Condamnés à verser plus de 400 000 euros aux taxis, les deux jeunes dirigeants de la start-up de transport nocturne suspendent leur application "telle qu'elle existe aujourd'hui".
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné ce jeudi la startup Heetch à verser plus de 441 000 euros en réparation du préjudice moral causé à 1 463 parties civiles jugées recevables, essentiellement des chauffeurs de taxis. À cela s'ajoute une amende de 200 000 euros, dont 150 000 avec sursis, pour "organisation illégale d'un système de mise en relation de clients avec des chauffeurs non-professionnels". Et enfin une amende de 10 000 euros, dont la moitié avec sursis, pour chacun des deux fondateurs reconnus coupables de "complicité d'exercice illégal de la profession de taxi".
Immédiatement, les utilisateurs de l'application se sont emparés de Twitter pour dire leur mécontentement :
L'application disait proposer du covoiturage nocturne. Elle ne fonctionnait que de 20h à 6h et limitait les revenus de ses conducteurs à 6000 euros. Une somme permettant seulement "le partage des frais" selon ses fondateurs. Mais le tribunal estime que cette activité entre bien dans la catégorie, strictement reglementée, du "transport onéreux". Or selon les juges, les dirigeants Teddy Pellerin et Mathieu Jacob se sont "délibérément affranchis des principes légaux au nom de la création d'une nouvelle économie".
Et maintenant, "manifeste depuis ton canap' "
A la sortie de l’audience, Teddy Pellerin a indiqué que l’application internet serait "suspendue" mais que ce n’était pas la fin de Heetch :
Heetch n’est pas fini. Nous prenons acte de la décision, nous contestons les motivations du tribunal et allons analyser le jugement avec nos avocats pour décider ou non de faire appel. Dans un premier temps, pour se conformer au jugement, nous décidons, de notre propre initiative, de suspendre provisoirement l’application.
La start-up avait déjà pris l’habitude de jouer sur la fibre engagée de ses jeunes utilisateurs (voir la vidéo ci-dessous). Cette fois, elle s’émeut dans un communiqué : "qui va se préoccuper des 100 000 jeunes (transportés chaque semaine), de ces banlieues qui ont besoin d’initiatives ?". Elle appelle maintenant "toutes les personnes qui se sentent concernées à se faire entendre des candidats à l’élection présidentielle". Heetch joue la carte du suspense en proposant de rejoindre le mouvement #GenerationHeetch dès samedi 4 mars, à midi. Un nouveau site internet vous propose même d'envoyer pour vous une carte postale aux candidats pour leur dire "non à la loi travail, non aux OGM, mais OUI à Heetch". À 16h35 ce jeudi, 217 manifestants avaient déjà pris rendez-vous pour "manifester depuis leur canap'"
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