"Cette décision crée un précédent dangereux", les réactions politiques après la mise en examen d’Agnès Buzyn

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"Cette décision crée un précédent dangereux", les réactions politiques après la mise en examen d’Agnès Buzyn

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L'ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn, à Paris, le 10 septembre 2021.
L'ancienne ministre de la santé Agnès Buzyn, à Paris, le 10 septembre 2021.
© AFP - Lucas Barioulet

L’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn a été mise en examen pour "mise en danger de la vie d’autrui" vendredi à cause de sa gestion de la crise du Covid-19. Mais la classe politique, notamment dans la majorité, est partagée face à cette décision.

C’est la première personnalité mise en cause dans l’enquête sur la gestion de l’épidémie de Covid-19. L'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn a été mise en examen vendredi pour "mise en danger de la vie d'autrui" à l'issue de son audition par des magistrats de la Cour de justice de la République. La CJR est la seule instance habilitée à juger des membres du gouvernement pour des actes accomplis durant leur mandat. "La France a pris très rapidement les mesures nécessaires" a rapidement réagit Matignon, "nul ne peut douter du sérieux et de l'engagement dont elle a fait preuve aux premiers signes de l'épidémie".

"Un précédent dangereux"

Des élus de la majorité ont apporté leur soutien à Agnès Buzyn, et pour certains dénoncé cette mise en examen. Pour Sacha Houlié, le député LREM de la Vienne_, "cette décision crée un précédent dangereux"_ car il craint une chasse aux sorcières : "Est-ce que l’on reprochera aux députés d’avoir voté l’état d’urgence sanitaire ? Est ce qu'on reprochera aux députés de créer une obligation vaccinale ?" Sacha Houlié ajoute : "J'observe que ceux qui ont porté plainte, ce sont les mêmes que ceux qui aujourd'hui ne veulent pas se faire vacciner et rejettent le pass sanitaire".

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Sur Twitter, la présidente déléguée de LREM Aurore Bergé est sur la même longueur d’onde. Elle s’interroge : "Si demain un ministre peut être mis en examen pour ce qu'il n'aurait pas fait, pas assez fait, ou mal fait alors qui qualifie le "mal" fait ? Quand ? Sur quels critères d'appréciation ? Qui est habilité à le dire ?" 

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Ce samedi matin, le député de Loire-Atlantique et ancien ministre François de Rugy a lui aussi apporté son soutien à Agnès Buzyn dans une série de tweet: "Démonstration par l’absurde de vouloir juger en direct, sans recul ni comparaison internationale, la gestion politique d’une épidémie sur laquelle on a par ailleurs encore si peu de connaissances."

Face à cette décision, le député La République en marche de la Loire Julien Borowczyk sur franceinfo reconnaît "ressentir un peu d'amertume". Il est le président de la Mission d’information de l’Assemblée nationale sur l’impact, la gestion et les conséquences de l’épidémie de Covid-19 et a interrogé Agnès Buzyn : "On a malheureusement appris avec ce virus que ce qu'on disait le matin n'était pas forcément la vérité du soir." 

Une dérive de la démocratie ?

Cette décision fera-t-elle tâche d’huile ? Édouard Philippe, l’ancien premier ministre, mais aussi Olivier Véran, l’actuel ministre de la santé, pourront-ils être inquiétés ? Certains responsables politiques dénoncent une judiciarisation de la pandémie. Au micro de France Inter, Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT redoute une dérive de la démocratie : "Je me dis qu’il y a un truc qui cloche, c’est une situation qui me gêne beaucoup. C’est facile de refaire le match un an après. Cela jette à la vindicte populaire des responsables politiques qui ont sans doute fait leur travail comme ils ont pu. Peut-être avec des erreurs, surement avec des erreurs." 

Mais cette mise en examen peut avoir d’autres conséquences craint le patron de la CFDT : "Qui va vouloir demain prendre des responsabilités ? C’est de plus en dure d’assumer des positions et des responsabilités." La députée LREM de Haute-Vienne Sophie Beaudouin-Hubière est la même longueur d'onde. Elle écrit sur Twitter : "Judiciarisation inquiétante de la société française et de la vie politique."

Un élu souhaite une enquête sur le manque de masques 

L’ancienne ministre a commis "probablement une faute" en disant que le masque n’était pas nécessaire estime sur franceinfo le sénateur LR Alain Milon. "On avait les informations suffisantes pour dire que le port du masque était nécessaire" poursuit-il. L’élu du Vaucluse souhaite que les juges aillent maintenant plus loin, et "regarder pourquoi il n'y a pas eu ces masques suffisants pour l'ensemble des personnels soignants".

Le candidat à l’élection présidentielle Fabien Roussel refuse de commenter directement cette mise en examen, mais le patron de PCF ne "pense pas que ce sont dans les tribunaux qu’on va régler les problèmes". Il préfère pointer du doigt la politique globale menée par Agnès Buzyn et son successeur au ministère de la santé : "Ces dernières années, il y a toujours des fermetures de lits dans notre pays. Il n'y a toujours pas le plan que nous attendons pour avoir une véritable politique de santé publique dans notre pays." Enfin, l’un des chefs de file des anti-vaccins et président des Patriotes Florian Philippot a rapidement exprimé sa satisfaction. "Maintenant, au suivant !" a-t-il tweeté. Le message sur le réseau social de la député LFI Daniel Obono est quasiment similaire : "On n'a rien oublié. Au suivant"