Chine : pourquoi la fin annoncée de l'embargo sur le bœuf est une bonne nouvelle pour la France
Par Dominique André
L'embargo chinois sur le bœuf français n'est plu. Après 17 ans, la France vient enfin de ratifier lundi un accord en vue d'un retour de la viande bovine sur les terres de l'Empire du milieu. Une aubaine pour les éleveurs français dans un pays qui importe près d'1,5 million de tonnes de viande de bœuf par an.
La levée de l'embargo sur le bœuf français était déjà l'un des principaux objectifs de la visite d'Emmanuel Macron en Chine en janvier dernier. Le président y avait obtenu la garantie d'une levée de de l'embargo "dans les six mois" et une bien belle promesse pour les éleveurs français. En place depuis 2001 et la crise de la vache folle, l'embargo fermait aux Français la porte d'un marché gigantesque où la viande bovine est devenue reine. En visite depuis quatre jours au pays de Xi Jinping, Edouard Philippe, le Premier ministre français, a paraphé lundi midi une dizaine d'accords sur les volets économiques et environnementaux, dont la réouverture du marché bovin reste certainement la plus belle victoire. Mais pourquoi est-ce une si bonne nouvelle pour la filière bovine française ?
La Chine, 2e importateur de bœuf au monde
Avec près de 700 millions de tonnes de viande bovine importée en 2017, soit 20 % de hausse par rapport à 2016, la Chine est l'un des plus gros importateurs et consommateurs de bœuf au monde. Si le porc reste la viande de prédilection des Chinois, la classe moyenne, elle, est affamée de viande rouge, du fait de la hausse générale des revenus et de l'occidentalisation des modes de vie. Avec la fin de l'embargo, l’objectif affichée est de mieux coller aux nouvelles habitudes alimentaires de la première population mondiale.
D'autres pays que la France se sont d'ailleurs déjà positionnés sur le sujet, comme l'Argentine, le Brésil, l'Australie ou encore les Etats-Unis. Après 14 ans d'embargo, le pays de Donald Trump a pris les devants en signant un accord sur le retour de la viande américaine en juin 2017. Cinq mois plus tard, lors de la visite du président américain à Pékin, JD.com, le numéro 2 chinois du e-commerce, avait passé une commande record de bœuf et de porc américain, pour un total de 1,2 milliard de dollars.
La France, qui abat 1,5 millions de tonnes de viande bovine par an, espère quant à elle fournir au moins 30 000 tonnes par an dans un pays qui en consomme à raison de 4 kilos par personne et par an. En mai dernier, sept usines françaises avaient fait l'objet d'une inspection par de potentiels acheteurs chinois en vue de ratifier d'éventuels accords . Dominique Langlois, président de l'INTERVEB, l'Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes, se réjouit d'un tel succès :
Dominique Langlois se réjouit de la levée de l'embargo pour la filière bovine en France.
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La filière bovine recule en France
La France est le premier partenaire agricole de la Chine, et même si le vin et les spiritueux tricolores représentent encore 50% des exportations agricoles françaises vers la deuxième économie mondiale, Paris veut les diversifier, notamment pour résorber l’énorme déficit commercial (30,4 milliards d’euros en 2016) que la France enregistre avec la Chine. La levée de l'embargo arrive donc à point nommé.
De plus, la filière bovine enregistre un net recul ces dernières années sur le territoire national, du fait des changements de modes de consommation. Avec l’avènement du végétarisme ou du veganisme, la France enregistre une baisse non-négligeable de sa consommation de viande, soit l'équivalent de 5% en un an.
En Chine, en proie à de nombreux scandales alimentaires, la qualité réputée de la viande française pourrait être un avantage certain pour les éleveurs, fragilisés en France par la fluctuation des cours de la viande et des coûts de production importants. Selon les annonces faites par le gouvernement, les premiers conteneurs de viande bovine devraient arriver en terre chinoise d'ici septembre.