Ces grandes championnes de tennis qui ont évolué dans l'ombre de Suzanne Lenglen

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Ces grandes championnes de tennis qui ont évolué dans l'ombre de Suzanne Lenglen

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Suzanne Lenglen, championne du monde de tennis à 15 ans, six fois victorieuse à Wimbledon et 9 à  Roland Garros. Médaille d'or aux JO d'Anvers en 1920
Suzanne Lenglen, championne du monde de tennis à 15 ans, six fois victorieuse à Wimbledon et 9 à Roland Garros. Médaille d'or aux JO d'Anvers en 1920
© AFP - .

On connait bien aujourd'hui le nom de Suzanne Lenglen, première star française de tennis du début du XXe siècle. Mais qui étaient ses concurrentes de l'époque ? D'autres joueuses ont eu des tableaux de chasse prestigieux. À la veille des Internationaux de France de tennis 2021, c'est le moment de s'en souvenir.

Suzanne Lenglen est bien connue désormais au panthéon du tennis français. Le deuxième court le plus important où se dispute le tournoi Roland Garros, qui commence lundi 24 mai, porte son nom. 

Le récit que lui consacre le grand spécialiste italien du tennis, Gianni Clerici, Suzanne Lenglen, La Divine (éditions Viviane Hamy), retrace sa courte et intense vie de championne. Entrainée et dirigée par son père, la jeune fille frêle à la santé fragile est devenue une star très rapidement. Toute jeune débarquée sur les courts de tennis d'Europe, véloce et légère, elle a bousculé très vite le petit monde du tennis et ses hiérarchies. Sur son passage, elle a mis en difficulté plusieurs championnes de son époque. La popularité de Lenglen a parfois éclipsé celle des joueuses qu'elle affrontait. Elles n'étaient pourtant pas des figurantes. Marguerite Broquedis, Helen Wills, Elizabeth Ryan, Julie Vlasto ont toutes un rapport particulier à Lenglen et ont aussi leur part de gloire et de mérite. 

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Marguerite Broquedis, l'invincible coup droit

Extrait du rapport officiel des Jeux Olympiques de Stockholm, 1912 : à gauche Marguerite Broquedis, parmi les vainqueurs de la 5e Olympiade
Extrait du rapport officiel des Jeux Olympiques de Stockholm, 1912 : à gauche Marguerite Broquedis, parmi les vainqueurs de la 5e Olympiade
- Comité Olympique Suédois

Broquedis est de six ans plus âgée que Lenglen. Née en 1893, elle est morte à 90 ans, ayant vu défiler sous ses yeux la quasi-totalité du XXe siècle. 

Originaire d'une famille spécialisée dans le jeu de paume, Marguerite Broquedis s'est mise au tennis et est devenue très populaire, notamment parce qu'elle a été la première et seule femme membre de la délégation française en juillet 1912 aux JO de Stockholm, sur 112 Français au total. Broquedis s'est imposée face aux autres concurrentes, telle l'Allemande Dorothea Köring, sur terre battue, et elle a obtenu une médaille d'or en simple dames ainsi qu'une médaille de bronze en double mixte (en tandem avec Albert Canet). 

Elle a donc été la première Française championne olympique, toutes disciplines confondues, puisqu'il n'y avait pas de concurrentes par ailleurs. Les deux années qui ont suivi les JO, Broquedis remporte les championnats de France, face à Jeanne Matthey et Suzanne Lenglen. Elle a dominé le tennis français avant la Première Guerre mondiale, et avant que Suzanne Lenglen ne devienne une star du tennis français.  

Helen Wills ou "le match du siècle"

Helen Wills, en 1936, championne de tennis américaine, s'était également formée au dessin et à la peinture
Helen Wills, en 1936, championne de tennis américaine, s'était également formée au dessin et à la peinture
© AFP - .

Si Suzanne Lenglen a popularisé le bandeau sur la tête et la jupe au genou, Helen Wills a imposé la visière sur la tête, mais pas seulement. Wills a été championne olympique en 1924 à Paris, en simple et en double. Quasi-invaincue pendant toute sa carrière, l'Américaine possède à son palmarès 31 titres du Grand Chelem, dont 19 en simple. Elle a remporté le tournoi de Wimbledon huit fois et sept fois les internationaux des États-Unis.

Suzanne Lenglen ne l'a battue (difficilement) qu'une seule fois, en 1926, lors de leur unique rencontre, à Cannes. L'évènement est resté mythique, "le match du siècle" comme l'ont appelé les commentateurs de l'époque. Ce match a été organisé exceptionnellement pour les deux joueuses. Wills avait six ans de moins que Lenglen, et malgré sa défaite à Cannes devant la Divine (le surnom de Lenglen), c'est elle qui allait prendre ensuite l'ascendant sur le tennis mondial. En 1933, Wills fut confrontée au 8e meilleur joueur américain, Phil Neer, lors d'un match d'exhibition. Helen Wills emporta ce que l'on a appelé le premier épisode de "La Bataille des sexes", en deux sets, 6-3, 6-4. 

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Elisabeth Ryan, championne partout et partenaire de Lenglen

En 1914, Suzanne Lenglen (à gauche) et Elyzabeth Ryan (à droite)
En 1914, Suzanne Lenglen (à gauche) et Elyzabeth Ryan (à droite)
- Meurisse/Bibliothèque nationale de France

D'origine californienne, Elizabeth Ryan a remporté 30 titres du Grand Chelem, dont 19 en double féminin et en double mixte à Wimbledon, un record de tous les temps pour ces deux événements. Ryan est à elle seule une géante dans l'histoire du tennis et on lui reconnait d'avoir perfectionné le style de la volée. Seules Billie Jean King et Martina Navratilova, beaucoup plus tard, ont remporté plus de matchs à Wimbledon que Ryan (190 victoires de match). 

Bizarrement, deux fois finaliste sur le célèbre gazon anglais, et malgré tous ces matchs gagnés, elle n'a jamais décroché le titre en simple, alors qu'en revanche, en double avec Suzanne Lenglen, elle n'y a jamais perdu une rencontre. Gianni Clerici raconte leur habileté mutuelle à jouer ou monter au filet, et la popularité immédiate de leur duo dès 1913. Elizabeth Ryan était surnommée Bunny, et impressionnait par sa stature et sa corpulence, alors que Lenglen était frêle. 

Au cours de sa carrière, l'Américaine installée définitivement près de Londres depuis 1914, a aussi décroché les titres de championne de France, d'Angleterre, d'Irlande, du Mexique, d'Autriche, de Tchécoslovaquie, d'Italie et des Nouvelles-Galles. 

Diddie Vlasto, numéro 1 en 1926

Julie Vlasto en 1926
Julie Vlasto en 1926
- Agence Meurisse/ BnF

Suzanne Lenglen a également disputé de nombreux doubles avec Julie Vlasto, joueuse franco-grecque née à Marseille. Diddie, surnom de Julie, un peu plus jeune, n'était pas aussi puissante et rapide que Lenglen, mais elle fut tout de même championne de France en 1924 et médaille d'argent aux Jeux Olympiques, l'or ayant été remporté par Helen Wills.

Avec Lenglen, elles ont remporté  le double dames à Roland-Garros, deux années de suite, en 1925 et 1926. Elles laissent aussi un souvenir marquant lors de leur match à Wimbledon, raconté par Gianni Clerici, dans Suzanne Lenglen, La divine. Les deux femmes d'une élégance absolue affrontaient ce jour-là le duo formé par Elizabeth Ryan et Mary Browne. Pour une fois, Lenglen avait choisi de ne pas faire équipe avec Bunny Ryan, et le duo Lenglen/Vlasto a perdu, malgré les efforts de Diddie pour compenser l'état de fatigue de sa coéquipière. Vlasto est devenue ensuite la n° 1 du classement français à la fin de cette année 1926.  

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