"Bienvenue à Marwen" de Zemeckis : graphiquement "virtuose", certes… mais aussi "d'un ennui mortel"

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"Bienvenue à Marwen" de Zemeckis : graphiquement "virtuose", certes… mais aussi "d'un ennui mortel"

"Bienvenue à Marwen", le nouveau film de Robert Zemeckis, est dans les salles depuis le 2 janvier 2018
"Bienvenue à Marwen", le nouveau film de Robert Zemeckis, est dans les salles depuis le 2 janvier 2018
- Universal Pictures International France

Le film de Robert Zemeckis ("Qui veut la peau de Roger Rabbit", "Forrest Gump"…) a beaucoup déçu les critiques du "Masque & la Plume"… Explications.

Le film de Robert Zemeckis résumé par Jérôme Garcin

(D’après une histoire vraie) 

Un soir un peu trop alcoolisé, Mark Hogancamp (Steve Carell) se fait méchamment  tabasser dans un bar pour avoir avoué son goût du travestissement. Il tombe dans le coma, et se réveille amnésique. Il décide alors de se créer un monde imaginaire, « Marwencol », où il reconstitue une ville belge pendant la Seconde Guerre mondiale, qu'il peuple  de poupées représentant sa famille et ses amis - et où il met en scène l’agression dont il a été victime, avec les Nazis dans le rôle des agresseurs. Les femmes étant ici les guerrières courageuses, généreuses et avantageuses...

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Xavier Leherpeur : "On  a un très joli petit laboratoire d'images, mais ça ne fait pas un film !"

Une fois qu'on a vu la virtuosité avec laquelle Robert Zemeckis mettait en scène ce fantasme gynécéen (puisque ce sont surtout des femmes très plantureuses qui sauvent ce mec de toutes les situations), quand le héros (Steve Carell) sort de ses fantasmes et qu'on voit la manière dont il reconstitue de toutes petites parties de son mental et de sa vie avec des miniatures, et qu'on a subitement, avec la caméra de Robert Zemeckis, à la fois la miniature et le réel qui cohabitent : là, il y a vraiment quelque chose sur le mental de cet homme à la recherche de sa mémoire et de la raison de son agression... Tout cela est très beau

Mais une fois que c'est posé, au bout d'une demi heure, ça ne raconte plus grand chose d'extrêmement intéressant. Une fois que Robert Zemeckis a posé graphiquement la manière dont cet homme est en train de chercher une raison de vivre - ou en tous cas une raison à sa mémoire défaillante - on a l'impression que le sujet ne l'intéresse plus du tout. Il n'y a pas d'émotion, pas d'empathie avec le personnage... 

Xavier Leherpeur : "Le film de Zemeckis est inspiré d'un documentaire qui avait été réalisé sur cet artiste"
Xavier Leherpeur : "Le film de Zemeckis est inspiré d'un documentaire qui avait été réalisé sur cet artiste"
- Universal Pictures International France

Charlotte Lipinska a trouvé le film "visuellement assez impressionnant, très inventif"... mais d'un "ennui mortel" !

C'est visuellement assez impressionnant, très inventif. Il y a quelques idées de mises en scène dans ce mélange de prises de vue réelles et de motion pictures, avec ces personnages animés, qui marchent vraiment très bien. C'est même assez beau

Mais comme le dit Xavier, une fois que c'est posé, cet aller-retour constant entre la vie de cet homme et son imaginaire, pendant 1h50, on n'en peut plus !

Charlotte Lipinska : "Ce qui intéresse Robert Zemeckis, visiblement, ce n'est pas tant de dénoncer l'agression homophobe extrêmement violente mais plutôt de faire une ode à l'art, à ce chemin résilient que va trouver cet homme, qui devient artiste."
Charlotte Lipinska : "Ce qui intéresse Robert Zemeckis, visiblement, ce n'est pas tant de dénoncer l'agression homophobe extrêmement violente mais plutôt de faire une ode à l'art, à ce chemin résilient que va trouver cet homme, qui devient artiste."
- Universal Pictures International France

Steve Carell est mono expressif, c'est-à-dire qu'il est placide du début à la fin et il y a pour moi un manque d'empathie total - je n'ai eu aucune émotion alors que, quand même, un homme dans ce petit village qui aime porter des talons aiguilles et qui se fait tabasser la gueule, on a de quoi être ému !

À l'arrivée, c'était l'ennui mortel pour moi !

Charlotte Lipinska : "Ce trauma initial nous est raconté une fois, deux fois, trois fois avec une musique sursignifiante à chacune de ces explications"
Charlotte Lipinska : "Ce trauma initial nous est raconté une fois, deux fois, trois fois avec une musique sursignifiante à chacune de ces explications"
- Universal Pictures International France

Sophie Avon jugé le film mièvre

Par quel miracle cette histoire géniale racontée avec des figurines devient cette fabrique hollywoodienne tellement conventionnelle ? C'est très curieux.

En effet, il y a des allers-retours qui rendent le film extrêmement répétitif... Et puis surtout ça finit par être mièvre ! Alors qu'on devrait être en larmes...

C'est quand même une superbe idée : comme les enfants, qui se construisent et ont besoin d'avoir des représentations, lui se reconstruit grâce à ces petites figurines... c'était génial ! Mais c'est bouffé par les bons sentiments

Nicolas Schaller

Je suis assez d'accord avec vous... Je serai un peu plus indulgent parce que Zemeckis est un cinéaste que j'aime bien et que je trouve intéressant. Là, ç'aurait vraiment pu être un pot-pourri de son cinéma : il essaie de rejoindre la part enfantine de son cinéma (Roger Rabbit, Retour vers le futur…) et la part un peu plus adulte (les derniers films comme Flight). Le problème, c'est que là il essaie un entre-deux... C'est un film qui devrait célébrer l'imaginaire et le film en manque beaucoup !

Il y a quand même des fulgurances de mise en scène qui me réveillent régulièrement, des plans séquences qui sont vraiment impressionnants et puis le trouble esthétique que créé ce changement d'échelle avec la performance capture. Il y a parfois des idées de mise en scène formidables qui malheureusement manquent d'incarnation, de récit et de dramaturgie...

Nicolas Schaller : "C'est dommage parce que le film aurait pu avoir, dans ce mélange d'enfance et de part adulte, quelque chose d'un peu plus ingrat, méchant"
Nicolas Schaller : "C'est dommage parce que le film aurait pu avoir, dans ce mélange d'enfance et de part adulte, quelque chose d'un peu plus ingrat, méchant"
- Universal Pictures International France

Aller plus loin

🎧 Écoutez l'ensemble des critiques échangées à propos du film sur le plateau du Masque et la Plume... 

"Bienvenue à Marwen" de Robert Zemeckis : les critiques du Masque et la Plume

7 min

Chaque dimanche à 20h, retrouvez les critiques du Masque et la Plume réunis autour de Jérôme Garcin pour parler cinéma, théâtre ou littérature.

À noter que d'autres critiques de films du Masque et la Plume sont à retrouver ici !