"Certains inhalent des centaines de cartouches par jour" : l'Anses alerte sur les dangers du gaz hilarant

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"Certains inhalent des centaines de cartouches par jour" : l'Anses alerte sur les dangers du gaz hilarant

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Prisées des jeunes pour leur effet euphorisant, les cartouches de protoxydes d'azote sont vidées puis inhalées dans un ballon de baudruche.
Prisées des jeunes pour leur effet euphorisant, les cartouches de protoxydes d'azote sont vidées puis inhalées dans un ballon de baudruche.
© Maxppp - Leyla Vidal

Le protoxyde d'azote, plébiscité par les jeunes pour son effet euphorisant, est loin d'être sans risque. Dans un rapport, l'Anses s'inquiète de l'augmentation du nombre d'intoxications et de cas d'attaques neurologiques sévères.

Si l'appellation est festive, certaines conséquences du "gaz hilarant" ne le sont en rien. Séquelles neurologiques, crises d'asthme, œdèmes pulmonaires... l'Anses (l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) tire la sonnette d'alarme dans un rapport publié ce jeudi.

Le protoxyde d'azote doit sa popularité, notamment auprès des jeunes, à ses effets euphorisants, d'où le nom de "gaz hilarant". Employées dans la médecine mais aussi pour les siphons à chantilly, les cartouches de protoxyde d'azote sont vendues en libre-service et à moins de cinquante centimes l'unité, ce qui a permis son usage par le grand public. 

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Si l'usage récréatif, par inhalation dans des ballons de baudruche, n'est pas nouveau, le phénomène prend de l'ampleur depuis 2018, souligne l'Anses. La consommation ne se limite plus au contexte festif et ponctuel, certains absorbent des quantités astronomiques et ce quotidiennement. "On va vu apparaître un profil de personnes qui inhalent parfois des centaines de cartouches par jour", explique Cécilia Solal, toxicologue à l'Anses.

Des "symptômes de gravité forte"

Les usagers principaux de cette substance : les jeunes de 20 à 25 ans, dont une majorité d'hommes. Dans un tiers des cas, le "gaz hilarant" est consommé en même temps que de l'alcool et des drogues. 

Dans son étude de toxicovigilance appuyée sur les données des centres antipoisons, l'agence recense 66 cas d'intoxications au protoxyde d'azote entre 2017 et 2019. Et dans les deux tiers des cas, au moins un symptôme neurologique ou neuromusculaire (tremblements, douleurs musculaires...). Cinq personnes ont présenté des "symptômes de gravité forte", rapporte l'étude, comme des épisodes de convulsions, des arrêts cardiaques, voire des comas.

Améliorer la réglementation, renforcer l'information

L'une des priorités pour l'Anses, c'est la réglementation de l'accès et de l'étiquetage du protoxyde d'azote pour son usage alimentaire. Une action dans la continuité du projet de loi adopté en décembre 2019 par le Sénat, interdisant la vente des cartouches de protoxyde d'azote aux mineurs. On attend désormais l'examen du texte à l'Assemblée nationale. 

Second axe défendu par l'agence : améliorer l'information des consommateurs et des professionnels qui les entourent, dans les milieux de l'école et de la santé notamment. "Compte tenu de la libre vente au public et de la brièveté des effets, les utilisateurs perçoivent ce détournement d’usage comme inoffensif et anodin et n’ont pas connaissance et/ou conscience des risques graves encourus", souligne le rapport.