Bande dessinée : "Le Chant du monde" de Jean Giono magnifiquement adapté par Jacques Ferrandez
Par Anne Douhaire-KerdoncuffLe western provençal de l’auteur du "Hussard sur le toit" est porté en images par Jacques Ferrandez qui, après Pagnol et Camus, poursuit son compagnonnage intime avec les écrivains méridionaux.
Le Chant du monde démarre sur les chapeaux de roue avec une poursuite dans la vallée de la Durance. Des hommes armés cherchent un couple de fugitifs : lui est roux, visible, elle est brune. Ils se séparent pour ne pas être pris. Leurs poursuivants portent sur leur cape de gardien de vache, un gros M rouge dans leur dos… L’initiale de Maudru, l’homme qui semble tenir la région où l’esprit de clan perdure. Non loin de là, Antonio, le héros, est requis par le « Matelot ». Il cherche son fils « Le Besson » qui a disparu. Ils partent à sa recherche et en route, ils vont croiser une femme prête à accoucher…
J’ai dû atténuer l’effet très poétique, j’ai montré qu’Antonio était très à l’aise dans l’eau, contrairement à Giono qui ne savait pas nager, parait-il !
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Jacques Ferrandez : « Antonio est assez bien décrit dans le roman : il est l’homme du fleuve qui vit sur une île et comme il n’a pas de métier, on pourrait dire qu’il vit d’amour et d’eau fraîche. On l’appelle « bouche d’or » : il arpente les villages pour raconter des histoires et chanter des chansons. Il vit au contact des éléments, tous les matins, il nage nu dans le fleuve avec les poissons… Il y a beaucoup de descriptions dans les romans : sa musculature, sa stature, son corps, sa peau… C’est très sensuel."
Une adaptation facilitée par Giono lui-même
Ecrit en 1934, Le Chant du monde est un livre étonnant dans la bibliographie de Jean Giono. Véritable roman d’aventure, il ressemble aussi à l’Iliade. Pour rendre cette histoire magnifique et haletante Jacques Fernandez s’est inspiré de la version écrite pour une adaptation au cinéma qui ne s’est jamais faite.
Jacques Ferrandez : « La nature du Chant du monde est plutôt âpre, austère, pas amicale. Dans une atmosphère où se jouent beaucoup de luttes, elle représente les combats contre les éléments. Le milieu naturel a façonné des personnages durs. »
L’auteur du Premier homme en BD est passé de Camus à Giono sans difficultés : ses livres faisaient partie de ses lectures d’adolescents. Les personnages de crayon sont nourris d’une fréquentation ancienne, et cela se sent. Même s’il est question dans Le Chant du monde de lieux qu’il a fréquentés, enfant, dont il est imprégné, Il a fait ses repérages entre Embrun et Briançon. Ses paysages naturels reconnaissables à l’aquarelle sont splendides. L’hommage à la nature si cher à Giono passe ici par le dessin et est réel et puissant. Les personnages sont particulièrement bien rendus.
Comment dessiner Le Chant du monde, la leçon de dessin de Jacques Ferrandez
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Le Chant du Monde de Jacques Ferrandez d’après l’ouvrage de Jean Giono chez Gallimard BD
Le Chant du monde du roman à la BD par Michel Viotte, un documentaire sur France 3 Provence Alpes Côte d’Azur