L'ancien président appelle à l'unité autour de la candidate à la Maison Blanche, malmenée par les partisans de Bernie Sander, qui refusent de la soutenir.
L'ancien locataire de la Maison Blanche devra trouver le ton juste pour aider Hillary à assouvir une ambition politique ancienne : devenir la première femme présidente des Etats-Unis. Au deuxième jour de la convention de Philadelphie, les démocrates, échaudés par deux sondages qui ont vu Donald Trump se hisser à égalité voire légèrement en avance sur leur candidate dans deux sondages, devraient s'employer à panser les plaies.
Discours d'unité de Bernie Sanders
La première journée a démarré dans une certaine cacophonie sous l'impulsion de certains des partisans de son rival malheureux des primaires, Bernie Sanders, qui ne veulent se résoudre à la défaite et ont ont fait une démonstration de force, en scandant "Bernie!", "Bernie!". Ce dernier a clairement opté pour l'unité dans un discours prononcé dans une salle chauffée à bloc par le discours de la première dame, Michelle Obama, qui a enthousiasmé les quelque 5.000 délégués rassemblés à "Philly". "Si l'on se réfère à ses idées et à son leadership, Hillary Clinton doit devenir la prochaine présidente des États-Unis", a déclaré Bernie Sanders.
L'ancienne chef de la diplomatie américaine, qui sera officiellement désignée candidate de son parti mardi, ne prendra la parole que jeudi. Depuis la fin de la convention républicaine à Cleveland, la stratégie des démocrates consiste à mettre en avant une Amérique porteuse d'espoirs et qui avance, pour mieux marquer le contraste avec la vision sombre mise en avant par le clan Trump. "Ne laissez personne vous dire que ce pays n'est pas formidable, que quelqu'un doit lui rendre sa grandeur", a lancé Michelle Obama à la tribune.
Excuses sincères
Mais depuis le début de la convention, les divisions sont présentes. La divulgation par Wikileaks de 19.000 courriels suggérant que le Comité national démocrate (CND) a cherché à saborder la campagne Sanders a mis à mal le front uni que souhaitaient présenter les dirigeants du parti pour mieux contrer la campagne accidentée du candidat républicain Donald Trump.
L'instance dirigeante du parti a présenté ses excuses à Bernie Sanders après la publication par Wikileaks de courriels du CND questionnant notamment son athéisme et évoquant sa judaïté. "Au nom de tout le monde au CND, nous voulons présenter au sénateur Sanders nos profondes et sincères excuses pour les remarques impardonnables faites par courriel", a dit lundi le CND dans un communiqué.
Battu lors de la primaire démocrate par l'ex-secrétaire d'Etat, Bernie Sanders a dénoncé à plusieurs reprises les oppositions du parti dont il aurait fait l'objet. Investi la semaine dernière à Cleveland dans l'Ohio par le Parti républicain, Donald Trump a pratiquement refait son retard sur sa rivale démocrate dans les intentions de vote selon le dernier sondage Reuters/Ipsos. Un sondage CNN/ORC lui donne même trois points d'avance, à 48% contre 45%.
Une piste russe ?
Le sénateur du Vermont a contribué lui-même au malaise de lundi en réclamant et obtenant dimanche la démission de la présidente du Parti démocrate, Debbie Wasserman Schultz, après la publication des courriels incriminants. Debbie Wasserman Schultz, qui s'exprimait lundi quelques heures avant l'ouverture officielle de la convention devant des délégués de son Etat, la Floride, s'est fait huer.
La présidente démissionnaire du Comité national démocrate a annoncé par la suite qu'elle renonçait à prononcer le discours d'ouverture de la convention. Les partisans de Sanders, plus jeunes et plus marqués à gauche que ceux de Clinton, ont accueilli avec amertume ces courriels qui donnent du crédit aux accusations formées par leur champion pendant la primaire. Ils étaient déjà déçus que Clinton ait choisi comme colistier le sénateur modéré de Virginie Tim Kaine plutôt qu'Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts et figure de la gauche du parti.
Le FBI a annoncé qu'il enquêterait sur le piratage qui a conduit à la publication de ces courriels. L'équipe de campagne de Clinton s'est publiquement interrogée sur une possible piste russe, notant que Trump avait eu des mots élogieux à l'égard de Vladimir Poutine et que Moscou pourrait avoir intérêt à favoriser son élection. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a démenti ces accusations en marge d'une réunion avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry au Laos. "Je ne veux pas utiliser de gros mot", a-t-il dit à des journalistes qui l'interrogeaient sur la responsabilité russe dans le piratage des courriels.