"Ce n’est pas une révolution": le virage de Facebook pour plus de privé ne convainc pas
Par Victor Vasseur
Le PDG de Facebook Mark Zuckerberg a présenté, ce mardi 30 avril, les nouvelles fonctionnalités de son réseau social, lors de sa conférence annuelle. Un changement de cap qui étonne les spécialistes.
"Je pense que l’avenir est privé", a affirmé le PDG de Facebook ce mardi. Mark Zuckerberg, qui désirait il y a quelques années encore "rendre le monde plus ouvert et plus connecté". "C’est une remise en question de 15 ans de discours", analyse Jérémie Mani, le président de NetinoByWebhelp et spécialiste des réseaux sociaux. Mais avec ses autres applications comme WhatsApp et Instagram, la magazine Wired considère que "la volonté constante de Facebook de s’insinuer dans de plus en plus d’aspects de la vie des gens reste inchangé". Même son de cloche du côté du New-York Times.
Des échanges plus privés
Le PDG de Facebook l’avait déjà annoncé dans une longue tribune publiée en mars : il veut recentrer son réseau social sur les échanges privés. "Ce n’est pas une révolution", explique Jérémie Mani. Les groupes privés existent depuis trois ans au moins, ce n’est pas nouveau. Sans être trop sarcastique, on se rend compte que ces groupes Facebook ne sont pas vraiment différents des forums que l’on avait avant Facebook, comme Doctissimo ou Auféminin."
"Je pense que c'est un moyen pour eux de se décharger de leurs responsabilités", ajoute Jennifer Grygiel, professeure adjointe en médias et communication à la Newhouse School de l'Université de Syracuse, interrogée par le New-York Times.
Mark Zuckerberg promet également des discussions cryptées. Mais là aussi, ça coince selon le spécialiste des réseaux sociaux, Jérémie Mani : "Tant qu’ils n’ont pas été transparents là-dessus, on ne saura pas comment ils vont monétiser l’activité sur les conversations privées. On n’a pas de raison d’être plus rassuré, sachant que Facebook se nourrit des publicités ciblées, de nos données." Jérémie Mani rappelle également que Mark Zuckerberg "nous avait déjà promis par le passé que les échanges seraient sécurisés, et cela n’avait pas été le cas." Le robinet à données sera-t-il coupé ? On ne sait pas.
"Le défi de mener le vaisseau Facebook dans cette nouvelle direction, celle du privée, va être énorme", selon Debra Aho Williamson, analyste et chercheuse chez eMarketer. Dans le New-York Times, elle poursuit : "De nombreuses questions restent sans réponse, notamment sur l'impact de ce changement sur son activité publicitaire tout aussi importante."
Pour tenter d’attirer de nouveaux utilisateurs
En tout cas, ces annonces n’ont pas convaincu les journalistes de Wired, magazine américain spécialisé dans les nouvelles technologies : "Malgré tous les efforts déployés par Zuckerberg pour protéger notre vie privée, il est difficile de voir en quoi ces nouveautés représentent davantage que des possibilités pour Facebook d’en savoir plus sur ses utilisateurs et de gagner plus d’argent avec ces informations."
Mark Zuckerberg annonce également le développement de son application de rencontre. Elle veut vous aider à rencontrer les autres utilisateurs du réseau social qui vous plaisent, grâce à la fonction "Secret Crush" (béguin secret). Cette application est proposée dans une vingtaine de pays, mais pas encore en Europe ni aux États-Unis. Elle est testée au Canada. "On constate que Facebook demande des informations personnelles pour s’inscrire, comme l’orientation sexuelle, l’âge, etc. Seront-elles totalement sécurisées ?", se questionne Jérémie Mani, qui ajoute : "Je ne suis pas sûr que le futur de Facebook soit dans l’application de dating."
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Le magazine Wired rappelle que "plus d’une douzaine d’enquête sont en cours contre le géant des réseaux sociaux, pour violation de la vie privée". "C’est pourquoi, conclut Jérémie Mani, c’est une réponse légère, surtout par rapport à la crise que vit aujourd’hui Facebook. Il y avait peut-être de meilleures annonces à faire."