
L'avocat de l'homme d'affaires a réclamé entre 516 millions et 1,174 milliard d'euros de réparation devant la cour d'appel de Paris, dans le cadre du litige qui l'oppose depuis plus de vingt ans au Crédit Lyonnais sur la revente d'Adidas. La cour d'appel rendra sa décision le 3 décembre.
Bernard Tapie dénonce depuis plusieurs années une "fraude", et estime avoir été victime d'une captation "préméditée", par les sociétés du Lyonnais, d'une partie substantielle de la valeur d'Adidas. Une version contestée par le Consortium de réalisation (CDR), structure publique qui gère le passif du Crédit Lyonnais.
Les précisions à la cour d'appel de Paris de Sara Ghibaudo
Toute la journée, deux lectures opposées de l'affaire Tapie se sont affrontées
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Pour son avocat Me Emmanuel Gaillard, le préjudice est non seulement financier mais aussi moral.
Vous réparerez en, je l'espère, les termes les plus fermes, l'injure faite à Monsieur Tapie et à son patrimoine.
Me Jean-Pierre Martel, avocat du CDR, estime au contraire que la vision de Bernard Tapie de toute cette affaire est une "conception romaesque, paranoïaque et de circonstance" du dossier . "Pour ce qui est de l'affaire Adidas, ma messe est dite", a-t-il affirmé.
Une nouvelle décision après l'annulation de l'arbitrage
La cour d'appel de Paris a annulé le 17 février dernier la sentence arbitrale qui, en 2008, avait accordé à Bernard Tapie 404 millions d'euro s avec les intérêts. Elle doit donc revoir l'affaire, et une nouvelle décision est attendue d'ici la fin de l'année.
En 1992, Bernard Tapie décidait, à la demande de François Mitterrand, de vendre ses actifs industriels pour se consacrer à son mandat de ministre de la Ville. Il donnait un mandat de vente de ses actions Adidas à une filiale du Crédit Lyonnais, pour 2,085 milliards de francs français. Mais lors de sa revente, en 1993, la valeur d'Adidas est estimée à 4,4 milliards de francs français. Puis, en 1995, lors de sa mise en bourse à Francfort, à 11 milliards de francs. "Au total, plus de deux milliards de francs français ont été attribués par elles-mêmes aux sociétés du Crédit Lyonnais" , estime mardi Me Emmanuel Gaillard.
Bernard Tapie, 72 ans, ne s'est pas présenté devant la cour d'appel de Paris pour cette audience cruciale. Il "a fait le choix de ne pas être présent compte tenu de la médiatisation extrême ", explique son avocat, qui assure de sa volonté de permettre "la sérénité des débats".