Chine : inquiétude sur le sort de plusieurs manifestants anti-confinement disparus depuis plus de trois mois
Par La rédaction numérique de France Inter
Des familles chinoises sont sans nouvelle de leurs proches, plus de trois mois après les manifestations de fin novembre 2022 organisées contre la politique zéro covid. Plusieurs jeunes femmes arrêtées par la police à Pékin font notamment partie des personnes disparues.
Que sont devenus les manifestants arrêtés par la police après les rassemblements anti-confinement organisés fin novembre 2022 dans plusieurs villes chinoises? Plusieurs milliers de personnes avaient osé descendre dans la rue à Pékin, Shanghai ou encore Wuhan pour dénoncer les restrictions sanitaires. Des manifestants avaient été arrêtés par la police, avant d’être remis en liberté, mais pas tous. Certains d’entre eux ont aujourd’hui disparu, notamment des jeunes femmes. Leurs familles n’ont plus de nouvelle.
Qu'est devenue Zhixin, manifestante de 26 ans ?
C'est le cas de cette cette pékinoise de 26 ans, rédactrice dans une maison d’édition. Elle faisait partie des manifestants, qui, feuille blanche à la main sur les bords de la rivière Liangmahe, réclamaient la fin des confinements. Arrêtée une première fois le 29 novembre, elle a ensuite été remise en liberté mais la police est revenue chez elle et le mois dernier une vidéo a été publiée sur Youtube.
Sur ces images, la jeune femme fournit des explications : "Bonjour à tous, je m’appelle Zhixin. J'ai demandé à un ami de publier cette vidéo après ma disparition. C’est a dire que quand vous verrez cette vidéo, j'aurais été emmenée par la police, comme d’autres de mes amis". Elle poursuit : "Dès le matin tôt du 29 novembre, les forces de l’ordre nous ont convoqués mes amis et moi. Nous avons passé 24 heures à la préfecture du district qui a fait un rappel à la loi. La police nous a déclarés non coupables et nous a relâchés. Alors que nous pensions que tout était fini, la police est venue chercher mes amis sous prétexte d'une arrestation criminelle. Les agents ont refusé de leur dire où ils étaient détenus, pour combien de temps et pour quels motifs. Nos mères ont dû courir partout pendant l'épidémie pour essayer d’avoir des informations. et elles veulent savoir pourquoi nous avons été emmenés par la police ? Où sommes-nous détenus ? Pourquoi cette vengeance, et pourquoi devrait-elle coûter la vie à nos jeunes ? Nous ne voulons pas être des disparus, nous voulons savoir pourquoi on nous condamne. Quelles sont les preuves ?"
Des féministes particulièrement visées
Selon Sophie, une militante des droits de l’homme de Hong Kong, la police a surtout visé des jeunes femmes diplômées , issues notamment de la mouvance féministe. Difficile de savoir combien sont aujourd’hui toujours détenues explique cette militante. "A Pékin, on sait qu’il y a au moins quatre jeunes femmes qui ont été arrêtées pour des accusations de troubles. Elles risquent des peines pouvant aller jusqu’à cinq années de prison pour celles qui n’ont jamais été condamnées. Les jeunes en Chine sont en train de payer un prix très lourd, pour avoir avoir soutenu publiquement la liberté. On devrait tous dire au gouvernement chinois de les libérer."
Nous avons contacté une avocate qui, fin novembre, avait spontanément proposé ses services pour donner des conseils aux manifestants de manière gratuite. Elle a aujourd’hui renoncé. Quant à l’employée de la maison d'édition qui avait manifesté à Pékin, l’Union européenne a officiellement demandé sa libération, avec six autres manifestants.