BD et cinéma, le mariage gagnant ?

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BD et cinéma, le mariage gagnant ?

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Jean-Claude Mézières créateur de Valerian et laureline dont l'adaptation par Luc Besson sort en salles en juillet devant une planche de bande dessinée
Jean-Claude Mézières créateur de Valerian et laureline dont l'adaptation par Luc Besson sort en salles en juillet devant une planche de bande dessinée
© Maxppp - Christian Stavel

L’adaptation des bandes dessinées au cinéma est un filon pour les producteurs de films. Voici quelques clés pour réussir le passage du 9e art au 7e art.

Seuls, Tamara (800 000 entrées), bientôt Boule et Bill et Les Schtroumpfs, en attendant Le Grand méchant Renard et le Valérian de Luc Besson en juillet, puis Spirou et Gaston Lagaffe en 2018... En un an, pas moins d'une quinzaine de bandes dessinées auront été adaptées au cinéma. Avec souvent un succès à la clef, et pour les éditeurs, des ventes d’albums à la hausse.

Rencontre avec Laurent Duvault, directeur de developpement à l’international de Média Participation (qui regroupe les éditions du Lombard, Dargaud, Dupuis…)

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Pourquoi les producteurs s’emparent-ils de plus en plus de bande-dessinées pour tourner des films ?

Si la BD inspire beaucoup le cinéma, c’est d’abord parce qu’elle rassure : il y a un public déjà établi. Des personnages comme Spirou et Fantasio existent depuis 80 ans. Ils sont devenus par définition, des héros transgénérationnels que toute la famille connait et est à même de partager.

Auparavant, quand on adaptait une BD au cinéma, c’était pour en faire un film d'animation. Astérix et Lucky Luke ont longtemps été des dessins animés avant d'être incarnés par des acteurs. Aujourd’hui, les réalisateurs ou les producteurs pensent plus facilement, à faire du cinéma en "live action" (en chair et en os, ndlr) : c’est plus facile, plus rapide et moins cher. Surtout, les enfants ont l’habitude de regarder de plus en plus jeunes des films ou des séries TV avec de "vrais" acteurs.

L’adaptation de BD : une tendance lourde du cinéma ?

Oui, mais adapter une BD, ce n’est pas si simple. En fait, un album, c’est rarement un film. C’est rarement aussi long. Beaucoup d’albums sont des gags en une page, donc de toutes petites histoires. Pour faire un film d’une heure et demie**, il faut trouver une histoire beaucoup plus solide afin que les spectateurs ne s’ennuient pas et réinjecter des gags qui ont fait rire et qui ont plu dans la BD.**

Les secrets d’une adaptation réussie ?

Le cinéma reste un art difficile. Parfois, un film peut rater son public. Il est difficile de savoir ce qui va faire recette. Il suffit qu’il fasse beau pour que les gens n’aillent pas au cinéma, ou qu’un film que tout le monde attend sorte en face la même semaine… Pour bien adapter, il faut bien trahir. Il faut vraiment connaître, sentir, respecter l’univers. Et en même temps s’en détacher pour utiliser les codes du cinéma, pour utiliser les talents des acteurs. Il faut pouvoir raconter une autre histoire sans trahir, ni oublier le récit d’origine, sans le décalquer non plus, sinon il perd toute sa substance, et n’a aucune saveur à l’écran.

Écouter un extrait de l'entretien :

"Savoir adapter une BD, c'est savoir trahir" avec Laurent Duvault, directeur de developpement à l’international de Média Participation

52 sec

"Quai d'Orsay" : un exemple de succès ?

Quai d’Orsay un des exemples de film qui ne s’adresse pas à un public familial, mais à des adultes, qui a donné un film très réussi. C’est la magie de Bertrand Tavernier, et son intelligence d’avoir appelé les auteurs d’origine pour participer de près à l’adaptation. Ils ont nourri le film de la BD, mais aussi d’anecdotes qu’ils n’avaient pas pu mettre dedans. Ce qui donne un matériau très vivant dans lequel Thierry Lhermitte explose. Tavernier a réussi à transformer une fable politique qui, de l’extérieur, parait comme un peu sèche en une comédie amusante, plus que jamais d’actualité.

Des exemples d’échec ?

Parfois les trahisons vont trop loin. Il faut trahir, mais en même temps, respecter l’œuvre. Le film de Jan Kounen adapté de Blueberry a déstabilisé les vieux fans du cowboy. Mais Giraud était à bord, et il accepté que son Blueberry aille vers le territoire des champignons magiques. C’est difficile de dire que c’était un échec, vu que le dessinateur l’a voulu comme ça.

Regarder la bande-annonce de Blueberry, l'expérience interdite de Jan Kounen :

Plus près de nous, les films Lucky Luke et Les Daltons ont déçu. C’est vrai que Lucky Luke a des codes assez précis : malgré leur talent, Jean Dujardin et James Huth, le réalisateur, n’ont pas réussi à retrouver les fondamentaux de la BD. Lucky Luke, le film, était magnifique, les décors somptueux, mais il manquait cette étincelle d’humour et de légèreté que Chabat avait si bien su mettre dans Astérix et Obélix : mission Cléopâtre.

Regarder la bande-annonce d'Astérix et Obélix : mission Cléopâtre d'Alain Chabat avec Gérard Depardieu, Jamel Debbouze...

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► Lors du Salon livre Paris 2017 une conférence s’interrogera sur « La BD, nouvel eldorado, du cinéma ». L’occasion de faire le point sur les relations qu’entretiennent le 7e et le 9e art. Tout le programme de la Scène BD de Livre Paris

ALLER + LOIN

QUELQUES CHIFFRES :

  • La Vie d’Adèle (Palme d’or à Cannes, 1 million d’entrées)
  • Les Profs (3,9 millions)
  • Boule et Bill (2 millions)
  • Quai d’Orsay (700 000)

►►► France Inter au Salon Livre Paris 2017