film babylonesque qui s'ouvre par un éléphant qui se soulage sur le spectateur.
Xavier Leherpeur excédé par autant de vulgarités et de prétentions abjectes
À la fin, le critique pour 7e Obsession n'en pouvait tout simplement plus ! Ce film l'a mis véritablement hors de lui : "C'est un ramassis de vulgarités, de métaphores à deux balles, de facilités de mises en scènes dérisoires. On avait déjà un fossoyeur dans l'histoire du cinéma américain : Quentin Tarantino. Là, on en a un second, c'est-à-dire des mecs qui passent leur temps dans les cimetières à faire des films vus et revus, mais avec la prétention affichée qu'il vont faire mieux et sans qu'ils y arrivent. Il convoque une dizaine de cinéastes, dont Federico Fellini, Jacques Demy, Cecil B. DeMille, Roger Vadim et en plus de nous réinventer la danse de Brigitte Bardot dans "Et Dieu créa la femme", il nous refait "Chantons sous la pluie"… Le mec n'a aucune originalité, et le problème, c'est que quand on a en mémoire les cinéastes dont il s'inspire, on s'aperçoit à quel point il n'a aucun talent de mise en scène !
C'est une série d'abjections, de regards obliques sur des gens dépravés. Le regard sur les femmes est limite : Margot Robbie passe pour une imbécile. Sans compter qu'il n'a aucune tendresse pour ses personnages. Et puis quand on regarde la scène de bacchanale interminable au début où tout le monde pisse, chie, éjacule sur tout le monde, ça n'a aucun intérêt… On cherche désespérément un axe de caméra qui veuille dire quelque chose, perdu dans ce salmigondis de mouvements de caméra qui vont dans tous les sens, montés à la serpe dans la salle de montage".
Pour Michel Ciment ce n'est que du "caca d'éléphant"
Si chez Positif, on salue une très grande ambition, on estime que le résultat est très très loin d'être au rendez-vous, en plus d'être un film très vulgaire : "Tout est de trop. Ce cinéaste n'a absolument pas les moyens de ses ambitions. Pourtant l'ambition est folle, le film est bourré de références. Visiblement, il veut être l'éléphant dans le magasin de porcelaine et faire le grand film américain, mais malheureusement, il en est totalement incapable. Je salue l'ambition qui est énorme, mais malheureusement, c'est un costard trop grand pour lui, il n'y arrive pas. Il n'y a plus de producteur à Hollywood. Les grands producteurs de l'âge d'or connaissaient remarquablement le cinéma, ils dialoguaient parfois de façon violente avec le metteur en scène, contrairement à ici.
Il y a des choses intéressantes avec, de temps en temps, des éclairs, incontestablement et il faut aussi reconnaitre que le personnage de Brad Pitt est un personnage très intéressant. Mais en dehors de ça, le film est d'une grande vulgarité, c'est du caca d'éléphant".
Camille Nevers rebutée par "une espèce de vomi atroce"
La journaliste pour Libération a totalement rompu avec le cinéma de Damien Chazelle après "Whiplash" : "Un film pourvu d'une morale atroce, conditionné par un masochisme absolu qui veut que plus on en chie, mieux on se porte.
Ce cinéaste se sent destiné à être un génie du cinéma dans la suite de tous ceux auxquels il se réfère, sauf qu'il filme la vulgarité assez vulgairement.
Si j'ai ressenti moins de détestation pour la seconde partie, d'où un film qui se décharge enfin de ses excès brouillons pas très bien filmés, dans l'ensemble le film est une sorte de vomi".
Pierre Murat déplore "un film d'une grande grossièreté"
Pour le journaliste de Téléréma aussi il n'y a que la seconde partie du film et la construction du personnage de Brad Pitt qui sont sauvables "sinon le reste est d'une grande grossièreté avec des gens qui défèquent absolument partout".
Le film
🎧 Écoutez l'ensemble des critiques échangées à propos de ce film sur le plateau du Masque et la Plume :
"Babylon" de Damien Chazelle
9 min
Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.
► Toutes les autres critiques de films du Masque et la Plume sont à retrouver ici .