D'après le Cevipof, 60% des policiers ont l'intention de voter pour le Rassemblement national aux prochaines élections. Le chiffre grimpe à 74% si l'on tient compte uniquement des policiers actifs.
C'est une tendance qui se confirme, voire s'accentue. Le Rassemblement national séduit de plus en plus dans les rangs de la police, selon une enquête récente du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). En 2017, 57% des policiers et des militaires disaient avoir voté pour Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. Aujourd'hui, ils seraient 60% à avoir l'intention de donner leur voix au RN. Et le chiffre est bien plus élevé (74%) si l'on tient uniquement compte des policiers actifs.
Rien d'étonnant à cela, selon Cyril Hemardinquer. Ce policier de 38 ans a été nommé en septembre délégué départemental du Rassemblement national dans le Loiret. Il constate tous les jours le ras-le-bol de ses collègues, cibles "des attentats, de la délinquance et de la vindicte populaire". "Dès que le gouvernement prend des directives qui ne plaisent pas à une portion de la population, celle-ci s'en prend aux policiers présents. Au bout d'un moment, le policier, il en a un peu marre et se tourne vers un politique qui est prêt à prendre en compte sa détresse sur le plan humain, matériel et financier", explique-t-il.
"Aujourd'hui, c'est Marine Le Pen qui le fait, mais si c'était le PCF, peut-être que les policiers voteraient pour les communistes."
"Déception" et "fatigue professionnelle"
Luc Rouban, qui a collecté les données pour le Cevipof, dresse un constat similaire : les policiers de terrain ont le sentiment d’être des boucs émissaires. "De nombreux policiers disent qu'ils arrêtent dix fois la même personne dans la rue et que celle-ci recommence ses méfaits. Il y a un phénomène de grande fatigue professionnelle et de déception."
Marine Le Pen devrait d'ailleurs être présente mercredi à la marche organisée à Paris après la mort d'Éric Masson, ce brigadier tué sur un point de deal à Avignon. Elle ne sera pas seule : le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ou encore le communiste Fabien Roussel devraient également y participer. Car si la fatigue et la déception poussent les policiers dans les bras du RN, les autres partis entendent bien ne pas lui laisser le champ libre pour 2022. Emmanuel Macron a notamment promis de durcir les peines prononcées à l'encontre des agresseurs de policiers.