Les derniers militaires français de l'opération Barkhane ont quitté le Mali
Par La rédaction numérique de France Inter, AFP
Après neuf ans de présence au Mali, les derniers militaires français de la force Barkhane ont quitté le Mali lundi. Les relations étaient de plus en plus tendues entre la France et la junte au pouvoir à Bamako.
Il n’y a plus de militaires de l’armée française au Mali. Les derniers soldats de l’opération Barkhane ont quitté le pays vers le Nigéria lundi, a annoncé le ministère français des Armées. L’objectif de l’opération militaire débutée il y a neuf ans au Sahel était de lutter contre les mouvements islamistes. Mais face à l’impasse sécuritaire et politique, la France, ses partenaires européens et le Canada ont fait le choix de se retirer. Les différents coups d'Etat au Mali, au Tchad et au Burkina Faso ont fragilisé les alliances entre la France et ses anciennes colonies.
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"La situation devient de plus en plus difficile" au Mali, avec "un nouveau front : le gouvernement militaire malien, issu d'un coup d'État, qui est de plus en plus anti-français voire anti-occidental", analyse Michel Galy, géopolitologue et spécialiste de l'Afrique subsaharienne , interrogé par France Info.
La France reste "engagée au Sahel"
"Ce jour à 13H00 (heure de Paris, 11H00 GMT), le dernier détachement de la force Barkhane présent sur le sol malien a franchi la frontière entre le Mali et le Niger", a fait savoir l'état-major français dans un communiqué. Après neuf ans de présence, Barkhane "s'est réarticulée hors du pays en moins de six mois", peut-on lire. "Ce défi militaire logistique majeur a été relevé, en bon ordre et en sécurité, ainsi qu'en totale transparence et en coordination avec l'ensemble des partenaires", poursuit le communiqué.
"La France reste engagée au Sahel", a souligné dans un autre communiqué la présidence française, ainsi que "dans le Golfe de Guinée et (dans) la région du lac Tchad avec tous les partenaires attachés à la stabilité et à la lutte contre le terrorisme". Le 17 février dernier, constatant que "les conditions politiques et opérationnelles n'étaient plus réunies pour rester engagée au Mali", la France avait décidé de réorganiser le dispositif de l'opération Barkhane "en dehors du territoire malien", a rappelé l'Elysée.
Une base aérienne au Niger
La présence militaire au Sahel sera divisée par deux d'ici la fin de l'année, et réduite à 2.500 militaires. Le Niger a accepté le maintien d'une base aérienne à Niamey et l'appui de 250 soldats pour ses opérations militaires à la frontière malienne. Le Tchad continuera à héberger une emprise française à N'Djamena et la France espère conserver un contingent de forces spéciales à Ouagadougou, la capitale burkinabè.
Au total, la France a dû sortir du Mali quelque 4.000 containers et un millier de véhicules, dont des centaines de blindés, alors que le Sahel connaît une flambée de violences, que le groupe paramilitaire russe Wagner, nouvel allié de Bamako, peine à endiguer. Au Mali, les djihadistes "progressent vers la capitale" avec "des attentats près de Bamako", poursuit Michel Galy, géopolitologue. Selon lui, le Mali, tout comme le Burkina Faso, pourraient retomber aux mains de ces forces armées dans les prochaines semaines.
Plus de 2.000 civils ont été tués au Mali, au Niger et au Burkina Faso entre janvier et août 2022, soit autant que les 2.021 recensés pour toute l'année 2021, selon les calculs de l'AFP, à partir d'une compilation de l'ONG spécialisée Acled. En neuf ans de présence au Sahel, l'armée française a de son côté perdu 59 militaires. Le week-end dernier encore, plusieurs dizaines de manifestants présents dans la ville de Gao ont protesté contre la présence française dans le pays.