Boues rouges, écotaxe, Notre-Dame-des-Landes : ces cailloux dans la chaussure gouvernementale
Par Julie Guesdon
Ségolène Royal reproche depuis début septembre à Manuel Valls les "boues rouges" qui polluent les Bouches-du-Rhône. Un bras de fer de plus entre l'Écologie et le gouvernement.
L'Environnement, c'est un poste compliqué quand on est ministre de François Hollande. Dernier bras de fer en date, celui entre l'actuelle ministre de l'Environnement, et Manuel Valls. Le Premier ministre a fortement critiqué les prises de paroles récentes de Ségolène Royal, sur France 3 et dans Le Parisien.
La ministre y explique qu'elle n'avait pas pu s'opposer fin 2015 au renouvellement de l'autorisation du rejet de boues rouges au large des Bouches-du-Rhône, des déchets polluants de l'usine Alteo. Cette décision, défendue par Manuel Valls, avait permis de préserver "des milliers d'emplois".
Ce n'est pas la première fois que l'industrie fait plier le gouvernement sur des questions écologiques : retour sur quatre "couacs" verts.
L'écotaxe : un flop à 1 milliard d'euros
Actée le 26 avril 2007, à l'occasion du Grenelle de l'Environnement, une taxe poids-lourds est créée le 20 octobre 2011. Partenariat avec la société Ecomouv, l'écotaxe doit rapporter au moins 800 millions d'euros chaque année à l'État.
Mais en août 2013, un premier portique est détruit dans le Finistère par des manifestants. Agriculteurs, transporteurs, artisans et salariés dans l'agroalimentaire s'associent et forment "les bonnets rouges". Leur forte mobilisation conduira le gouvernement à une remise à plat de l'écotaxe, le 3 avril 2014. Cette annonce de report sine die se traduit ensuite par un abandon total du projet. Résultat : 170 portiques inutilisables et 969 millions d'euros à rembourser.
Les bus Macron, pas vraiment plus écolo que le train
Autre point d'achoppement entre les écologistes et le gouvernement : les bus Macron. En pleine réflexion sur les engagements de la France en matière de transition énergétique, le ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique relance les voyages par autocar à l'automne 2014. Plus économiques, les bus "Macron" sont aussi "plus écologiques", si l'on en croit les propos de François Hollande.
Sauf que non. Ce comparateur de l'Ademe, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, démontre qu'un trajet en autocar émet bien plus de CO2 et consomme davantage d'énergie que sur la même distance, en train.
Quand Delphine Batho s'échoue sur le budget sur la sécurité nucléaire
Parce qu'elle avait osé critiquer le "mauvais" budget 2014, alors qu'il était en discussion au Parlement, Delphine Batho a été remerciée le 2 juillet 2013 par François Hollande. À l'origine de ce désaccord, la décision du gouvernement de réduire de 10% le budget alloué à la sécurité nucléaire.
Avant elle, Nicole Bricq avait connu un sort assez comparable après ses prises de positions sur les forages offshore. Sa très courte carrière s'était résumée à une remise à plat - qui n'a jamais vraiment eu lieu - des permis de forage au large de la Guyane. Après plusieurs communiqués du gouvernement, Nicole Bricq est "transférée" au Commerce extérieur.
Notre-Dame-des-Landes : le passage en force
Autre point de tension largement discuté au sein du gouvernement : le projet d'aéroport de Notre-Dames-des-Landes, passé en force malgré les protestations des écologiques. Depuis l'origine du projet dans les années 60, NDDL (pour les intimes) est un sujet local très épineux. Mis entre parenthèses en juillet 2003, après un débat public qui n'a abouti à aucun consensus, le projet est de retour en 2008, lorsqu'il est déclaré d'utilité publique.
Après de nombreuses manifestations et une mobilisation importante, François Hollande annonce, début 2015, que le projet sera mené à terme, une fois "tous les recours épuisés". Pour apporter du crédit à ses propos, un référendum est organisée le 26 juin 2016. Le "Oui" l'emporte.