"C'est devenu un poids" : ils rêvent d'un Noël (presque) sans cadeaux

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"C'est devenu un poids" : ils rêvent d'un Noël (presque) sans cadeaux

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Cette année, selon un sondage Ifop, 18 % des Français ne comptent pas faire de cadeaux à Noël.
Cette année, selon un sondage Ifop, 18 % des Français ne comptent pas faire de cadeaux à Noël.
© Maxppp - SERGE DI LORETO

Tant pis pour la tradition. Par conviction écologique et/ou nécessité économique, de plus en plus de Français décident de réduire ou d'arrêter totalement les cadeaux de Noël. Ils racontent.

Les paquets qui s'amoncellent sous le sapin sont-ils vraiment indispensables ? Cette année, 18% des Français ne comptent pas faire de cadeau à Noël, si l'on en croit un sondage Ifop. Soit huit points de plus que l'an passé. Et parmi ceux qui veulent entretenir la tradition, 56% réduiront malgré tout le nombre de présents.

De fait, dans un contexte d'inflation et de prise de conscience écologique, de plus en plus de personnes réfléchissent à bousculer les habitudes. Offrir moins, mais mieux ? Offrir autrement ? Une façon aussi parfois de s'éviter le stress de trouver "le" cadeau qui plaît à coup sûr. Certaines ont allégrement franchi le pas, d'autres hésitent, par peur de décevoir leur entourage. Témoignages.

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"Une tradition qui va dans la mauvaise direction"

Théo a 33 ans, et la période des cadeaux de Noël lui ajoute beaucoup de charge mentale.

"Pour moi, l'idée de faire des cadeaux me rajoute une charge mentale considérable, car j'ai envie de trouver des cadeaux qui plaisent. Étant assez anxieux du réchauffement climatique et face à notre inaction vis-à-vis de celui-ci, je trouve que cette tradition va vraiment dans la mauvaise direction. Elle encourage à acheter (et donc à produire, souvent à l'autre bout du monde), des biens qui sont très souvent inutiles/pas optimaux. C'est particulièrement vrai pour les cadeaux entre adultes, je trouve.

J'aimerais arrêter, je pense que ça enlèverait une pression, et que ça serait plus en adéquation avec mes craintes actuelles sur le climat. En attendant, j’en fais à moins de personnes (pour en faire de meilleure qualité et plus ciblés). J'ai arrêté d'en faire à ma sœur par exemple, et je mutualise avec elle les cadeaux pour mes parents. J’aime également les cadeaux faits main avec un tirage au sort, pour n'en faire qu'à une personne, je trouve que c'est une bonne alternative qui permet de garder la tradition, tout en revenant à l'essentiel. D'autant que cette contrainte aide à trouver quelque chose de simple."

"Un Noël quasiment 100% seconde main"

Bertille a 26 ans, elle est étudiante. Elle apprécie la tradition de Noël tout en la remettant en question depuis plusieurs années.

"Je n'envisage pas d’arrêter d’offrir ou de recevoir, mais de faire plus attention à l’empreinte écologique que cela représente. Cette année, d'abord pour des raisons économiques, je me suis lancée dans un Noël quasiment 100 % seconde main. Je me suis prise au jeu et pense refaire la même chose chaque année, même si c’est un peu plus d’organisation.

En revanche, je n’ai pas réduit le nombre de cadeaux, car psychologiquement, j’ai l’impression que si je n’offre pas plusieurs cadeaux à mes proches cela prouve une certaine négligence. Cependant, nous sommes tous en train de prendre conscience qu’on n'a pas besoin d’autant. Je pense que ce changement de comportement autour du geste d'offrir se fera naturellement, car on en parle et ce n’est pas tabou dans la famille."

"C'est devenu un poids, d'année en année"

Aurélie a 34 ans et "ne comprend pas à quoi rime" la tradition des cadeaux de Noël.

"Faire des cadeaux est devenu un poids, d'année en année. À chaque fois, se creuser les méninges, aller dans des magasins bondés, finir par acheter quelque chose d'inutile qui finira au fond d'un placard sans jamais servir. J'adorerais arrêter d'offrir des cadeaux à Noël. Pour des raisons écologiques, et pour ne plus transformer la période de Noël en moment de stress intense. Et pour pouvoir plutôt m'offrir à moi quelque chose qui me serait vraiment utile ! Avec ma belle-famille, on tire au sort la personne à qui on va faire un cadeau. Ça simplifie les choses, c'est toujours ça de gagné."

"On ne veut pas passer pour la rapiat de service"

Malika, 37 ans, lassée de recevoir des objets "débiles inutiles fabriqués en Chine".

"J'ai déjà envisagé de réduire les cadeaux pour des raisons économiques, écologiques, et par utilité. On en a déjà parlé avec mon conjoint, mais la tradition est bien ancrée dans sa famille. Et puis nous avons une fille de 7 ans qui croit encore au Père Noël. Nous vivons depuis un an au Canada et forcément nous avons moins de famille autour de nous. Cette année, je suis donc soulagée de ne pas avoir à m'évertuer à acheter mes choses utiles et fabriqués localement qui ne feront même pas plaisir à ceux qui les recevront, et soulagée de ne pas avoir à recevoir des trucs débiles inutiles fabriqués en Chine et achetés à la va-vite.

J'ai envie d'offrir plein de choses aux gens que j'aime, mais je fais le choix d'offrir quelques cadeaux aux personnes directement autour de moi, des cadeaux utiles et durables. Cette année : balles de séchage en laine, essuie-tout en coton pour la cuisine, chaussettes en mohair et jouets éducatifs en bois/carton pour le petit. En général, j'observe quelques grimaces ou de l'indifférence. Alors, oui, on réduit, mais on ne veut pas passer pour le ou la rapiat de service !"

"On ne se force pas à Noël juste pour la tradition"

Julia a 26 ans, et elle a arrêté de faire des cadeaux à Noël, qui représentent pour elle une incitation à la consommation.

"J'ai arrêté de faire des cadeaux, d'abord pour des raisons financières. Et parce que je n'ai pas d'idée, donc je n'ai pas envie de me forcer à absolument trouver quelque chose qui n'aura pas d'utilité. Une décision prise d'un commun accord avec ma famille. Mes parents et ma grand-mère donnent de l'argent à ma sœur et moi, mais ne veulent rien en retour. Nous nous offrons des petits cadeaux de temps en temps dans l'année quand l'envie se fait sentir et que l'on trouve quelque chose qui ferait plaisir et sera utile à la personne. On ne se force pas à Noël juste pour la tradition."

"J'offre uniquement de la nourriture locale"

Yann a 30 ans. Il a pendant un temps arrêté de faire des cadeaux, avant de reprendre d'une autre manière.

"J'ai déjà arrêté d'offrir des cadeaux à Noël. Parce que ça coûte cher, et que ça finit souvent oublié dans un placard ou à la poubelle. Une décision qui a été plutôt mal reçue par certaines personnes de la famille dans un premier temps, puis, tout le monde a suivi !

Je suis finalement revenu sur ma décision, et j'offre désormais uniquement de la nourriture. Pour garder le geste d'offrir principalement, et parce que de la bonne nourriture ne finit jamais à la poubelle ou sur Leboncoin. En plus, ça fait vivre les artisans et producteurs locaux."

"Contente de ne pas participer à cette surconsommation"

Maud a 34 ans. Cette année, sa famille a décidé de (presque) totalement arrêter les cadeaux de Noël.

"J'ai déjà pensé à arrêter les cadeaux de Noël en voyant les innombrables cadeaux des enfants de mon entourage. Cela me met en colère pour plusieurs raisons : la construction de l'enfant, d'abord (qui est en attente de nombreux cadeaux chaque année), l'écologie ensuite (le papier cadeau jeté, les nombreux jouets et livres neufs achetés), et en plus, je ne suis jamais très inspirée pour les cadeaux, et c'est toujours une contrainte de dernière minute.

Cette année, nous nous sommes mis d'accord avec ma famille pour arrêter les cadeaux, car on s'est rendu compte que la contrainte était partagée par tout le monde. Nous préférons dépenser l'argent économisé dans de bons produits alimentaires, car nous adorons manger et boire du bon vin. Pour préserver la tradition de Noël, j'ai cependant proposé de faire un tirage au sort avec toutes les personnes présentes, et un seul cadeau à trouver, à moindre coût."

"Je n’offre pratiquement pas d’objet"

Clémentine a 30 ans. Si elle offre encore des cadeaux à Noël, elle privilégie la qualité à la quantité.

"J’aime offrir des cadeaux et faire plaisir. Cependant, je demande toujours ce que la personne veut, pour éviter d’acheter de l’inutile, je n’offre pratiquement pas d’objet sauf qu’il y a un besoin (j’ai fait le choix d’acheter des cadeaux qui se consomment et répondent à mes critères en matière d’écologie, comme les produits locaux). Et s’ils veulent des objets, je vais chercher dans l’occasion ou le plus éthique possible. J’ai aussi arrêté le papier cadeau depuis plusieurs années. J’emballe avec du papier journal, quitte à écrire ou dessiner dessus."

"On ne s’inflige pas ce dont on a pas envie"

Thomas, 48 ans, a arrêté de faire des cadeaux à Noël, pour être en cohérence avec ce qu'il défend.

"Cette tradition de Noël, comparée à mon salaire (ou celui d’une partie de la population) le reste de l’année était complètement dénuée de sens. Pendant quelques années, j’ai passé Noël loin de ma famille. Maintenant, ils sont tous juste contents que l’on se retrouve à certains moments de l’année, Noël ou pas. Ils ont gardé quelques cadeaux pour les enfants, et pour le reste m’ont suivi. On est maintenant à peu près tous sur la même longueur d’onde. Et on ne s’inflige pas ce dont on a pas envie. C'était un peu dur au début. Maintenant, je me sens surtout cohérent dans ce que je défends."

"J'ai horreur du gaspillage"

Isabelle, 59 ans, dénonce l'aspect "consumériste" de cette période de l'année.

"J'aime faire des cadeaux utiles et qui font vraiment plaisir, pas acheter pour acheter. Or, l'occasion de faire ce type de cadeaux peut se présenter à d'autres moments que Noël, et à Noël, on se retrouve sans idée à acheter un énième pull ou autre. J'ai horreur du gaspillage et j'ai transmis cet état d'esprit à mes enfants. Si un achat peut être repoussé à Noël, on en profite pour que ce soit un cadeau. Sinon, on s'offre des choses simples : un livre, un paquet de bon café. J'aime bien l'idée d'offrir une chose que la personne a l'habitude de consommer, mais en qualité supérieure !"