"Chanson de la ville silencieuse" d'Olivier Adam : "Un roman paresseux", "Une histoire molle" "Adam est mièvre"

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"Chanson de la ville silencieuse" d'Olivier Adam : "Un roman paresseux", "Une histoire molle" "Adam est mièvre"

Olivier Adam
Olivier Adam
© AFP

Les douleurs familiales, le manque, la fuite et la réinvention... voilà les thèmes récurrents des romans d'Olivier Adam. Ce dernier opus ne fait pas exception, mais cette fois, les critiques du Masque sont restés de marbre.

Jérôme Garcin plante le décor :

Chanson de la ville silencieuse, ce n'est pas seulement le titre d'une chanson de Dominique A, c'est le nouveau roman chez Flamarion d' Olivier Adam, l'auteur notamment de Je vais bien, ne t'en fais pas, Passez l'hiver, Falaise et beaucoup de livres qui ont été d'ailleurs, pour la plupart, portés à l'écran. Et c'est la première fois qu'il se glisse, à la première personne, dans la peau d'une femme.

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Une jeune femme, éditrice à Paris, qui part pour Lisbonne, à la recherche de son père disparu il y a 15 ans et donné pour mort après qu'on a retrouvé son Alpha Roméo près d'un fleuve. Ce père, Antoine Schaeffer, était un chanteur populaire, légendaire, un dandy rock, dans l'ombre duquel elle a grandi.

Dans la BO du livre, on trouve : Leonard Cohen, Nina Simone, Nino Ferrer, Jean-Louis Murat, Julien Doré et Dominique A.

Arnaud Viviant : "Il est fatigué ce garçon"

Le problème du livre, c'est cette absence totale de musique. On parle de musique, mais il n'y en a pas, il n'y en a nulle part. C'est un problème quand on veut écrire sur la musique de ne pas avoir d'oreille. 

Même le Portugal. Il faut vraiment être un mauvais écrivain pour rater le Portugal. Et même là, il n'y a rien, mais rien. Ça fait longtemps que je voulais la placer, mais : 

Adam est mièvre.

La seule chose qui est vraiment bien, c'est ce qu'il écrit sur ma circo : le 18è arrondissement

Jérôme Garcin : on est le 7 janvier, il faut oublier le passé : tu n'as pas été élu. Tu ne vas pas à chaque masque littéraire me dire : "Dans ma circo" ???

Arnaud Viviant : Mais il est vraiment question de ma circo. C'est ce qu'il y a de plus beau !

Jérôme Garcin : Non, il y a le Portugal quand même, il y a Lisbonne

Arnaud Vivian : Oui, mais ça c'est raté. Alors que la description de l'avenue Junot, c'est magnifique. Là, je vois un écrivain. Alors que toutes les autres pages.... 

Il y a même un petit côté réac, une espèce de communauté qui fait penser à la communauté de Tarnac qui est décrit d'une manière... totalement digne du Figaro. Je n'en revenais pas.

Il est fatigué ce garçon. Et d'ailleurs, c'est un livre sur la fatigue, sur l'industrie culturelle et les gens que ça fatigue, qui continuent à produire alors qu'il n'en peuvent plus.

Michel Crépu : "Ça ne m'a absolument pas intéressé"

Olivier Adam est un brillant prosateur. On le sait depuis le début. Je me souviens de Ring, son premier livre. C'était un beau livre.

Là, personnellement, ça ne m'a absolument pas intéressé. Je rejoins ce que disait Arnaud. Il n'y a pas de musique dans ce livre. On ne sait pas ce qu'il y a exactement d'ailleurs. Peut-être que c'est en effet la fatigue de l'industrie culturelle qui fait son effet. Mais je n'ai rien senti dans ce livre, rien, rien, rien...

Olivia de Lamberterie : "Ce livre est trop propre"

Je trouve que la voix de la narratrice est assez réussie. Convaincant, je ne sais pas, en tout cas, ça sonne juste. 

Mais le problème, c'est le personnage du père. C'est donc une fille à la recherche de son père et elle ne comprend pas son père, elle ne sait pas qui il est. Mais nous non plus. Parce qu'il a voulu faire de ce personnage : Jean-Louis Murat, Dominique A, Nino Ferrer, mais aussi, Patrick Juvet, Cantat, Gainsbourg.... Tout le monde. A force d'être tout le monde on a envie de lui dire "mais choisis ton camp camarade !".

A un moment il faut qu'il nous donne à voir ou à entendre ce père. Or il est à la fois solitaire, mondain, il aime boire, il n'aime pas boire....

Donc le personnage devient totalement filandreux et totalement cliché. On a l'impression qu'il enfonce toute les portes. Il n'est jamais incarné. -Le personnage est loupé, or le livre repose quand même làdessus. 

L'autre problème qui est abordé dans le livre, c'est comment on peut être l'enfant d'une légende, d'un père mythique absent. Et ça, ça ne marche pas non plus. Ce livre est trop propre. Ça manque de bavure. Ça manque d'âme.

Jean-Claude Raspiengeas : "C'est un roman tout à fait paresseux"

Arnaud a dit qu'il n'y avait pas de musique, moi je dirais qu'il n'y a pas de mots. 

Il n'y a pas de mots, il n'y a pas de phrases. C'est un roman tout à fait paresseux. C'est un assemblage de clichés. C'est comme s'il avait pris des notes, qu'il les avait jetées sur une page. Effectivement il n'y a pas de verbes. C'est une sorte d'énumération, il n'y a pas de sujets, il n'y a pas de lieux, il n'y a pas de personnages.

Jérôme Garcin : Tu n'es pas un peu excessif là

Jean-Claude Raspiengeas : Non, non. Je l'ai repris en me disant c'est la première lecture. Je l'ai repris, c'était encore pire. Et c'est sans plaisir que je le dis. Je trouve que ce livre est inintéressant. C'est l'esquisse d'un roman qui n'a pas encore été écrit, qu'il devrait écrire.

Et puis le style, il y a un vrai problème de style.

Je suis d'accord avec tout ce que vous avez dit, mais moi je bute sur le style. J'ai vraiment du mal avec son style et l'histoire ne m’intéresse pas puisqu'elle n'existe pas. C'est un roman paresseux. C'est une histoire molle qui vous tombe des mains. 

Ecoutez l'intégralité de la séquence

Les critiques du Masque n'ont pas aimé le livre d'Olivier Adam

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