L'ancienne ministre du logement, Cécile Duflot, favorite pour porter les couleurs d'EELV à la présidentielle de 2017, a officialisé samedi sa candidature à la primaire écologiste.
"Au travers de la primaire de l'écologie, j'ai décidé de concourir à l'élection présidentielle de 2017", écrit la députée EELV dans une longue lettre de candidature adressée aux militants écologistes, et publiée par libération.fr. Dans cette lettre, Cécile Duflot expose ses engagements en faveur de l'écologie, mais aussi du féminisme et de la justice sociale. Elle dessine les grandes lignes de son programme et formule des premières propositions précises dans plusieurs domaines. Elle propose ainsi "un traité environnemental européen", "un septennat non renouvelable" pour la présidence de la République ou encore que "l'impératif climatique soit rendu constitutionnel". Elle affirme aussi que "la bataille contre le Front national sera [sa] priorité".
Si l'ancienne secrétaire nationale d'EELV se déclare quelques jours avant les Journées d'été du parti, qui s'ouvrent jeudi à Lorient, elle se préparait toutefois depuis des mois. Elle écrit d'ailleurs qu'elle n'en a "jamais fait mystère". Il y a un an déjà, Cécile Duflot avait publié un livre-programme, "Le Grand Virage", et lancé début juillet le site "jesignepourlecologie", afin de recueillir des soutiens, voire des parrainages, pour "une candidature écologiste en 2017". Elle rejoint ainsi dans la course à la primaire écologiste, prévue fin octobre, les eurodéputés Michèle Rivasi et Yannick Jadot. Cécile Duflot, qui avait regretté le renoncement de Nicolas Hulot,s'était prononcée contre l'organisation de primaires écologistes, rappelant que les primaires précédentes avaient été "une catastrophe" et "une source de fragilisation" pour EELV. Le porte-parole d'EELV Julien Bayou a quant à lui salué la candidature de Cécile Duflot comme "une bonne nouvelle".
Après l'annonce de Nicolas Hulot, EELV avait décidé d'organiser des primaires ouvertes à des candidatures de la société civile, candidatures qui devront être déposées d'ici fin août, et parrainées par 36 conseillers fédéraux, les parlementaires du parti, sur 240. Le vote sera ouvert au-delà des seuls adhérents d'EELV.
Parti affaibli
"La bataille à venir s'annonce rude", pronostique cependant la députée de Paris. Le parti écologiste part très affaibli, plombé par les départs fracassants de nombre de ses cadres : Jean-Vincent Placé, Emmanuelle Cosse, Barbara Pompili, aujourd'hui au gouvernement, ou encore François de Rugy, lui-même engagé dans la primaire de la gauche. "Les derniers mois en particulier ont été douloureux pour l’écologie politique. Les divisions organisées, les débauchages orchestrés, les déceptions mal maîtrisées nous ont considérablement affaiblis. Mais nous devons impérativement relever la tête", écrit la députée. Elle, qui avait quitté le gouvernement avec fracas en 2014, dit ne rien regretter : "[...] pas un mot, pas un engagement, pas une mobilisation. La hargne de mes ennemis, je la porte comme une décoration. Je vais où me dicte ma conscience, là où m'appellent nos engagements communs", écrit-elle. En 2014, elle avait d'ailleurs publié un livre dénonçant la première partie du quinquennat de François Hollande : "De l'Intérieur : voyage au pays de la désillusion". "Je me suis fait des ennemis. Mais le silence aurait-il été préférable ?", questionne-t-elle.
En plus des batailles intestines et de la concurrence socialiste, le ou la futur(e) candidat(e) d'Europe Ecologie-Les Verts devra aussi faire face à l’offensive de Jean-Luc Mélenchon sur l’environnement. Quant aux sondages, ils ne sont pas bons : EELV récolte entre 1 % et 3 % des intentions de vote. D'autant que les finances du parti sont dans le rouge, ce qui n'augure rien de bon pour la campagne. "L'espace est mince. Mais il existe", estime pourtant Cécile Duflot.
A 41 ans, et après avoir renoncé à une candidature en 2012, Cécile Duflot "est prête" selon son entourage. "Maintenant, elle y va", ajoute-t-il.