Brésil : des œuvres d’art à la valeur inestimable saccagées par les bolsonaristes lors des manifestations
Par Victor Vasseur
Les émeutiers bolsonaristess qui ont envahi les lieux de pouvoir à Brasilia ont tout saccagé sur son passage, y compris des oeuvres d'art à la valeur inestimable.
Les dégâts sont considérables, deux jours après les manifestations dans la capitale brésilienne. Des milliers de militants pro-Bolsonaro ont envahi dimanche les lieux de pouvoir brésilien et vandalisé trois bâtiments : le Palais présidentiel de Planalto, le Cour suprême et le siège du Congrès. Ces joyaux de l’architecture modernistes sont de véritables musées, avec des œuvres d’art parmi les plus précieuses du pays. Le palais du Planalto, siège du président de la République, comprend une collection de plus de 700 œuvres. La ville de Brasilia est inscrite depuis 1987 au patrimoine mondial de l’Unesco. Une toile de maître a été transpercée, des statues taguées et une pendule de Louis XIV défoncée.
Une chef d’œuvre moderniste perforé
Au palais du Planalto, la toile du moderniste Emiliano Di Cavalcanti a été perforée à sept reprises. Elle date de 1962 et représente des femmes en train de discuter sur un balcon près de la mer. L’une jouant de la guitare. Sa valeur est estimée à huit millions de reals, soit 1,4 million d'euro, mais "ce genre d'œuvre est habituellement vendu cinq fois plus cher aux enchères", écrit la présidence brésilienne. Sa restauration pourrait prendre jusqu’à 90 jours.
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Un précieux vitrail détruit
Au siège du Congrès, le vitrail "Araguaia" de Marianne Peretti a été détruit par les manifestants. Il datait de 1977 et était visible depuis le salon vert, l’équivalent de la salle des Quatre-Colonnes à l’Assemblée nationale en France. Là où se croisent journalistes et parlementaires. L'œuvre a été réalisée en verre trempé et sablé. L’artiste franco-brésilienne était la seule femme dans l’équipe d’Oscar Niemeyer lors de la construction de Brasilia, comme le rappelle O Tempo. Elle a côtoyé l’architecte pendant 25 ans et participé à la construction de la cathédrale de la capitale.
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Une statue taguée
La statue de granite "La Justice", sculptée en 1961 par le Brésilien Alfredo Ceschiatti, trône devant la Cour suprême, sur la Place des Trois pouvoirs, en face du palais présidentiel. Cette œuvre monumentale de plus de trois mètres de haut représente une femme assise, les yeux bandés, une épée à la main. Dimanche, elle a été taguée, avec l'inscription "Perdeu, mané" (tu as perdu, pauvre con), sur la poitrine. Cette expression avait été utilisée par un juge de la Cour suprême, Luis Roberto Barroso, pour s'adresser à un bolsonariste qui l'interpellait sur la fiabilité des urnes électroniques en novembre, peu après la défaite de Jair Bolsonaro face à Luiz Inacio Lula da Silva au second tour de la présidentielle.
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Une pendule du XVIIIe siècle cassée
Une seule œuvre ne devrait pas pouvoir être restaurée : la pendule fabriquée par Balthazar Martinot, horloger du Roi de France Louis XIV, de marqueterie Boulle. Elle a été retrouvée sur le sol, au troisième étage du Palais présidentiel, le coffre marron et doré très abîmé, un trou béant à la place du cadran. Selon la Présidence, il s'agissait d'un cadeau de la Cour du Roi Soleil à la couronne portugaise, apporté par le Roi Joao VI au Brésil en 1808, quand il avait fui Lisbonne à l'approche des troupes napoléoniennes.
Seules deux pendules de ce type ont été fabriquées par cet horloger : l'autre, qui fait la moitié de la taille de celle qui a été endommagée au Brésil, est exposée au Château de Versailles. La restauration de l'exemplaire de Brasilia est considérée comme "très difficile" par Rogerio Carvalho, responsable du patrimoine des Palais présidentiels, cité dans un communiqué.
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Une sculture en bronze volée
Parmi les autres œuvres saccagés, il y a la sculpture en bronze de Bruno Giorgi "O Flautista", évaluée,selon la BBC, à 250.000 reals, a été détruite. Des morceaux ont été éparpillés un peu partout au troisième étage du palais présidentiel. Une sculpture en bois de Frans Krajcberg a également été vandalisée, ses branches cassées et jetées. Un autre sculture a disparu, "La danseuse" (1920), de l’italo-brésilien Victor Brecheret, n’est plus sur son socle, à la Chambre des députés.
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Une table historique comme barricade
La table de travail du président Juscelino Kubitscheck (1956-1961), celui qui a décidé et orchestré la construction de Brasilia, a été endommagée. Marron foncé, conçue par Oscar Niemeyer et sa fille unique Anna Maria, elle a utilisé comme barricade par les émeutiers. Selon le quotidien Folha, au Tribunal fédéral, la chaise de la présidente Rosa Weber, conçue par le designer Jorge Zalszupin, a été arrachée. Un exemplaire original de la Constitution de 1988 a également été volé.
Enfin, au Palais de Planalto, la peinture "Bandeira do Brasil" de Jorge Eduardo (1995), qui représente le drapeau du pays, a été "retrouvée flottant sur l'eau qui a inondé tout l'étage, après que des vandales ont ouvert les bouches d'incendie qui y étaient installées", selon le gouvernement brésilien. Environ un millier de manifestants ont été arrêtés et placés en détention après l'invasion des lieux du pouvoir brésilien dimanche par des partisans de l'ancien président Jair Bolsonaro.