
Un homme, arrêté lundi, a été libéré et mis hors de cause dans le cadre de l'enquête sur un cas de mutilation de chevaux. La trentaine d'enquêtes ouvertes pour les faits les plus graves piétinent. Le gouvernement en appelle à la "mobilisation générale des Français".
La piste n'a pas abouti. L'homme de 50 ans, interpellé lundi matin dans le Haut-Rhin, dans l'affaire des nombreux chevaux mutilés et tués en France ces dernières semaines, a été libéré et mis hors de cause. Il était soupçonné d'avoir participé à la mutilation de deux poneys dans un centre équestre de l'Yonne. Si son dossier comportait des antécédents judiciaires en Allemagne, en lien avec des sévices sur animal, les perquisitions effectuées et les saisies de son matériel informatique n'avaient rien donné de concret, d'après les informations recueillies par France Inter.
Le dossier semble désormais mobiliser au plus haut niveau de l'État : lundi soir, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et celui de l'Agriculture, Julien Denormandie, étaient en déplacement dans l'Oise, chez une éleveuse dont les chevaux ont également été attaqués. "Nous voulions témoigner de l'immense solidarité du gouvernement à l'attention de tous ces éleveurs et famille française du cheval, du vétérinaire à l'éleveur, mobilisée pour faire avancer l'enquête", a indiqué ce dernier, assurant de la mobilisation du gouvernement pour "mettre un terme le plus rapidement possible" à la "cruauté" de cette série d'actes.
Une trentaine d'animaux concernés
Car au total, la gendarmerie recense désormais plus d'une trentaine de cas dans toute la France depuis le mois de février. "153 enquêtes sont ouvertes, dans plus de la moitié des départements de France, dont une trentaine de faits sont particulièrement graves, c'est-à-dire ayant entraîné la mort des chevaux ou des blessures très violentes", a confirmé Gérald Darmanin lundi soir. Des chevaux aux membres, aux oreilles ou aux organes génitaux lacérés.
Le ministre a d'ailleurs reconnu "ne pas comprendre les revendications" du phénomène, a appelé à la "mobilisation générale des Français" dans le monde rural pour "signaler à la gendarmerie tous les faits et les indices", rappelant qu'il ne fallait pas "se faire justice soi-même".
Motivations toujours mystérieuses
Car l'affaire inquiète, angoisse et intrigue. Pour l'instant, malgré "plusieurs interpellations depuis le début de cette série", comme l'a indiqué Gérald Darmanin lundi soir, dont celle de cet homme, dans le Haut-Rhin, dont l'implication reste encore à prouver, aucune piste concrète n'est apparue aux yeux des enquêteurs. Les investigations confiées à la procureure de Versailles, par exemple, ont du mal à avancer. Dans les Yvelines, où trois cas ont été dénombrés, aucune hypothèse sérieuse ne s'impose pour l'instant.
Mais c'est comme ça partout : malgré les patrouilles, malgré les cellules dédiées au sein de la gendarmerie, il n'y a "toujours pas d’éléments concrets", regrette le procureur de Saint-Brieuc. Dans son département, les Côtes-d'Armor, on compte une trentaine de signalements, pour quatre faits avérés. Les autres sont des blessures accidentelles ou des morts par maladie. Il y a "un tri important à faire", pour "ne pas saturer les enquêteurs", explique le magistrat. D'autant que les attaques sont disséminées sur le territoire et les modes opératoires variés.
Du côté des motivations, c'est donc aussi le grand flou. Cela ressemble à un concours, un "sale concours", souffle la procureure de Versailles. D'autres évoquent la piste d'un premier agresseur qui en aurait inspiré d'autres ; un phénomène mimétique qui aurait pu être amplifié par le relais médiatique et politique donné à cette affaire.