Bien avant le duel Nadal / Djokovic, le stade Roland-Garros, un hommage à l’aviateur hors norme

Publicité

Bien avant le duel Nadal / Djokovic, le stade Roland-Garros, un hommage à l’aviateur hors norme

Match à Roland Garros en 1934. Ici Robert Ramillon
Match à Roland Garros en 1934. Ici Robert Ramillon
© Getty - Keystone-France\Gamma-Rapho

L’édition 2020 de Roland Garros s’est achevée avec la victoire de l’Espagnol Rafael Nadal sur le Serbe Novak Djokovic. Pourquoi les internationaux de tennis de France s’appellent-ils "Roland Garros", du nom d’un pionnier de l’aviation depuis 1928, trois ans après leur création en 1925 ?

Pourquoi cet as, à peine joueur de tennis, a-t-il donné son nom à l’un des plus grands tournois de tennis au monde ? Avec Luc Robène, historien spécialiste de l’histoire du sport et Benoît Heimermann, journaliste, éditeur et écrivain. Son dernier ouvrage paru est une biographie : Albert Londres, La plume et la plaie (éditions Paulsen). Ils étaient tous les deux invités de Philippe Collin dans L’œil du tigre, l’émission sportive de France Inter.

Le pilote français Roland Garros meurt le 5 octobre 1918, à la veille de ses trente ans, à Vouziers, dans les Ardennes. Dix ans plus tard, Émile Lesieur, ami proche de Roland Garros, décide de donner le nom de l’aviateur au stade de tennis. 

Publicité

La faute à la coupe Davis !

Benoît Heimermann explique : "La Coupe Davis (compétition de tennis créée en 1900) est trustée à ses débuts par les Américains, les Anglais, et les Australiens. Tout à coup, en 1927, une petite équipe française apparaît. Ce sont les fameux mousquetaires, baptisés ainsi par Paul Claudel alors ambassadeur aux Etats-Unis. René Lacoste, "le Crocodile" (1904-1996), Jean Borotra, "le Basque bondissant" (1898-1994), Henri Cochet, "le Magicien" (1901-1987), Jacques Brugnon, "Toto" (1895-1978) vont battre les Etats-Unis. 

Et l'année suivante, en tant que vainqueur de la Coupe Davis, ils doivent recevoir. Pour cela, il leur faut un stade digne de cette aventure. 

A l'époque, un terrain assez important du côté de la Porte d'Auteuil à Paris se trouve libre. Il mesure trois hectares. Des sociétés immobilières, mais aussi sportives, le convoitent : la Société sportive du Louvre, la Fédération française de boxe… Un consortium se réunit autour du Stade Français. Emile Lesieur, ancien camarade de Roland Garros, y siège. Avec l'aviateur, ils se sont connus à HEC et il veut perpétuer la mémoire du disparu. Il se dit prêt à investir à la seule condition que le stade s'appelle Roland Garros. Il obtiendra gain de cause assez facilement. Or il n'y avait aucune raison qu'on ne donne le nom d'un aviateur à ce stade. 

Roland Garros est un stade moderne, ce qui convient à la mémoire du pilote épris de nouveautés. Pour la première fois, on fait appel à un architecte spécialisé dans les équipements sportifs. Le stade est copié sur l'hippodrome de Buenos Aires".

Roland Garros a un peu joué au tennis

Benoît Heimermann : "Malade, assez chétif, Roland Garros n’est pas un sportif. Né à la Réunion, il a grandi à Saïgon et où il est souvent malade. Ses parents pensent que le bon air des hauteurs de Cannes lui fera du bien et l'y envoient en 1900, il a 12 ans. Effectivement, le futur pilote se porte mieux, et surtout, il découvre le sport. Tous les sports ! C'est un boulimique qui joue au football, fait du vélo (il sera même champion de France scolaire de cyclisme). Il joue également au tennis parce que le tennis est la grande affaire de la Côte d'Azur à l'époque. 

Mais ce qui l'intéresse surtout, c'est la nouveauté.

Roland Garros aime le modernisme, ce qui bouge, le téléphone, l'électricité et tous les moyens de locomotion. Il est obsédé par sa bicyclette. Et bientôt par les voitures, puis les avions".

Avec : 

  • Luc Robène, historien spécialiste de l’histoire du sport
  • et Benoît Heimermann, journaliste, éditeur et écrivain. Son dernier ouvrage paru est une biographie : "Albert Londres, La plume et la plaie" éditions Paulsen.