Blanquer, Borne, Sarkozy, Mattei... quand les vacances au soleil des politiques créent la polémique

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Blanquer, Borne, Sarkozy, Mattei... quand les vacances au soleil des politiques créent la polémique

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Jean-Michel Blanquer, Elisabeth Borne, Nicolas Sarkozy et Jean-François Mattei ont déjà été au coeur d'une polémique à cause de leur lieu et timing de vacances.
Jean-Michel Blanquer, Elisabeth Borne, Nicolas Sarkozy et Jean-François Mattei ont déjà été au coeur d'une polémique à cause de leur lieu et timing de vacances.
© Maxppp - Maxppp

Jean-Michel Blanquer est au cœur d'une nouvelle polémique. Comme l'a révélé Médiapart, le ministre de l'Education nationale était en vacances à Ibiza, la veille de la rentrée scolaire de janvier. Un séjour qui passe mal en pleine crise sanitaire. Avant lui, d'autres ont fait scandale suite à leur séjour au soleil.

L'interview avait déjà fait couler beaucoup d'encre. Le dimanche 2 janvier 2022, soit la veille d'une rentrée scolaire particulièrement tendue à cause de la situation sanitaire, le ministre de l'Education nationale dévoilait le nouveau protocole sanitaire à l'école dans une interview accordée au "Parisien/Aujourd'hui en France",  article payant dans un premier temps. Une manière de communiquer qui n'a pas du tout été appréciée par les enseignants, plus globalement le personnel de l'Education nationale, et les parents d'élèves.

Pour ne rien arranger à la situation d'un ministre déjà très contesté, Médiapart a révélé lundi soir que Jean-Michel Blanquer était en vacances à Ibiza au moment de l'interview. L'entretien au quotidien a été accordé par visioconférence depuis l'île des Baléares, en Espagne. Depuis, les réactions s'enchainent et l'opposition réclame la démission du ministre. "Ça va forcément creuser encore plus le fossé qui existait déjà entre le ministre et ses personnels" s'est aussi désolée Guislaine David, porte-parole du SNUipp-FSU, principal syndicat du secondaire. Mais si Jean-Michel Blanquer est dans l’œil du cyclone, ce n'est pas la première personnalité politique à créer la polémique à cause de ses vacances et de leur timing. D'autres l'ont fait avant lui.

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2019 - Elisabeth Borne à Marrakech en pleine grève contre la réforme des retraites

Fin décembre 2019, Elisabeth Borne est alors ministre de la Transition écologique et solidaire. Le contexte social est tendu, en raison des grèves contre la réforme des retraites. La mobilisation du personnel de la SNCF perturbe les vacances de milliers de Français. Quelques jours avant les fêtes de fin d'année, le message du Président aux ministres du gouvernement est de ne pas donner l'impression d'être en vacances et de se mobiliser sur le terrain, alors que la colère gronde dans le pays. Cependant, le 24 décembre, soit la veille de Noël, le Parisien révèle qu'Elisabeth Borne est à Marrakech, au Maroc, pour quelques jours de repos.

Très vite la polémique enfle. Son entourage précise qu'elle n'est partie "que quelques jours" et sera "intégralement à son bureau" la semaine d'après. "Il n'y a pas de règle kilométrique ou d’interdiction de sortie du territoire pour les ministres, l’important est qu’elle est totalement joignable et mobilisable, en lien permanent avec son cabinet et ses secrétaires d'État, et qu’elle peut être de retour à Paris en quelques heures. Le reste relève de sa vie privée", conclut son cabinet.

Du côté de l’opposition, on crie au scandale. "C'est un peu choquant de voir un ministre important du gouvernement qui  va prendre des petites vacances dorées à Marrakech" déclare par exemple Claude Goasguen, député Les Républicains de la 14e circonscription de Paris. Gérard Filoche, ancien représentant de l'aile gauche du PS, dénonce lui, des "gens méprisants, cyniques".

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Quelques jours plus tard, Elisabeth Borne riposte dans plusieurs interviews accordées aux médias. "Je suis convaincue que savoir comment j'ai passé Noël ne passionne pas les Français. Ce qui me semble important, c’est que chaque jour, où que je sois, je suis totalement à ma tâche, je suis totalement mobilisée, en contact permanent avec mes  équipes, mes secrétaires d’État et mes collègues du gouvernement. Ce qui importe les Français, c’est que nous soyons tous mobilisés pour eux, et c’est bien le cas", s'était défendue la ministre.

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2013 - Filippetti sur l'île Maurice et Fabius à Zanzibar

L'année 2013 commence à peine que l'exécutif fait déjà face à une première polémique. Après avoir tout d'abord prétendu le contraire, Aurélie Filippetti, alors ministre de la Culture, reconnaît, selon le Lab d'Europe 1, avoir passé ses vacances de Noël à l'île Maurice. Quelques jours avant les fêtes de fin d'année, le président François Hollande avait alors exigé du gouvernement des vacances studieuses et rappelé qu'une "année faisait 365 jours et qu'il attendait de chacun (...) présence et vigilance".

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Alors que les critiques fusent, Aurélie Filippetti se défend : "Ce voyage m'a été offert par mon compagnon. Dès que j'ai connu la teneur de ce cadeau, j'en ai averti le président de la République, qui m'a autorisée à partir." La ministre assure être restée en "contact permanent avec son cabinet" pendant son séjour au soleil. Des photos de la ministre en maillot de bain sont alors diffusées par le magazine people Voici. Contacté, l'Elysée confirme avoir "autorisé Aurélie Filippetti à partir si loin à titre exceptionnel, pour des raisons privées" estimant que "la ministre de la Culture n'était pas, dans son ministère, dans un rythme d'urgence quotidienne, à l'inverse du ministre de l'Intérieur, par exemple".

Peu de temps après, toujours en janvier 2013, c'est au tour de Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères, d'être critiqué pour un séjour à Zanzibar, une île africaine située à une quinzaine d'heures de vol de Paris. Sa conseillère explique qu'il a pris "quelques jours de repos". "Laurent Fabius passe quatre jours par semaine à l'étranger, il est plus qu'habitué au travail à distance", avait alors insisté son entourage auprès du Lab d'Europe 1.

2011 - Michèle Alliot-Marie en Tunisie

La polémique commence au début de l'année 2011. Michèle Alliot-Marie est depuis peu ministre des Affaires Etrangères, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Elle reconnaît, le 30 janvier, avoir passé ses vacances en Tunisie, "comme des millions de Français". Mais, quelques jours plus tard, "Le Canard enchaîné" révèle que la ministre, accompagnée de son compagnon Patrick Ollier, ministre des relations avec le Parlement, et de ses parents, a profité à titre gracieux d'un jet privé appartenant à Aziz Miled, homme d'affaires proche du clan Ben Ali-Trabelsi, et Belhassen Trabelsi, beau-frère du président déchu.

La ministre affirme avoir "payé ses vacances", mais n'est pas en mesure de préciser à quel nom a été établie la note de l'hôtel d'Aziz Miled. Michèle Alliot-Marie admet avoir voyagé dans l'avion privé de ce dernier. La polémique enfle, les critiques fusent et certains appellent à sa démission. "Je n'ai pas pensé à mal", se défend la ministre, en ajoutant qu'au vu de la "polémique" et "l'émotion" suscitées, elle ne referait pas un tel voyage dans ces conditions. "Je n'ai pas fait attention, probablement parce qu'il s'agissait d'amis", a-t-elle admis, en se disant "meurtrie de voir" ce dont elle est accusée.

2007 - Nicolas Sarkozy sur le yacht de Vincent Bolloré

Quelques jours à peine après sa victoire à l'élection présidentielle, en mai 2007, Nicolas Sarkozy est au cœur d'une première polémique. Le nouveau chef de l'Etat passe des vacances en famille à Malte, sur un yacht mis à disposition par l'homme d'affaires Vincent Bolloré. Le Paloma, un palace flottant de 60m de long qui se loue jusqu'à 200.000 euros la semaine. Afin d'arriver sur l'archipel, il a également voyagé à bord d'un Falcon 900 EX, un petit avion appartenant au patron du groupe Bolloré. 

Le séjour est au frais du milliardaire, qui se dit d'ailleurs honoré d'avoir reçu le futur président. Après un footing, Nicolas Sarkozy improvise alors un point presse devant les caméras et prévient : "Je n'ai pas l'intention de me cacher, pas l'intention de mentir, pas l'intention de m'excuser. (...) Vincent Bolloré est mon ami depuis 20 ans, cela fait 20 ans qu'il m'invite et 20 ans que je refuse. (...) Vincent Bolloré est un des grands industriels français, il n'a jamais travaillé avec l'État, il fait honneur à l'économie française."

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Une escapade dorée, façon jet-set qui scandalise la gauche, à commencer par Jean-Marie Le Guen, à l'époque député PS de Paris, qui dénonce une croisière de star. "Mais ce qui est peut-être plus choquant, c'est que le futur président de la République se fasse sponsoriser ses loisirs par des personnages puissants, riches mais qui attendent aussi de l'état un certain nombre d'avantages." Le porte-parole de campagne de Ségolène Royal, Vincent Peillon, évoque "une forme d'arrogance et même d'insulte", "une faute de goût" et une attitude "indécente". Il dénonce : "On n'a jamais vu, à ce point, quelqu'un qui affiche de façon très provocatrice le goût de l'argent et sa proximité avec les milieux d'affaires, à peine élu."

2003 - Le ministre de la Santé Mattei interviewé en polo dans le Sud en pleine canicule mortelle

La canicule de 2003 a marqué les esprits après avoir causé la mort d'environ 15.000 Français. Les températures grimpent à 37°C sur tout le territoire et jusqu’à 44°C dans le Gard. Jean-François Mattei est à l'époque ministre de la Santé, sous la présidence de Jacques Chirac. Il se retrouve alors vivement critiqué suite à une interview accordée durant le mois d'août au journal du 20h de TF1. Invité à réagir sur le drame, Jean-François Mattei s'affiche en polo, dans le Var, à l’ombre des pins  provençaux, où il profite des vacances d'été.

Cette sortie médiatique est très mal perçue, et enflamme la polémique naissante sur le manque de réaction du  gouvernement. "Je ne pense pas du tout qu'il y ait eu une sous-estimation. Pour sous-estimer, il faut être averti, or cette canicule n'était pas prévisible", se justifie le ministre, qui, depuis cet épisode désastreux, est sorti des écrans radars de la politique.

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Comme l'explique Le Figaro, mi-août, le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, réagit et interrompt ses vacances en Haute-Savoie pour présider une réunion de crise à Matignon. Par son retour surprise à Paris, le chef du gouvernement cherche également à corriger l'impression, justifiée ou non, que ses ministres ont réagi avec retard.

Neuf ans après la polémique Jean-François Mattei revient sur cet épisode dans "Le Monde". "Là, j’ai été bête. Au lieu de rentrer à Paris, j’accepte d’accueillir chez moi le camion de TF1 : première bêtise. Ensuite, l’équipe de télévision préfère faire l’interview à l’extérieur et je cède : deuxième bêtise. (…) Je reste donc en polo : troisième bêtise". L'ex-ministre reconnaît d'ailleurs avoir été "à côté de la plaque".

2000 - Chirac sur l'île Maurice

En août 2000, Jacques Chirac est épinglé par un article de "Paris Match". Le journal dévoile les photos de la suite présidentielle du Royal Palm de l'île Maurice, où Jacques Chirac a passé ses trois semaines de vacances d'été, et surtout  son prix : 21.972 francs par jour (21.000 euros environ), soit 460.000 francs (442.000 euros) pour la totalité du séjour.

L'Elysée est embarrassée, critique le magazine et répond à une rumeur qui prétend que le président bénéficiait gratuitement de ces vacances de rêve. "Ce sont des vacances privées, le président les a payées, un point c'est tout", assure à l'époque l'entourage du chef de l'Etat. "Seuls les gardes du corps du président ont vu leurs frais de séjour pris en charge par la République, mais cela n'est pas anormal puisque c'est une contrainte imposée par sa fonction".

Comme l'explique Le Monde, l'affaire crée des tensions au sein de Paris Match après que l'hebdomadaire ait présenté ses "excuses" à Jacques Chirac pour avoir publié certaines informations "inexactes", notamment concernant un achat de tapis de soie qui n'a jamais eu lieu. Une partie de la rédaction s'est ainsi désolidarisée de ce communiqué et a soutenu l'honnêteté de cette enquête. Quelques semaines plus tard, Canal+ enverra sur place une équipe de journalistes, en vue de la diffusion d'un reportage en septembre 2000 dans l'émission "Nulle part ailleurs". L'auteur du reportage, John-Paul Lepers déclare que "le comptable de l'hôtel nous a affirmé que le chef de l'Etat avait bien payé la note de  son séjour".

1999 - Dominique Voynet à la Réunion en pleine catastrophe de l'Erika

Nous sommes en décembre 1999. Le fioul relâché en mer par le pétrolier maltais Erika se rapproche des côtes françaises. La ministre de l'Environnement de l'époque est Dominique Voynet. Comme le raconte le Figaro, alors en vacances sur l'île de la Réunion, elle est épinglée pour son absence. "Ma présence sur place avec un ciré et des bottes ne servirait à rien", rétorque-t-elle à "France Soir", en refusant d'interrompre ses congés. En pleine tourmente, elle va jusqu'à déclarer que ce naufrage n'est "pas une catastrophe écologique".

Face à l'ampleur de la polémique, la ministre finit tout de même par abréger son séjour, censé durer jusqu'au 28 décembre. "Je l'avais dit à mon équipe et je l'ai fait. Dès qu'il y aura une menace concrète de pollution sur la côte, je serai là", affirme-t-elle le 24. Dès le lendemain, elle se rend à Nantes, ainsi qu'en plusieurs points du littoral de Vendée, pour se rendre compte de la situation. Cependant, dans l'opinion, le mal est fait. "Ma présence physique ne s'imposait pas alors que la marée noire était photographiée et mesurée en mer",  maintient Dominique Voynet 24 heures plus tard, tout en reconnaissant avoir "sous-estimé la pression médiatique".

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1969 - Les vacances simples de Pompidou

Les vacances des politiques, un moment toujours scruté avec attention par les observateurs et qui peut donc faire naître des polémiques. Si on remonte encore plus loin dans le temps, il est possible d'évoquer les vacances de l'ancien président Georges Pompidou. L’habitué des promenades jet-set à Saint-Tropez et des séjours dans son manoir breton, a laissé de côté, suite à son élection en 1969, ses habitudes bourgeoises pour se rapprocher des Français et ne pas écorner son image.

"Même si je prends un bain de soleil, je ne peux pas ne pas me rappeler que je suis chef de l’État et qu’à ce titre j’ai des responsabilités que je ne peux déléguer à personne et qui pèsent sur moi en permanence" avait ainsi déclaré, lors d’une interview donnée à l’Élysée, le nouveau président.