Bouton "éditer", modération, algorithme : ce qu'a dit Elon Musk sur son projet pour Twitter

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Bouton "éditer", modération, algorithme : ce qu'a dit Elon Musk sur son projet pour Twitter

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C'est lors d'une intervention TED qu'Elon Musk a pris la parole sur sa vision de Twitter
C'est lors d'une intervention TED qu'Elon Musk a pris la parole sur sa vision de Twitter
© AFP - Ryan Lash / TED Conferences, LLC

Le réseau social Twitter est sur le point de tomber entre les mains du milliardaire Elon Musk. Alors que la communauté des "twittos" se demande ce qu'il va faire de la plateforme, celui-ci a déjà apporté la plupart des réponses dans une conférence TED la semaine dernière.

A quoi va ressembler le Twitter d’Elon Musk ? S’il y a assez peu de doutes sur la vision très libertaire du milliardaire, qui a à plusieurs reprises déploré le manque de liberté d’expression sur la plateforme, des questions concrètes restent encore en suspens. Comment voit-il le futur de la modération ? Du signalement de comptes ? Et le fameux bouton "éditer" que Twitter a si longtemps rechigné à développer ?

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En réalité, la quasi-totalité des réponses à ces questions existent déjà. D’abord, dans les tweets de l’homme d’affaires, qui fédère plus de 80 millions d’abonnés sur Twitter, et semble vouloir faire la pluie et le beau temps sur ses affaires via le réseau social (il a, à plusieurs reprises, été pointé du doigt, soupçonné de vouloir jouer sur le cours de l’action de son entreprise Tesla en tweetant des informations). Depuis qu’il lorgne sur Twitter, Elon Musk a tweeté son attachement à la liberté d’expression, ou, par exemple, a lancé un sondage pour jauger si les utilisateurs attendaient la possibilité de modifier un tweet.

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"Je me fiche de la dimension économique"

Mais c’est surtout dans une intervention lors d’une conférence TED, le 14 avril dernier, qu’Elon Musk a presque tout dit sur sa vision du réseau social qu’il s’apprête à acheter. Interrogé sur les raisons de son offre, il a ré-exposé l’argumentation qu’il avait déjà développée : "Je pense qu’il est très important qu’il existe une arène inclusive pour la liberté d’expression. Twitter est devenu, de facto, une sorte de place au centre de la ville, une place publique. Il est très important que les gens aient la sensation qu'ils peuvent s'exprimer librement, dans les clous de la loi - et qu'ils aient réellement cette liberté", dit-il, ajoutant que ce que cela représente économiquement lui importe peu.

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"Mon intuition profonde, c’est qu’avoir une plateforme publique qui inspire beaucoup de confiance et largement inclusive, est extrêmement important pour la civilisation. Je me fiche de la dimension économique".

"Si j’achète Twitter et que quelque chose se passe mal, ce sera ma faute, à 100%", affirme-t-il. Interrogée sur la portée exacte de la liberté d'expression qu'il affirme défendre, il explique : "Twitter, ou n’importe quel forum, est délimité par les lois du pays dans lequel il est actif. Évidemment, il y a des limitations à la liberté d’expression aux États-Unis, et évidemment Twitter devra se conformer à ces règles", affirmant que par exemple appeler à ouvrir le feu dans un lieu public serait bien un crime.

Les bannissements et le retour de Trump sur Twitter

Là où le discours d’Elon Musk devient plus intéressant - et éclaire mieux encore ce que pourrait être Twitter dans quelques semaines, ou quelques mois, c’est lorsque l’homme d’affaires est interrogé sur les tweets qui ne tomberaient pas sous le coup de la loi, mais qui seraient à la limite de la légalité : "Je dirais que s’il y a un doute, il faut laisser exister cette parole. Si un tweet est dans une zone grise, on peut le laisser exister. Mais dans le cas où c’est quelque chose qui peut être très controversé, on peut faire en sorte que le tweet ne soit pas mis en avant". Alors que l'une des grandes questions serait la réintégration de Donald Trump au réseau social, la réponse qui suit laisse peu de doute :

Je ne peux pas vous dire que j’ai toutes les réponses, mais je pense que nous voulons être très réticents à supprimer des tweets, que nous devons être très prudents avec les bannissements définitifs. Les suspensions sont une solution meilleure que les suppressions de comptes.

Elon Musk ajoute : "Comme j’ai dit, ce ne sera pas parfait. Mais je pense qu’on doit vraiment avoir le sentiment et la réalité d’une liberté d’expression aussi forte que possible. Un bon indicateur de la liberté d’expression, c’est si quelqu’un que vous n’aimez pas a la possibilité de dire quelque chose que vous n’aimez pas. Si ça, ça peut arriver, alors la liberté d’expression est là. Et c’est super agaçant, quand quelqu’un que vous n’aimez pas dit quelque chose que vous n’aimez pas. Mais c’est le signe d’une situation de liberté d’expression saine et qui fonctionne".

Algorithme transparent et modération humaine limitée ?

Concrètement, comment veut-il faire fonctionner son réseau social ? Elon Musk mise beaucoup sur un algorithme qui serait totalement transparent : "L’une des choses que devrait faire Twitter à mon sens, c’est rendre public le code de son algorithme, et rendre visible chaque action sur les tweets : si un tweet est mis en avant ou mis en retrait, tout le monde doit pouvoir voir cela. Ainsi, il n'y aurait pas de manipulation en coulisses, que ce soit par un algorithme ou manuellement".

Je pense que le code devrait être sur Github : les gens pourraient le voir, y pointer des erreurs, des choses avec lesquelles ils ne sont pas d'accord, suggérer des modifications, de la même façon qu'on peut le faire avec Linux ou Signal.

Interrogé en revanche à plusieurs reprises sur la présence ou non de modérateurs humains, Elon Musk ne répond jamais précisément, se contentant de répondre au conditionnel que si intervention humaine il y a, "que chaque intervention humaine soit documentée : si quelqu’un a fait quelque chose à un tweet, cette information est associée au tweet".

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Modifier un tweet oui, mais avec "remise à zéro des retweets"

Et la fameuse fonction d’édition des tweets ? Elon Musk en a quasiment tué l’intérêt en répondant à la question posée sur la scène de la conférence TED : "Je pense que la possibilité de modifier un tweet sera limitée dans le temps. Probablement, une fois qu’un tweet sera édité, on remettra à zéro tous les retweets et les favoris. Mais je suis ouvert à d’autres idées !", dit-il. Autrement dit, modifier un tweet reviendra peut-être au même que le supprimer pour le refaire.

Il a ajouté une autre mesure qu’il prendrait rapidement : "L’une de mes priorités, ce sera d’éliminer les bots de spam et d'arnaque, et les armées de bots qui sont sur Twitter. Ils rendent le produit plus mauvais. Si j'avais gagné un dogecoin [une cryptomonnaie qui, forcément, a bondi après qu’Elon Musk l’a évoquée, ndlr] pour chaque arnaque aux cryptomonnaies que j'ai vu, j'aurais 100 milliards de dollars". Un comble, pour un milliardaire dont la fortune est estimée à 264 milliards de dollars.